« 1000 pauvres de plus par jour » titrait l'Humanité le 3 Mars 2006, bientôt imité par le
quotidien La Croix du 8 Mars qui faisait sa une sur l'état de la pauvreté en France, nous rappelant
l'actualité et la persistance de cette question. Malgré une richesse moyenne satisfaisante, il existe
toujours une part irréductible (10% environ) de pauvreté. Faire l'inventaire de la pauvreté relève
toujours d'une tâche ardue, étant donné les difficultés à définir celle-ci. En effet, les « pauvres »
forment un groupe hétérogène, dont on a l'habitude de distinguer deux catégories, la pauvreté et
la « grande pauvreté ». Notre dossier s'attachera plus particulièrement à l'étude de la grande
pauvreté, c'est-à-dire à l'absence ou l'insuffisance de moyens convenables à la satisfaction des besoins considérés
comme essentiels d'un agent économique.
Il nous est apparu intéressant de se pencher sur un phénomène récurent dans la société
française, mal connu car peu étudié. La misère, cette réalité que nous côtoyons quotidiennement
et qui semble pourtant relever d'un autre monde, méritait selon nous une étude approfondie de
ses formes, de sa mesure, de ses causes et conséquences mais aussi de ses liens (quand ils existent
encore) avec le restant de la société et les pouvoirs publics.
Même si, au fil des siècles, la perception et la manière d'appréhender la pauvreté évoluent,
les 10% évoqués précédemment restent une constante difficilement explicable : Comment
comprendre, alors même que la société française ne cesse de s'enrichir et que de nombreuses
tentatives de réduction de la pauvreté (aussi bien privées que publiques) ont été mises en place, la
permanence de ce phénomène ?
Il convient tout d'abord de s'interroger sur l'évolution de l'image que renvoie le vagabond
depuis la chrétienté jusqu'aux bouleversements de la Révolution Industrielle qui représente une
césure dans l'Histoire de la pauvreté. En effet, l'apparition d'un phénomène nouveau qu'est le
paupérisme entraîne une augmentation significative de la part de la pauvreté et une réelle
modification de ses formes, contraignant, par là même, l'Etat à repenser ses modes d'action.
Enfin, le XXème siècle qui croit assister à la disparition de la pauvreté fait face d'une part à la
persistance de la misère à travers les S.D.F et d'autre part à l'émergence d'un mal nouveau : la
précarité.
[...] C'est le problème que va soulever la mesure la pauvreté: peut on considérer qu'une augmentation de 100 euros du revenu constitue une réelle amélioration du niveau de vie? D'où la mise en place d'autres outils quantitatifs de la pauvreté telles que la mesure selon un minimum calorique ou, plus souvent selon la non-satisfaction des besoins essentiels. En Irlande, on calcule la basic deprivation soit en français à la privation de base elle correspond aux critères suivants : ne pas pouvoir se chauffer, ne pas avoir un repas substantiel par jour, une repas avec viande ou poisson tous les deux jours, ne pas pouvoir acquérir des vêtements neufs, ne pas avoir un pardessus chaud, deux paires de chaussures solides, ne pas pouvoir avoir un déjeuner de famille ou entre amis une fois par semaine, connaître des arriérés de paiement ou des dettes dans les dépenses ménagères quotidiennes. [...]
[...] Les bouleversements du XIXème : Révolution Industrielle et paupérisme. Qui sont les pauvres ? L'hégémonie de l'économique sur la vie sociale semble s'instaurer progressivement au cours des siècles et bouleverser complètement la vision portée par la société sur ses pauvres, puisqu'ils ne sont pas productifs. L'étude de la pauvreté est une chose difficile, c'est en effet un phénomène multidimensionnel dont les données, les témoignages et analyses sont rares. D'où la mise en place d'une définition quantitative de la pauvreté dite relative puisque calculée par rapport à une moyenne nationale. [...]
[...] Parfois le pain est l'unique repas pendant plusieurs semaines. La consommation de viandes avariées, ou des célèbres arlequins les arlos forment également le repas du pauvre. - Il est d'usage aussi de se procurer les restes de restaurants morceaux de viande déjà mâchés qui sont revendus!). - Une autre solution reste le vol de nourriture (cf Jean Val Jean dans Les Misérables). Pour ce qui est de l'hygiène, les rares ouvrages sur la pauvreté du XIXème mettent en avant la saleté, le piteux état des vêtements, la "puanteur du pauvre" vermine et moi, c'est cousin cousine" commente un vagabond). [...]
[...] La pauvreté absolue volontaire est valorisée car elle permet de se rapprocher de Dieu. La charité est un bien, la sainteté naissant des bienfaits aux pauvres. L'Eglise catholique joue alors un rôle central. Les pauvres s'attroupent à la porte des Hôtels-Dieu et des aumôneries où l'on distribue des vivres et des vêtements. Le pauvre est reconnu et pris en compte comme le montre l'action de Saint Vincent de Paul et de Louise de Marillac qui plaident pour une surveillance, un soulagement, une réglementation et un encadrement du sort des pauvres. [...]
[...] François Ier met au point une taxe des parisiens pour financer les hôpitaux, ceux-ci bénéficient aussi du produit de la loterie nationale et du "droit des pauvres". Même si certaines formes d'assistance voient le jour, la répression domine. Au XVIème siècle, de nombreuses ordonnances sont adoptées contre la mendicité. Au XVIIème siècle, l'enfermement dans des maisons spécialisées devient la règle (en mendiants sont enfermés à l'Hôpital général de Paris; ils sont 10000 en 1662). L'hôpital joue un rôle intermédiaire, entre répression et assistance, il n'est à l'époque qu'un cache misère. On décide d'en construire un dans chaque ville du Royaume. [...]
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