En 2000, près d'un fils d'ouvriers sur deux est devenu comme son père un ouvrier pendant que 41.5 % d'enfants de cadres et professions intellectuelles bénéficiaient du mécanisme de la reproduction sociale selon lequel il existe une similitude entre origine sociale et position sociale. La structure sociale française surtout à ses deux extrémités semble toujours aujourd'hui, en 2011, quelque peu figée. Trop d'enfants encore ressemblent à leur père.
Nous pourrons citer de célèbres exemples pour illustrer ce phénomène de reproduction sociale très courant : Thomas Dutronc a, à la manière de son père Jacques Dutronc et de sa mère Françoise Hardy, embrassé une carrière musicale, Jean Sarkozy a, comme son père, débuté une carrière politique et a bien failli être nommé à la tête de l'EPAD. Fruit du hasard ? D'un don inné transmis ? Ou plus sérieusement d'un ensemble de capitaux dont ils ont pu bénéficier pleinement ? Ce phénomène trouve cependant de tout aussi célèbres contre-exemples comme celui d'Omar Sy qui vient d'une famille de classe populaire avec une mère femme de ménage, un père ouvrier et habitant dans la banlieue de Trappes. Il connait une mobilité sociale ascendante, changement de position social d'un individu, il devient humoriste, acteur et enfin obtient la consécration pour sa prestation dans le film Intouchable dernièrement. Ses origines sociales ne sont donc pas reproduites contrairement à certains « fils de ».
[...] Alors si l'école est aussi organisée selon les principes de l'égalité des chances, nous pouvons nous demander si l'origine sociale n'exerce pas une influence déterminante sur la future position sociale. La place occupée par un individu dans une société dépend-elle uniquement des qualités individuelles ? Nous pouvons donc nous demander si l'influence de l'origine sociale dans la société française reste un facteur essentiel de la position sociale de l'individu. Et s'il existe des possibilités pour échapper à sa destinée sociale ? [...]
[...] Alors qu'elle serait censée permettre plus d'égalité des chances pour l'accès à une position sociale plus élevée, l'école française semble reproduire les inégalités existantes entre enfants des différentes PCS, à travers de criantes inégalités scolaires. Une affirmation s'impose à nous dès que l'on commence à étudier le fonctionnement de l'école en France. L'école ne fonctionne pas selon le modèle de l'égalité des chances, en organisant une juste concurrence pour des compétiteurs mis dans une situation d'égalités. En effet l'offre scolaire entérine souvent les inégalités sociales entre élèves. Dans les établissements populaires, les enseignants sont moins expérimentés et moins qualifiés, la stabilité des équipes éducatives est moins forte, les progressions scolaires moindres. [...]
[...] Les conditions de vie et donc de travail ne sont pas les mêmes selon les revenus des parents. Une autre illustration que l'on pourrait utiliser pour représenter cette inégalité de traitement entre les différents enfants selon leur milieu social se trouve dans l'affiche se trouvant à la page 335 de notre livre où l'on voit une petite fille vivant dans 12 m avec toute sa famille et essayant de faire son travail. Il est clair qu'ici cette enfant n'a pas les mêmes chances de réussite que les autres, cela du au capital économique déficient de ses parents. [...]
[...] Il apparaît que la famille agit comme une entité décisive dans les choix que fait un individu concernant son parcours scolaire, qui présidera par la suite à sa destinée sociale. Ainsi l'origine sociale d'un individu semble indirectement présider aux choix qu'accomplit ce dernier. Son pouvoir de choisir lui même est altéré par les stratégies que sa famille met en place le concernant. Ainsi le fait qu'un individu ne poursuive pas de longues études peut être dû à une décision concertée, rationnelle des parents d'un individu qui par la suite se laissera convaincre du bien-fondé des arguments mis en avant pour justifier ce choix. [...]
[...] L'emploi se faisant de plus en plus rare, notamment pour les jeunes, le diplôme symbolisait un sésame pour accéder au monde du travail. Les individus ont donc considérablement revu leur approche face aux études, pour se lancer dans une quête en vue d'obtenir le diplôme le plus élevé possible, car ce dernier est devenu la variable déterminante pour accéder aux positions sociales les plus confortables. Pourtant l'augmentation du nombre de diplômes a des effets pervers et ne garantit pas forcément une promotion sociale. [...]
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