Le terme « mouvement social » ne regroupe pas toutes les formes d'action collective.
Le terme « mouvement social » signifie la combinaison d'une campagne, d'un répertoire d'action collective et une démonstration de « WUNC » (terme que nous allons définir ci-après).
Par « campagne », il faut entendre « un effort public collectif soutenu et organisé à construire des revendications dirigées vers les autorités ». Une campagne regroupe toujours trois types d'acteurs : le groupe d'acteurs portant les revendications, l'objet des revendications et le public.
Le « répertoire » est l'ensemble des formes d'actions politiques utilisées par le mouvement : création d'associations à but précis, coalitions, réunions publiques, processions solennelles, rassemblements, manifestations, pétitions, déclarations aux médias et médiatisées, création et diffusion de brochures. Le répertoire d'action collective des mouvements sociaux se caractérise par l'utilisation de formes d'action telles les réunions publiques, les marches, et d'autres formes d'actions qui existaient individuellement bien avant leur combinaison aux mouvements sociaux.
Le terme « démonstration de WUNC » (traduction du terme « WUNC displays ») correspond aux représentations publiques des participants : ce que nous avons choisi de traduire par « notabilité » (Worthiness), unité (Unity), nombre (Number), et engagement (Commitment) de la part des participants eux-mêmes et/ou de leurs supporters.
[...] On doit distinguer d'une part plusieurs trajectoires possibles des mouvements sociaux, sur plusieurs échelles. Un axe allant de la croissance au déclin, un autre du local au global. On doit admettre que le siècle apportera de nouveaux programmes, de nouvelles identités et de nouvelles revendications que les premières années de ce siècle laissent inimaginables (on peut imaginer la constitution d'un mouvement social pour la reconnaissance de la citoyenneté des animaux). Les répertoires eux aussi évolueront. On peut prévoir certains scénarios aux conséquences diverses : Le déclin des Etats laisse imaginer la formation de liens instantanés entre mouvements régionaux et internationaux, à l'image des mouvements en faveur de la revendication des droits des indigènes. [...]
[...] En réalité, il semble que lorsque de nouveaux acteurs politiques apparaissent sur la scène des mouvements sociaux, l'affirmation identitaire est cruciale pour espérer gagner un public, constitué dans les démocraties des électeurs, des candidats aux élections et des alliés potentiels des mouvements. La distinction entre identité et intérêt devient alors caduque. II. L'évolution historique des mouvements sociaux A. Des mouvements sociaux différenciés selon les contextes spatio- temporels Les mouvements sociaux et leur forme changent selon les cultures régionales et nationales: les chants, slogans, symboles et tenues utilisés varient et sont choisis selon les pratiques préexistantes au mouvement social qui se les approprie afin d'être entendu et compris dans le contexte géographique et historique dans lesquels ils se forment. [...]
[...] Qu'en est-il de l'impact causal direct des mouvements sociaux sur la démocratie et la démocratisation ? Il faut se rappeler sur ce point que certains mouvements sociaux peuvent avoir des revendications antidémocratiques (discrimination raciale, religieuse ou communautaire par exemple). Les mouvements sociaux créent des pratiques et des opportunités nouvelles pour des acteurs précédemment interdits de participation politique, ils permettent à des minorités de créer des alliances avec des acteurs extérieurs au champ politique ou bien participant à celui-ci (membres des parlements, etc.). [...]
[...] Aujourd'hui, on assiste à une internationalisation des mouvements sociaux, concomitante à la globalisation que connaît le monde depuis peu. La mondialisation du dix-neuvième siècle a consolidé l'Etat, celle de la fin du vingtième siècle a diminué la force centrale de l'Etat, même les puissants USA ne parviennent pas à bloquer la contrebande, les migrations illégales et les flux de capitaux. Nations unies, Médecins sans frontières, OTAN : les USA, qui avaient encouragé au début de telles organisations transnationales, n'ont plus la capacité de les diriger ni de les contrôler. [...]
[...] Les mouvements sociaux tirent un avantage certain de la démocratisation mais ne la promeuvent pas nécessairement. On peut sur ce point considérer que les mouvements sociaux encouragent la dedemocratization : concernant l'internationalisation croissante des mobilisations contemporaines, on peut légitimement se soucier d'un accès plus sélectif aux ONG, organisations de mouvements sociaux internationales (ISMO) et aux moyens de communication électroniques qui auraient pour conséquence d'introduire des inégalités nouvelles dans les politiques publiques internationales et donc d'engendrer une dedemocratization Si on ajoute à cela que les gouvernements nationaux perdent le pouvoir de mettre en œuvre les programmes des mouvements sociaux, la démocratie peut à l'avenir décliner au niveau national. [...]
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