La notion de justice sociale aujourd'hui, à partir du travail de Marc Fleurbaey

Résumé du document

Le 25 septembre 2009 Nicolas Sarkozy a présenté une série de mesures en faveur de l'intégration dans la vie active et l'autonomie des plus jeunes (18-25 ans), une des catégories de la population les plus sévèrement touchées par la récente crise économique. Une des mesures de ce nouveau « plan jeune » est l'extension du Revenu de Solidarité Active (RSA), initié par Martin Hirsh et généralisé à l'ensemble du territoire français le 1er juin 2009. Le nouveau plan jeune s'inspire également du rapport Foucauld-Roth de 2002 qui s'intitule Pour une autonomie responsable et solidaire. Ces exemples d'actualité montrent l'intérêt croissant des thèmes de l'autonomie des individus, du droit à mener une vie normale et du droit à la dignité.

Ces problématiques sont au cœur du travail de Marc Fleurbaey, directeur de recherche au CNRS, plus précisément au Centre de Recherche Sens Ethique Société (CERES). Sa double compétence de philosophe et d'économiste lui permet d'adopter une approche philosophique sur des problèmes sociaux et économiques, et vice versa. Son ouvrage Capitalisme ou démocratie ? L'alternative du XXIe siècle, à la fois court et synthétique, reprend l'essentiel de ses thèses plus amplement développé dans un de ses autres ouvrages : Justice sociale et éthique individuelle. Parmi les idées centrales se trouve le principe d'égale autonomie des individus dont la définition est le résultat d'un questionnement des notions d'égalité et d'équité qui divergent selon les penseurs (Chapitre I : Refonder l'économie). Puis, Marc Fleurbaey expose les implications politiques et institutionnelles de son principe d'autonomie (Chapitre II : Approfondir la démocratie) avant de se focaliser sur la question des conséquences sur la sphère économique et marchande (Chapitre III : Apprivoiser l'échange).
La réflexion de Fleurbaey s'inscrit dans un contexte paradoxal où « la passion [traditionnelle] des sociétés démocratiques pour l'égalité » (Tocqueville) se heurte de plus en plus à l'idée que des inégalités peuvent être acceptées. Marc Fleurbaey revient sur l'origine d'une telle idée reçue et combat ses insuffisances.

Extraits

[...] L'allocation égalitaire des ressources est la meilleure répartition possible. Cette idée fait de Rawls un philosophe égalitaire mais a admis que l'égalité absolue n'est pas souhaitable si elle doit amener à un nivellement vers le bas. Bien que simple crainte de la part de Rawls, cette peur du nivellement par le bas semble être un obstacle psychologique à penser l'égalité. Comment un tel processus de nivellement vers le bas est-il possible ? Imaginons un système de redistribution qui égalise parfaitement les revenus des individus. [...]

[...] En effet une démocratisation du capitalisme serait souhaitable pour détruire le dernier bastion de l'autoritarisme (hiérarchie rigide, obéissance La dynamique inclusive (personne n'est laissé de côté, ni dominé) du principe d'égale autonomie et du principe démocratique fondamental qui en découle, serait un moyen de rendre le capitalisme moins dommageable, notamment envers les plus défavorisés. Il s'agirait de rendre cette forme particulière d'économie de marché qu'est le capitalisme, plus juste et acceptable dans le cadre de sociétés démocratiques. Le principe d'égale autonomie suppose que tout un chacun puisse prendre part aux décisions qui le concernent (lui tout seul ou lui et d'autres). Il s'agit d'augmenter le pouvoir qu'un individu sur le cours de sa vie. [...]

[...] Les différences entre individus/groupes culturels doivent pouvoir s'exprimer. Il ne s'agit pas d'un mode de vie unique et conforme pour tous mais au contraire de permettre à chaque individu de mener la vie qu'il veut réellement dans tous les aspects possibles de la vie (relations sociales, économiques . ) Rawls et Dworkin préconisent l'égalité des ressources (semblable à l'égalité des chances). En pratique il s'agit de chercher à maximiser la quantité de ressources mise à la disposition des plus démunis. [...]

[...] Pour Marc Fleurbaey, le capitalisme, qui n'est qu'une forme particulière d'économie de marché, doit prendre garde à la pulsion démocratique qui habite chaque individu. Cette pulsion est le reflet du besoin spontané d'autonomie et de dignité. La marche irrésistible de l'exigence démocratique (Tocqueville) ébranle les caractéristiques autoritaires et invite à un dépassement de ce mode de production vers plus de liberté et d'autonomie pour les différents acteurs économiques. Marc Fleurbaey ne remet pas directement en cause la mondialisation économique souvent présentée comme source de tous les maux contemporains. [...]

[...] La notion de justice sociale aujourd'hui, à partir du travail de Marc Fleurbaey Le 25 septembre 2009 Nicolas Sarkozy a présenté une série de mesures en faveur de l'intégration dans la vie active et l'autonomie des plus jeunes (18-25 ans), une des catégories de la population les plus sévèrement touchées par la récente crise économique. Une des mesures de ce nouveau plan jeune est l'extension du Revenu de Solidarité Active initié par Martin Hirsh et généralisé à l'ensemble du territoire français le 1er juin 2009. [...]