La société canadienne s'est dès ses origines articulée entre deux modèles différents et concurrents. Ce fort dualisme linguistique et culturel qui remonte aux conflits entre colonisateurs français et anglais a ainsi structuré la société et très rapidement avec l'accroissement des flux migratoires au XIXème puis au XXème siècle, l'expression « pluralisme culturel » (Juteau et Shemerhorn) a été employée pour désigner ce phénomène de diversification ethnique, culturelle et religieuse.
Tout l'enjeu des responsables politiques a alors été de bâtir une cohésion nationale à partir d'une mosaïque de peuples et de traditions. Pour mener à bien cet objectif et en réponse à des conflits identitaires de plus en plus prégnants notamment au Québec, le Premier ministre canadien Pierre Elliot Trudeau propose en 1971 une politique multiculturelle d'intégration nationale sur recommandation d'une Commission royale (...)
[...] Cette dérive du multiculturalisme canadien aurait sans doute pu être évité, ou au moins limitée, si la constitutionalisation de la notion avait été accompagnée d'un document officiel indiquant clairement la non- négociabilité de certains principes fondamentaux tels que l'égalité homme/femme ne sont en aucun cas négociables. C'est ce qu'a fait l'Australie et de ce point de vue, son multiculturalisme est un plus grand succès. Enfin, signalons que le procès fait au multiculturalisme ne doit pas caché une menace plus grave sur le long-terme pour la société canadienne qui est l'incapacité du pays à conclure une entente entre ses minorités nationales non-immigrantes. Bibliographie : H. BERTHELEU, La politique canadienne du multiculturalisme : citoyenneté, accommodements institutionnels et équité, in Société contemporaines, p.31- D. [...]
[...] Le gouvernement invite à ne plus célébrer la fête de Noël, mais à participer à des célébrations dites du solstice d'hiver Des hassidim, une communauté juive, paient la pose de vitres teintées dans une salle de sport pour éviter que leurs enfants qui passent régulièrement dans la rue ne voient des femmes en tenues décontractées et transpirantes faire du sport. L'année suivante, certains élèves sont dispensés de cours de musique, la pratique de certains instruments étant proscrite par le Coran. Concernant les demandes de changement des horaires d'examens pour des motifs religieux, elles sont en général acceptées. Les demandes visant à programmer des leçons de natation séparées pour des raisons religieuses sont à l'inverse refusées. [...]
[...] Les souverainistes québécois ripostent en critiquant une politique fédérale de soumission des minorités culturelles à l'english conformity et face au multiculturalisme taxé de discours mystificateur, ils développent leur propre politique d'intégration : la convergence culturelle L'utilisation du multiculturalisme à des fins de politique intérieure est enfin également dénoncée dans le cadre d'une politique électoraliste visant à séduire les élites migrantes pour rapporter de nouveaux suffrages. En conclusion, le multiculturalisme canadien est à bien des égards une réussite. Il est globalement parvenu à intégrer les minorités ethniques issues des vagues d'immigration successives, ce qu'il continue à faire puisque le Canada est aujourd'hui le pays du monde où l'immigration rapportée à la taille du pays est la plus intense. [...]
[...] Dans la lignée de ce jugement fondateur, plusieurs autres cas d'accommodements raisonnables se succèdent au cours des années suivantes. En 1990, la ville d'Outremont autorise une communauté juive à installer un érouv (clôture symbolique qui facilité l'interdiction de sortir dans des espaces publiques avec certains objets imposée aux juifs orthodoxes par l'élargissant du domaine privé à l'ensemble d'un quartier). Retiré en 2000 à la suite de plaintes, le dispositif est réinstallé dès l'année suivante après que la Cour suprême ait confirmé qu'il répondait aux critères d'un accommodement raisonnable. [...]
[...] Sur le fond, aucune critique n'est adressée aux accommodements raisonnables, la Commission attribuant le malaise à un problème de perception provoqué par la surmédiatisation d'affaires qui restent isolées. Tous les cas relatés ne sont pas au sens propre des accommodements raisonnables. Par ailleurs, les décisions controversées ne sont pas toujours celles de tribunaux. On constate que la judiciarisation des différends culturels a agit profondément sur les mentalités. Des gens s'autocensurent par crainte de froisser certaines minorités, ce qui finit par engendrer des frustrations et des tensions. Cette dérive conduit donc inéluctablement à une remise en cause du modèle canadien. [...]
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