Trois interrogations personnelles issues de nos expériences respectives en Assistance Educative en Milieu Ouvert (AEMO) et Assistance Educative Renforcée à Domicile (AERD) se sont croisées dans le cadre de stages à l'Association pour la Protection de l'Enfance et de l'Adolescence (APEA). La première s'appuie sur une expérience de stage en AERD. Le travailleur social intervient auprès de familles demandeuses d'aide mais qui paradoxalement peuvent opposer une résistance lors de la mise en œuvre de la mesure.
La seconde porte sur une expérience en AEMO judiciaire où l'aide est imposée par un tiers le juge de enfants. La difficulté majeure étant régulièrement d'obtenir l'adhésion de la famille.
La troisième expérience en AEMO judiciaire s'interroge sur la nature de l'adhésion lorsqu'elle est présente. Lorsqu'il y a adhésion, est-elle « pleine et entière » ou de « façade » ? De fait, comment le travailleur social se positionne t'il ?
Dès lors, nous avons pu constater que quelle que soit la nature de la mesure (judiciaire ou administrative), l'adhésion de la famille est recherchée par le travailleur social pour pouvoir travailler à un changement. Adhésion qui ne va pas de soi.
Comment le travailleur social et la famille sont-ils pris dans une relation complexe et paradoxale où cohabitent la nécessaire adhésion et la contrainte inhérente au cadre ?
[...] Exemple d'une situation de stage en AEMO : Une mesure d'AEMO, concernant l'enfant que nous appellerons Manon, est ordonnée par le juge des enfants suite à un signalement émanant de l'école de cette dernière. Par le biais de ce signalement, l'école informe le juge des enfants que Manon présente des problèmes d'hygiène importants, des troubles de l'alimentation, de la concentration et des retards sur le plan psychomoteur ainsi que dans l'élocution. Suite à ces informations, le magistrat convoque la mère de cet enfant en audience qui incriminera l'équipe pédagogique de l'école en les traitant de menteurs. [...]
[...] Notre situation, en tant que travailleur social, dans ce jeu est tout aussi paradoxale que celle des familles. Nous sommes donc tentés de faire comme si la personne voulait vraiment notre aide et nous apercevoir qu'elle n'a voulu celle-ci que parce qu'il s'agissait de la seule porte de sortie et donc de mettre nous-mêmes le processus d'aide en difficulté sinon à le rendre impossible en restant constamment suspicieux. La systémie tend à démontrer qu'il nous faut passer outre ce raisonnement. [...]
[...] Il émerge très souvent un paradoxe fondamental inhérent à l'aide sous contrainte ou fortement incitée : le travailleur social se trouve en situation d'avoir à aider quelqu'un qui ne demande pas d'aide ou qui en fait la demande sous une influence extérieure. Le dictionnaire Larousse définit l'adhésion comme une approbation réfléchie, un accord, agrément ou assentiment. Nous avons vu plus haut que dans les deux mesures, l'adhésion de la famille à la mesure d'assistance éducative ne va pas de soi. Cette mesure, qu'elle soit administrative ou judiciaire, s'exerce sur un fond de contrainte. Dans les deux cas, la mesure d'aide éducative consiste en une forme d'aide imposée qui introduit la notion de contrainte. [...]
[...] La différenciation entre une demande incitée et une demande volontaire : L'origine de la demande d'aide détermine le degré d'adhésion de la famille. Si celle-ci est incitée ou fortement conseillée par l'assistante sociale à la famille, cette dernière agira plutôt par contrainte que par volonté libre. Exemple issu d'une situation de stage dans une association prestataire de mesure AERD, pour le Conseil Général : Une mère de 6 enfants a signé, avec l'Agence de Solidarité, un contrat de demande d'une mesure AERD, du fait de ses difficultés avec ses enfants les plus grands (de et 14 ans). [...]
[...] C'est embêtant, je rate les rendez-vous avec l'éducateur . L'institution : Ses enfants sont vraiment en difficultés scolaires et elle n'a pas l'air de s'en préoccuper, elle ne va jamais aux réunions éducatives des enseignants et de la Direction du collège ! Madame D. On ne se comprend jamais pendant les réunions avec le collège : ils sont 3 ou 4 à me dire que ça ne va pas, que mes enfants ont des mauvais résultats, se comportent mal et arrivent en retard Je ne sais jamais quoi leur répondre. [...]
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