Dans les sociétés industrielles, l'activité économique est au coeur de la vie sociale, structure l'espace social : le statut social de chacun et son revenu, dépendent largement de sa situation vis à vis de l'emploi.
Cette logique a trouvé son apogée avec la consolidation du salariat pendant les Trente glorieuses. La disparition du chômage et la sécurité de l'emploi permettait de limiter la question sociale à celle de la réduction des inégalités économiques. Les politiques sociales consistaient alors surtout en une extension de la protection sociale.
Ce n'est que dans les années 1980 qu'apparaît la problématique dite de la « nouvelle pauvreté » liée au chômage de masse et à la précarisation des emplois, à laquelle on essaie de répondre avec des dispositifs nouveaux (RMI). Dans les années 1990, les sociologues imposent la notion d'exclusion (S. Paugam, R. Catsel) pour rendre compte du phénomène de rupture des liens (professionnels et familiaux notamment) qui, unissant les individus, forment le ciment de la société.
[...] La conséquence la plus directe du chômage est la perte de revenu. Or, les sociétés modernes sont des sociétés productivistes et matérialistes dans lesquelles chacun affiche son rang par sa consommation. Les chômeurs sont donc privés de ce facteur d'intégration qu'est la capacité à avoir un niveau et une structure de consommation conformes aux normes sociales en vigueur. Le même problème se pose pour les travailleurs pauvres, dont le nombre a fortement augmenté depuis les années 1990 sous l'effet du développement du travail à temps partiel. [...]
[...] Or, la répartition sexuelle des rôles sociaux reste marquée par les schémas traditionnels selon lesquels il incombe à l'homme de subvenir aux besoins de la famille. La plupart du temps, dans un couple, le chômage est encore plus mal vécu lorsqu'il touche l'homme. La galère financière et les difficultés psychologiques déchirent les couples, ce qui explique pourquoi Marciane Pierre constate que les exclus subissent outre une rupture professionnelle ( une rupture avec leur famille que les adultes ( ) ont perdu leur conjoint et que les jeunes ne veulent pas alerter leur famille par honte de leur situation Cela explique aussi que les familles monoparentales, dont le parent est plus souvent une femme, sont surreprésentées parmi les allocataires du RMI. [...]
[...] En cas de chômage, l'achat à crédit du logement, qui pouvait unir un couple dans un projet à long terme, peut rapidement se transformer en surendettement et contraindre la famille à déménager vers des logements moins confortables, dans des quartiers plus défavorisés où ont été relégués d'autres exclus (ghettoïsation). Par ailleurs il devient impossible de maintenir le train de vie antérieur ce qui force la famille à se replier sur elle-même, à limiter ses fréquentations. Les enfants à leur tour doivent renoncer à suivre le standard de consommation de leurs camarades. A ces difficultés financières, s'ajoutent des difficultés psychologiques. [...]
[...] Cela peut-être l'intégration à une culture d'entreprise l'esprit maison ou au contraire, l'intégration syndicale (conscience de classe Ceux qui sont privés d'emploi perdent donc leur place de la société, n'ont plus de statut ni d'identité dans cet espace social, ont le sentiment d'être pris dans un engrenage menant à l'inutilité sociale ainsi que le dit Serge Paugam. Leur sociabilité est réduite et ils ne peuvent aux participer et se reconnaître dans les solidarités et les actions collectives qui naissent du travail. Le problème se pose aussi pour les travailleurs précaires qui ne sont jamais assez longtemps dans le même emploi pour que ces liens se tissent. D . et génère un dualisme de la société : La logique capitaliste consiste à produire des richesses le plus efficacement possible pour générer du profit. [...]
[...] La dégradation du marché du travail . Le chômage a commencé à augmenter fortement en France à partir de 1974. Un chômage durable s'est alors installé, fluctuant de 9 à des actifs ( début 2005) auxquels il faut ajouter un nombre important de chômeurs déguisés en inactifs non recensés (chômeurs découragés par exemple). Ce chômage de masse se caractérise par le fait qu'il est concentré sur des fractions plus vulnérables de la population active : jeunes, femmes, moins diplômés, ouvriers et employés, travailleurs immigrés. [...]
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