Grands ensembles jugés inhumains, problèmes d'insécurité, quartiers sensibles, «France d'en bas »…, nombreux sont les termes qui renvoient à la ségrégation de catégories défavorisées de la population dans certains quartiers, certaines banlieues. Mais contrairement aux idées reçues, les fractures territoriales n'opposent pas les quartiers difficiles aux autres territoires, pas plus qu'elles ne séparent une minorité d'exclus d'une majorité de personnes bien intégrées.
La réalité est tout autre : affaissement du modèle d'intégration sociale hérité des Trente glorieuses, accentuation des inégalités au détriment des couches populaires, ouvriers et employés toujours majoritaires. Ces mutations sociales sont d'autant plus violentes qu'elles se doublent d'une réorganisation des territoires à partir d'un modèle très ségrégatif. Choisie ou subie, la ségrégation socio-spatiale est accentuée par différents mécanismes.
Quels sont alors ces mécanismes qui renforcent cette ségrégation socio spatiale ?
[...] Enfin, on peut s'attendre à l'existence d'une dimension socio ethnique. On a déjà vu l'association des immigrés de l'Afrique et de l'Asie à la première dimension caractérisée comme socio-économique. Néanmoins, on peut identifier une dimension qui peut être interprétée comme une dimension ethnique à dominante sud-européenne dans la plupart des aires urbaines. Les immigrés de l'Europe du Sud sont généralement concentrés en banlieue. En ce qui concerne les immigrés des autres pays, ce groupe est souvent associé au statut social. [...]
[...] (Atlas des nouvelles fractures sociales en France, Christophe Guilluy, Christophe Noyé, éditions Autrement). Dans ce contexte pour les ménages aux revenus modestes à intermédiaires, l'accession à la propriété suppose de s'éloigner des centres-villes pour acheter une maison ancienne à rénover ou, le plus souvent, une maison récente, dans un lotissement périurbain. Cette évolution tend à dessiner une géographie sociale opposant les centres denses d'immeubles collectifs occupés par les ménages aisés, aux périphéries de maisons individuelles occupées par des catégories plus modestes. [...]
[...] Alors que le américain représente l'élite de la gauche américaine, le français relève d'une réalité socio urbaine : l'arrivée d'une nouvelle petite bourgeoisie dans les quartiers populaires des grandes villes qui défend multiculturalisme et mixité. La seconde dimension socio démographique est le statut familial. Elle se caractérise par la distinction des quartiers qui se caractérisent par la présence des jeunes familles avec au moins un enfant de moins de 6 ans et des personnes ayant entre 25 à 35 ans sur l'un côté et des quartiers se caractérisant par des personnes ayant entre 45 et 55 ans sur l'autre côté. [...]
[...] Cette organisation reste visible aujourd'hui car le logement social s'est principalement développé dans les anciens quartiers ouvriers, assurant ainsi jusqu'à aujourd'hui une présence populaire. De même, les quartiers bourgeois du XIXe siècle, caractérisés par des espaces urbains valorisés et une architecture de qualité dont l'immeuble haussmannien est l'exemple type, ont conservé tous les attributs urbains et sociaux des beaux quartiers. L'opposition entre quartiers bourgeois et quartiers populaires structure également l'espace social dans les villes depuis le XIXe siècle. Elle occulte néanmoins les dynamiques qui opposent les centres et les périphéries. [...]
[...] Quels sont les mécanismes sociaux et géographiques qui conduisent à l'accentuation de la ségrégation socio spatiale ? Grands ensembles jugés inhumains, problèmes d'insécurité, quartiers sensibles, «France d'en bas» , nombreux sont les termes qui renvoient à la ségrégation de catégories défavorisées de la population dans certains quartiers, certaines banlieues. Mais contrairement aux idées reçues, les fractures territoriales n'opposent pas les quartiers difficiles aux autres territoires, pas plus qu'elles ne séparent une minorité d'exclus d'une majorité de personnes bien intégrées. La réalité est tout autre : affaissement du modèle d'intégration sociale hérité des Trente glorieuses, accentuation des inégalités au détriment des couches populaires, ouvriers et employés toujours majoritaires. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture