La mara, nouveau visage de la violence ?
Frédéric Faux est un journaliste itinérant qui a travaillé pour de nombreuses revues de la presse francophone en allant de la Suisse au Canada. Après avoir couvert l'actualité en Australie, M. Faux a vécu de 2003 à septembre 2009 en Amérique centrale où il a travaillé pour le Figaro notamment. Après le récent assassinat de Christian Poveda (dans la nuit du 2 septembre 2009) avant la sortie de son film documentaire « La vida loca » traitant le sujet des maras, Frédéric Faux a fait un reportage faisant un bilan de la situation actuelle et de l'intention de la mara 18 de supprimer tous les participants du film.
Ce reportage est dans la continuité de son ouvrage « Maras, gangs d'enfants » qui, bien que datant de 2006, semble décrire avec précision les mêmes faits d'actualité qui font aujourd'hui la une des quotidiens d'Amérique Centrale. Nous utiliserons cet ouvrage ainsi que d'autres références pour expliquer le phénomène des maras en le replaçant dans son contexte socio-économique et politique. Nous verrons comment les gangs d'Amérique centrale sont les enfants terribles de la mondialisation. En effet, les facteurs principaux de ce malaise dans les sociétés du Salvador, Honduras, Guatemala ou encore du Mexique seraient d'une part la libéralisation à outrance ayant eu pour conséquence une forte hausse du chômage et d'autre part l'expulsion massive des émigrés des Etats-Unis après la fin de la guerre civile.
[...] Enfin, ils avouent quasiment tous avoir pratiqué le viol et près de la moitié disent avoir tué dans l'année. Même si les jeunes sont majoritaires dans le pays, l'état ne fait aucun effort pour donner les bases minimales nécessaires à leur développement. Étonnamment, les pandilleros n'ont pas non plus de revendication malgré un discours critique de la société et semblent avoir abandonné l'idée d'une vie sociale normale III. Les principaux facteurs explicatifs de l'apparition des maras Selon Frédéric Faux notamment, il y a 3 facteurs explicatifs : -Facteur externe : les flux incessants de la migration, -Facteurs internes : la désintégration familiale, la carence sociale et l'impunité, -Facteurs historiques : l'accès aux armes, l'agressivité dans les mœurs. [...]
[...] [ ] Cette vague d'expulsion constituerait-elle le meilleur atout du crime organisé ? »4p52. Comme nous l'avons vu, pendant la guerre, la migration des Salvadoriens vers les États-Unis est massive (2millions de personnes). Au Salvador, ces parents émigrés aux États-Unis sont montrés comme ayant une vie heureuse par les journaux locaux et envoient régulièrement de l'argent à leurs proches équivalent 16,2% du PIB du pays ! Cet argent nécessaire est source de contradiction dans la population : on veut que ces Salvadoriens restent aux États-Unis pour continuer à aider financièrement, mais en même temps on sait qu'ils causent la désintégration des familles laissant des milliers d'enfants seuls ou à un tiers qui sont la matière première des maras. [...]
[...] Le dernier homicide y remonte à 1994. Ces zones de paix existent en campagne, mais aussi en milieu urbain où les maras n'ont pas élu territoire. Les maras sont donc les enfants victimes d'abandon social. Il ne s'agit pas de pauvreté financière, mais de pauvreté sociale et intellectuelle, une absence de l'état solidaire. L'absence de services publics ou autres manifestations de l'état les renvoie à face eux-mêmes. La création de gangs pourrait avoir ainsi le rôle d'une microsociété, l'opportunité d'avoir une place sociale, une considération pour ces jeunes isolés. [...]
[...] Mais alors, comment les mareros peuvent-ils à ce point se tromper de cible? Pourquoi cette haine n'est-elle pas entièrement visée sur un gouvernement qui les a abandonnés? Car les meurtres sur civils ne sont qu'une réponse aux agressions de l'État non pas une attaque . Un entretien téléphonique avec le photographe et reporter Philippe Revelli m'a confirmé l'atmosphère de désarroi et d'ennui qui habite les jeunes des quartiers pauvres se montrant pourtant si fiers devant les caméras. Selon lui, leur entrée dans la mara se justifie par un manque de perspective plus que par l'abandon de l'État. [...]
[...] Il ne sait pas s'il doit s'en débarrasser, s'en servir, les exterminer ou les réintégrer dans la société Ce qui est sur, c'est qu'il ne peut plus les ignorer. Les maras s'apparentent en premier lieu à un microconflit, car les agressions se font entre gangs. Or, elles sont devenues trop diffuses pour être sous-estimées. Là où l'État est presque inexistant, les maras ont pris le monopole de l'exercice de la violence où le registre de l'agression déteint sur celui de la riposte »15. [...]
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