La démocratie en tant qu'idéal politique cherche à concilier la liberté et l'égalité. Pourtant, depuis les années 1980, en France par exemple, la question des inégalités est revenue au devant de la scène, avec la montée de la précarité et de l'exclusion. En novembre 2005, de violentes émeutes dans des banlieues reléguées ont semblé démontrer que certaines inégalités étaient devenues insupportables.
Il convient donc de se demander si la notion d'égalité attachée à la démocratie renvoie à l'égalité des niveaux de vie ou admet certaines inégalités économiques et sociales. À quelles conditions certaines inégalités sont-elles considérées comme "justes" dans les démocraties et comment lutter contre celles qui semblent injustes ? (...)
[...] Dans quelle mesure la lutte contre les inégalités est-elle justifiée dans les sociétés démocratiques contemporaines ? Introduction La démocratie en tant qu'idéal politique cherche à concilier la liberté et l'égalité. Pourtant, depuis les années 1980, en France par exemple, la question des inégalités est revenue au devant de la scène, avec la montée de la précarité et de l'exclusion. En novembre 2005, de violentes émeutes dans des banlieues reléguées ont semblé démontrer que certaines inégalités étaient devenues insupportables. Il convient donc de se demander si la notion d'égalité attachée à la démocratie renvoie à l'égalité des niveaux de vie ou admet certaines inégalités économiques et sociales. [...]
[...] Ainsi, les inégalités de revenus et de fortune ne semblent pas incompatibles avec la démocratie. Mais quand l'évolution économique se traduit par l'enrichissement ostentatoire de certains tandis que d'autres s'enfoncent dans la précarité et la pauvreté, quand l'ascenseur social est en panne et que l'école reproduit les inégalités, quand la justice semble frapper plus les pauvres que les riches, la démocratie semble en péril, et il est justifié de lutter contre les inégalités. Des inégalités qui ne se réduisent plus comme lors des Trente Glorieuses et surtout qui se reproduisent ne peuvent que conduire à des explosions dans les quartiers défavorisés, comme celles que la France a connues en novembre 2005. [...]
[...] Nos sociétés sont méritocratiques, et l'égalité ne se confond pas avec l'égalitarisme. De même, les inégalités de patrimoine sanctionnent de façon positive ceux qui ont épargné plutôt que dépensé, ceux qui ont su gérer leur capital pour le transmettre à leurs héritiers. Tocqueville insiste sur la précarité de ces fortunes pour démontrer que ces inégalités ne sont pas incompatibles avec la démocratie. Pour les libéraux, les hommes doivent être égaux en dignité et en droits et chacun est responsable de ses actes et de sa situation. [...]
[...] Il est nécessaire de chercher des moyens de lutter contre ces inégalités incompatibles avec la démocratie. Selon le juriste Georges Burdeau, l'idée démocratique a connu trois phases. D'abord centrée sur la démocratie politique qui insiste sur la liberté individuelle, elle fut ensuite considérée comme un moyen d'assurer la justice, ce qui pose la question des inégalités économiques et sociales, et enfin, dans sa version actuelle en France, elle devrait assurer la croissance et une juste répartition de ses fruits. Les deux premières phases correspondent à ce qu'envisageait Alexis de Tocqueville, la dernière va plus loin et conduit à s'interroger sur la nature des inégalités économiques et sociales que l'on observe. [...]
[...] Dans les sociétés démocratiques, l'égalité est une valeur: les individus se voient et se vivent comme des égaux. L'égalité des conditions n'est pas l'égalité des situations économiques et sociales. Tocqueville n'ignore pas l'inégalité des conditions économiques. Dans la démocratie américaine qu'il décrit, il y a des riches et des pauvres mais, dit-il, la fortune y circule avec une incroyable rapidité et l'expérience apprend qu'il est rare de voir deux générations en recueillir les faveurs». Les inégalités ne créent donc pas de barrières sociales, puisque les fortunes sont récentes et temporaires. [...]
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