Bernard Lahire, "Culture écrite et inégalités scolaires, Sociologie de l'échec scolaire à l'école primaire", "Les pratiques langagières orales"

Résumé du document

Pour les enseignants, la difficulté est d'organiser des temps précis pour "l'expression orale". Par ailleurs, ils évoquent la difficulté d'établir une progression et de trouver des modes d'évaluations.

En conséquence, ils considèrent faire de l'expression orale dès lors et du moment que la parole des élèves est sollicitée, Lahire cite par exemple le cas de classes où les exercices structuraux oraux sont considérés comme relevant de l'expression orale (...)

Extraits

[...] Donner une définition claire est précise d'un mot est une capacité purement scolaire, qui s'apprend dans et pour le cadre scolaire. L'oral scolaire : école et linguistique structurale L'exigence d'un langage oral structuré en fonction des cadres du langage écrit n'est pas une exigence typiquement française. Un peu partout, il s'agit de faire évoluer un langage ancré dans le contexte (avec présence d'une gestuelle, d'une intonation, d'un certain nombre de mimiques) vers des constructions indépendantes du contexte . L'objectif est une maîtrise plus formelle et plus intentionnelle du langage. [...]

[...] Dans ce chapitre, l'auteur va montrer quelles sont les exigences scolaires en matière d'expression orale ainsi que la manière dont répondent les élèves (toutes catégories sociales confondues). L'oral scolaire Place et importance de l'oral à l'école L'oral dans les documents officiels La question de l'oral n'est pas une question récente. Dés le XIXème siècle, les pédagogues perçoivent sont intérêt notamment comme préparation à la composition écrite. L'objectif de la pratique orale reste donc tendu vers la pratique de l'écrit. La commission Rouchette , de 1963 à 1966, va élaborer un Projet d'Instructions qui sera expérimenté dans les écoles pendant trois et l'intérêt est de souligner l'importance à donner à la communication orale Ce projet ministériel aboutira sur un plan de rénovation. [...]

[...] Voilà pourquoi elles apparaissent si pauvres aux yeux de ce courant de pensée. Maîtrise pragmatique et maîtrise métalinguistique du vocabulaire Une pauvreté de vocabulaire relative Pour les enseignants, la pauvreté du vocabulaire est associée à l'impossibilité ou à la difficulté d'expliquer oralement le sens d'un mot. Or, cette impossibilité n'est pas liée à la méconnaissance mot, mais comme le montre Lahire, à la décontextualisation de ce dernier. Ainsi, dans les extraits d'observation qu'il propose, les élèves ne parviennent pas à se détacher de la situation dans laquelle le mot a été énoncé. [...]

[...] Cette partie implicite est en réalité assumée par la gestuelle. Tant que l'élève recourt à cette gestuelle, cela signifie qu'il n'est pas en mesure de se détacher du vécu. L'école exige donc de l'élève qu'il modifie son rapport au langage. IV/ Des genres de récits oraux socialement contrastés Situation d'énonciation, population, interrogations et critères de lecture Finalement, Lahire mène une étude dans une classe de CM2 où l'enseignant propose aux élèves d'enregistrer seul un récit. L'écoute et l'analyse des résultats permet de mettre en évidence une plus grande maîtrise chez les enfants des classes moyennes, mais permet également de mettre en évidence que pour les autres, les erreurs sont commises lorsqu'ils cherchent de manière intentionnelle à respecter aux mieux les critères scolaires (concordance des temps, formes syntaxiques complexes Conclusion Ainsi, une disposition générale à l'égard du langage permet la réussite pour l'ensemble des tâches demandées à l'école. [...]

[...] En effet, dans ces classes, la culture écrite domine les pratiques langagières orales. Cette domination pénètre les pratiques d'éducation dans la famille et explique la proximité culturelle. Les limites d'une saisie négative des pratiques langagières orales des élèves d'origine populaire Ici, l'auteur nous explique que les différentes études menées sur la question des pratiques langagières adoptent en général le même regard que celui des enseignants. Il reprend notamment les couples d'opposition par lesquels Bernstein rend compte des différences de pratiques en fonction du milieu social et met en évidence un certain parti pris. [...]