Dans un premier temps, Kerlan nous rappelle la complexité des relations entre art et philosophie. Pour cela, il se réfère bien sûr à Platon pour qui l'art n'est qu'imitation, apparence, illusion et donc source de tromperie. Dans la pensée platonicienne, le philosophe doit se substituer aux poètes et être à l'origine de l'éducation des futurs citoyens (...)
[...] L'émotion qui submerge l'individu l'unifie du même coup, elle le transverse. La raison lui permet de porter différents regards sur le monde, en certain sens elle morcelle son regard. L'art, dans la relation qu'il permet d'établir avec le monde offre cette possibilité d'unification de soi. Il possède donc la faculté d'harmoniser l'individu, il participe à l'harmonie humaine »[13].il permet le développement d'une pensée mobile, souple, inventive. Il permet de préserver les exigences individuelles tout en assurant au collectif la force créatrice dont il a besoin. [...]
[...] Comme le précise Kerlan, il s'agit là de l'un des plus puissants antidotes à l'indifférence qui guette l'homme moderne Ainsi, il concourt à l'élaboration du sens des valeurs, il ne les transmet pas pour elles-mêmes, il les fait naître. Il permet de faire œuvre de soi même comme le rappelle Kerlan. Par ailleurs, l'esthétique, tout comme l'éducation a pour objectif la mise en forme, en bonne forme d'une matière. Dans les deux cas, il est question de construire, de bâtir comme le sous entend le terme Bildung. Faire œuvre de soi même voilà ce qui pourrait permettre à l'homme moderne de traverser la crise qu'il connait. [...]
[...] Pour Kerlan, ce mouvement doit se conforter en ayant recours à ce que la philosophie esthétique peut lui apporter. L'école de la démocratie doit pouvoir rendre effective l'égalité des chances et permettre à tous d'accéder à l'œuvre, au patrimoine de l'humanité. Les politiques actuelles insistent précisément sur l'idée de rencontre, de cheminement personnel. Cette rencontre, c'est celle de chacun avec lui-même. Elle est inauguration d'une nouvelle relation à soi et non maturation d'un processus. Ainsi : La politique éducative de l'art oppose implicitement ou explicitement à la philosophie rationaliste du processus, une philosophie romantique de l'évènement. [...]
[...] Mais cela peut-il consister un but pour l'éducation ? En effet, l'art nous remue, fait émerger nos sentiments, les meilleurs comme les pires : L'art peut nous élever à la hauteur de tout ce qui est noble, sublime et vrai, nous porter jusqu'à l'inspiration et à l'enthousiasme, comme il peut nous plonger dans la sensualité la plus profonde, dans les passions les plus basses, nous noyer dans un atmosphère de volupté et nous laisser désemparés, écrasés par le jeu d'une imagination déchaînée. [...]
[...] Il se réfère notamment au Cercle des poètes disparus de Peter Weir (1989), ainsi qu'au film de Bertrand Tavernier Ca commence aujourd'hui L'art et l'espérance éducative Dans la tradition éducative, la sensibilité, l'imagination ont toujours tenues des rôles secondaires, elles apparaissaient parfois contraire au projet éducatif car, comme nous l'avons dit plus haut, elles étaient considérées comme source d'erreurs et de fausseté. L'esprit des lumières a participé à la modification de ce point de vue. Progressivement, l'esthétique est perçue comme une valeur démocratique sûre dans la mesure où elle peut toucher tout le monde. [...]
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