La jeunesse occupe une place très importante dans l'Iran contemporain, et se révèle être un acteur social aux contours assez flous, mais dont le rôle et la force méritent un éclairage plus important et minutieux que celui qui est actuellement fait dans le traitement médiatique consacré à l'Iran.
En effet, crise interne oblige, les projecteurs médiatiques se sont récemment attardés longuement sur les évènements en cours en Iran, sans pour autant dresser les contours des enjeux, des acteurs en présence, de leurs stratégies, des alliances ou des équilibres en vigueur.
On peut se réjouir que pour cause de tensions internes, le traitement médiatique dont fait l'objet ne soit pas vampirisé par le dossier nucléaire. L'Iran n'apparaît dès lors plus comme un bloc monolithique, un ensemble dans lequel la société et ses dynamiques s'identifient à son régime. L'Iran n'est donc plus appréhendé sous le seul spectre de la menace géostratégique, mais comme un pays à part entière.
Lorsqu'on parle de l'Iran, il est d'usage de généralement de mettre en avant le rôle de la jeunesse. On en parle comme d'un acteur social à part entière, qui aurait la particularité d'être un élément particulièrement dynamique de la société, d'en être en quelque sorte le moteur. En effet, il est courant d'entendre : « les jeunes ont sauvé la révolution islamique et la patrie iranienne en jouant un rôle décisif lors de la guerre contre l'Irak », « la jeunesse, en servant dans le bassidj est un pilier du régime ». Ou à l'inverse : « la jeunesse est la première force d'opposition au régime, et menace constamment sa survie et sa pérennité ».
Ce travail n'a pas pour but d'étudier les maux de la jeunesse iranienne, mais plutôt de se pencher les modalités de sa constitution dans une société aussi particulière. La société iranienne m'apparaît comme particulière dans la mesure ou le poids du politique et de la coutume semble particulièrement prégnant, obligeant ainsi la jeunesse à se conformer à un corpus de valeurs particulièrement dense.
[...] La différence avec le passé semble être non pas le degré de politisation, mais l'espace dans lequel cette politisation s'exprime. D'une politisation privée, on est passé à une politisation de plus en plus publique, et qui est plus profonde que de simples affrontements violents épisodiques avec les forces de l'ordre. Par souci de clarté, on fera un aperçu du répertoire d'action un peu plus loin. Cette dernière partie se consacrera à étudier l'émergence de mouvements ou de cycles protestataires, ses évènements fondateurs, et également les procédés au travers desquels cette génération politique s'est construite. [...]
[...] Cette configuration, que l'on retrouve sous certains aspects en Chine par exemple est peu à peu en train de vaciller. En effet, cette relation entre l'individu et l'État marchait plutôt bien jusqu'à un certain temps. En dépit d'une régression certaine des libertés individuelles et collectives après la Révolution islamique, le régime avait compensé par une meilleure redistribution des ressources naturelles et la fourniture de plus de services publics. Les progrès importants de l'alphabétisation et le recul de la mortalité témoignent de l'implication de l'État à répondre aux attentes des individus. [...]
[...] Comme le disait Pierre Bourdieu, l'âge est une donnée biologique socialement manipulable et manipulée ( ) et le fait de parler des jeunes comme d'une unité sociale, d'un groupe constitué, doté d'intérêts communs et les rapporter à un âge défini biologiquement constitue déjà une manipulation Toutefois, il semble y avoir en Iran suffisamment d'intérêts collectifs de génération pour parler de la jeunesse comme d'un ensemble socialement constitué De la politisation à la contestation, pic conjoncturel de tensions ou tendance de fond ? Les facteurs par lesquels les Iraniens ont été amenés à se révolter La politisation de la jeunesse et même de la société n'est pas une chose nouvelle en Iran. La majorité de la population a connu ou participé à des évènements politiques. En ce sens, il n'y a pas eu de vide politique en Iran entre la Révolution islamique et aujourd'hui. [...]
[...] Une jeunesse déchirée de plus en plus prompte à se mobiliser 1. Une société en pleine mutation. Les effets de la modernité sur la jeunesse iranienne L'urbanisation massive qui a touché l'Iran ces trente dernières années (d'une société essentiellement rurale on est passé à une société urbanisée à plus de couplées à l'apparition d'une nouvelle génération plus cultivée, plus diplômée, et en interaction avec le reste du monde ont favorisé l'essor de nouvelles revendications qui apparaissent étaient autrefois cantonnées à l'espace privé, mais qui font de plus en plus d'apparitions dans l'espace public, par le biais d'une politisation de la jeunesse de plus en plus assumée. [...]
[...] Milice islamique composée de jeunes volontaires âgés entre 14 et 25 ans, chargée d'assurer la promotion des valeurs islamiques et de surveiller de manière plus ou moins informelle certains espaces jugés plus difficiles à contrôler par le gouvernement, notamment le lycée, l'université ou les espaces privés. Richard Foltz, L'Iran, creuset des religions, de la préhistoire à la République islamique, Études iraniennes L'Avesta regroupe l'ensemble des règles qui régissent les comportements individuels et collectifs dans la Perse pré islamique. Rappelons que le secteur privé n'existe quasiment pas en Iran. Il y a bien un secteur informel, d'ailleurs de plus en plus important, mais l'État monopolise de l'économie, et l'initiative privée est marginale, et suspecte. [...]
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