D'après les données de l'INSEE, issues du recensement de 1999, il semblerait que trois français sur quatre ne lisent jamais de quotidien national. Lire un quotidien n'est donc pas une habitude chez les Français, contrairement aux Scandinaves, aux Britanniques, aux Japonais ou même aux Allemands : c'est pourquoi de nombreuses études mettent en évidence qu'il existerait dans notre pays une crise de la presse, pays dans lequel le taux de lecture régulière de celle-ci ne dépasse pas actuellement les 35% alors qu'il s'élève à 80% en Finlande ou 65% en Allemagne.
Bien que l'intérêt pour la presse quotidienne nationale et les magazines croisse avec le niveau de revenu et le niveau de diplôme (un tiers des diplômés du supérieur lit au moins deux fois par semaine des quotidiens nationaux, contre seulement 5% des non diplômés), il n'en demeure pas moins que la presse d'information générale et politique est celle qui subit le plus de difficultés économiques depuis dix ans, et ce pour différentes raisons: le produit lui même est en effet peu à peu remis en cause, face aux transformations des comportements socioculturels qui affectent le lien entre les Français et la presse écrite.
Le développement d'Internet, le renforcement de l'usage des véhicules privés pour les trajets domicile / lieu de travail, l'apparition des journaux gratuits ou encore l'érosion du taux de lecture chez les jeunes générations, sont les facteurs souvent évoqués pour expliquer la thèse de la baisse de l'intérêt pour la lecture de la presse, en France.
C'est précisément sur ce dernier point que nous allons nous attarder ici. Nous allons tenter de vérifier si, comme on l'entend souvent aujourd'hui dans notre société, il existe réellement une baisse des habitudes de lecture de la presse écrite chez les jeunes générations. Et si tel est le cas, n'y a t'il pas pour autant des réponses possibles à ce problème qui apparaît si crucial depuis ces dix dernières années?
Parallèlement à ce phénomène générationnel présenté comme extrêmement défavorable pour le monde de la presse, un certain désintérêt des jeunes (que nous définirons ici comme la tranche d'âge des 15-25 ans, tranche d'âge qui représente 15.6% de la population française) pour la chose publique semble avéré. La question reste donc posée: assistons-nous vraiment à une crise du lectorat jeune concernant la presse d'information générale, et si oui, quels moyens pourraient être mis en œuvre pour permettre à la presse de continuer à faire partie des médias de demain, et de ne pas être considérée comme un média dépassé?
[...] Le web l'emporte en revanche sur les dimensions de diversité par rapport au type d'information et pour l'intérêt porté aux jeunes. Au final, et vu l'attrait des jeunes pour le web en tant qu'outil de communication, l'enjeu pour les entreprises de presse est bien d'évoluer d'une culture de l'écriture à une culture de l'échange, où mots, images et diversité d'opinions s'allient pour alimenter les contenus ; mais il s'agit là d'une condition nécessaire mais pas suffisante. Pour continuer à garantir le succès de la presse écrite, les contenus proposés doivent aussi traiter davantage des sujets qui concernent les jeunes, tout en leur renvoyant une image plus proche et plus juste de la réalité. [...]
[...] Le score de la presse écrite a beau être multiplié par quatre, il reste tout de même assez faible Les raisons de cette désaffection sont multiples: deux phénomènes de rupture se produisent en effet chez les jeunes. Tout d'abord, on assiste aujourd'hui à une modification du rapport au temps et à l'actualité. Attendre le journal télévisé de vingt heures ou la parution d'un quotidien n'est plus compatible avec cette génération de l'immédiateté. Leur rapport à l'argent est aussi différent, et pas seulement à l'égard des quotidiens d'ailleurs: les quotidiens sont chers alors que le budget des jeunes est sollicité par des dépenses croissantes et nouvelles (téléphonie mobile, jeux vidéo . ) explique B.Spitz. [...]
[...] Viser uniquement les plus de 18 ans serait donc une véritable erreur et ça, toutes les marques du monde l'ont compris : il faut impérativement toucher le consommateur dès son plus jeune âge puisque les habitudes se prennent jeune, se développent et se confirment pendant l'adolescence et se forment définitivement dès 25 ans. Il est donc important que les journaux innovent et offrent des produits d'information qui plaisent aux enfants, puis aux adolescents, puis aux jeunes adultes. Un seul produit standard ne peut donc que difficilement faire l'affaire puisqu'une unique publication ne peut couvrir les besoins de tous. Avec Internet, nous sommes en effet à l'heure de la personnalisation. [...]
[...] Plus encore que les autres catégories de population, les jeunes lisent peu la presse quotidienne. Selon Euro PQN, le nombre de lecteurs de la presse écrite est passé de 9 millions en 1994 à 8.38 millions en 2003, soit une baisse de en 9 ans (en valeur -la population totale ayant augmenté de 4.9 Quant à la tranche des 15-24 ans, le lectorat a chuté de par rapport à 1994 et celui des 25-34 ans de la structure par âge de la population n'ayant pas sensiblement changé. [...]
[...] En somme, ce n'est pas la difficulté à lire la presse écrite qui pourrait constituer un frein à la lecture de celle ci pour les jeunes générations. D'autre part, le rapport Spitz a longuement insisté sur le problème de la perte du civisme qui risquait de se produire avec le désintérêt des jeunes pour la lecture des quotidiens. Or, ce lien entre lecture assidue d'un journal et degré de civisme serait moins évident qu'il n'y paraît. Les jeunes semblent en effet plus partagés quant à l'influence de la lecture régulière des journaux sur le degré d'implication de la vie citoyenne. [...]
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