L'interprétation est une des dernières étapes de la recherche en sciences sociales, elle précède la conclusion. Nous-mêmes allons être amenés à interpréter les entretiens que nous avons réalisé dans le cadre de ce cours. Il convient donc de s'interroger sur la marche à suivre pour réussir une interprétation correcte des données que nous aurons ; ici des entretiens.
Les données dont dispose le sociologue ne sont pas spontanées, elles n'ont pas été produites « dans un vide social qui en garantirait l'objectivité » selon les mots de Rodolphe Ghiglione et Benjamin Matalon. C'est la raison pour laquelle le sociologue doit chercher à en donner une interprétation. L'interprétation renvoie à une tentative pour révéler ce qui est caché, de mettre à jour des relations entre les données, d'expliquer ce qui a été observé. Bernard Lahire définit ainsi l'interprétation comme le fait de révéler « la signification des évènements, des pratiques, des représentations » ce qui constitue un ajout de sens puisque celui lui, l'interprétation « constitue toujours un surplus par rapport à ce qui se dit ou s'interprète dans le monde social ». Pour autant, la signification donnée à ces évènements peut varier selon les chercheurs ce qui montre que leur subjectivité entre aussi en jeu dans cette étape de la recherche sociologique. On peut alors se demander si l'interprétation n'est que le produit de la subjectivité du chercheur ou si elle est le produit de règles clairement établies.
[...] De plus, l'interprétation ne peut être réduite à l'application pure et simple d'une méthode. Ainsi, dans son ouvrage, Odile Piriou (La face cachée de la sociologie) souligne que seuls 50% des sociologues interrogés sont capables de donner un contenu précis à leur système d'interprétation du monde, preuve qu'ils n'ont pas recours à une méthodologie rigide et qu'ils s'adaptent à chacun de leurs travaux (...)
[...] Cette influence se manifeste à deux niveaux et doit être prise en compte au moment de l'interprétation. Le premier niveau est celui de la construction des données : le chercheur peut, de manière inconsciente, influencer les données qu'il recueille et il doit tenir compte de ce paramètre dans son interprétation. Nous pouvons évoquer ici le cas de l'entretien et de ce que l'on appelle l'effet enquêteur : l'intervieweur, et la situation de même de l'entretien, va avoir une influence sur la personne interrogée. [...]
[...] Il s'agir de mettre en avant l'existence de lois susceptibles d'expliquer les données recueillies. L'interprétation a alors pour but d'expliquer les données recueillies, de mettre en avant des corrélations entre différents éléments. Cette interprétation n'a pas pour prétention de comprendre des causes mais de mettre en avant des régularités. On parle de démarche légale Une variante de cette approche explicative consiste à élaborer des hypothèses puis à tenter de les vérifier en les confrontant aux données recueillies afin de trouver les causes des phénomènes observés. [...]
[...] C'est une maladie qui se développe quand les organismes sont affaiblis et elle touchait donc beaucoup les ouvriers qui avaient des journées de travail très lourdes. Pour soigner les malades, le meilleur recours c'était une mise au repos. Or une telle pratique était incompatible avec les exigences de l'époque, celles de toujours plus de productivité. A. Cottereau va donc montrer que face à cette contradiction, la bourgeoisie va proposer une autre interprétation de la maladie, pensée désormais en termes de manque d'hygiène, tant physique (notamment avec l'habitat) que moral (alcoolisme) ce qui va conditionner les réponses à lui apporter (lutter contre les îlots insalubres et non plus le repos. [...]
[...] Existe-t-il alors une méthode de l'interprétation des données sociologiques ? Dans un premier temps, nous verrons à quels dangers se retrouve confronté le sociologue au cours de l'interprétation. Ensuite, nous tenterons de voir s'il existe des règles auxquelles doit obéir toute interprétation. I. L'écueil de l'interprétation 1. Le danger de la mésinterprétation Je vais commencer par évoquer le problème de la mésinterprétation qui est le premier danger auquel on pense quand on évoque la nécessité d'interpréter les données recueillies. En effet, la mésinterprétation renvoie au fait de donner une mauvaise interprétation des données. [...]
[...] Finalement, la subjectivité du chercheur va, et doit, s'exprimer au cours de cette étape ce qui explique le fait que des données identiques puissent donner lieu à des interprétation différentes. [...]
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