Intérêts politiques, économiques, acteurs médicaux, groupes d'acteurs coloniaux, Afrique, politiques sanitaires, textes de M'Bokolo, Ranger, épidémies, protection de la santé des Européens, Conklin, Worboys, Dozon
Nous pouvons dans un premier temps nous interroger sur la définition que nous souhaitons donner aux acteurs médicaux et autres groupes d'acteurs coloniaux. Pour le premier de ces groupes, nous inclurons à la fois les médecins européens mandatés par les autorités coloniales (Européens militaires au début, puis employés du gouvernement), les missionnaires parfois, mais aussi les acteurs médicaux africains, dont l'importance ne doit pas être négligée dans ce contexte.
[...] C'est par exemple le texte de Hunt au Congo belge durant les troubles démographiques de 1920 sur les politiques sur le contrôle des naissances, diminution de la mortalité infantile, encouragement de la monogamie, l'abandon des doctrines ancestrales et le recours plus général à l'utilisation d'une contraception biomédicale. Les intérêts politiques sont relayés par les acteurs médicaux, et par leur habileté à gérer certains rapports avec des acteurs. Remarquons par la même que les Africains sont aussi acteurs médicaux en Afrique. [...]
[...] Le rapport entre médecins coloniaux et population locale va être régi par certains intérêts d'ordre politique et économique. En effet, une maladie est considérée prioritaire par les médecins, notamment si elle affecte une population ayant un rôle dans l'économie et le gouvernement colonial. De plus, certaines maladies sont davantage connectées au développement économique et sociétal. En conséquence de quoi, l'intérêt qui leur sera porté, principalement pour la traiter, divergera. Ceci n'étant pas nécessairement en lien avec les besoins de la population. [...]
[...] Au niveau économique c'est également un bon point d'appui stratégique, principalement pour prouver aux députés sceptiques que leurs méthodes sont concrètement efficaces. L'article de Worboys est instructif sur la modification des rapports au XXe siècle, notamment parce qu'il s'interroge sur les liens entre médecine tropicale et colonisation. Pourquoi l'intègre-t-elle ? La médecine met sur pied une nouvelle conception de l'Afrique : une terre à protéger en vue de conserver les ressources acquises et de continuer l'exploitation des territoires riches. Ce fut principalement le cas au Congo avec les politiques de lutte contre la maladie du sommeil. [...]
[...] Ces gens se révèlent être de très bons agents pour faire circuler les connaissances scientifiques et lutter contre la prééminence des marabouts et sorciers. Médecins et administration coloniale vont alors opérer main dans la main dans le but de convaincre les Africains de modifier leur mode de vie, pour adopter davantage l'hygiène moderne, plutôt que leurs habitudes médicales ancestrales. D'autres liens comme la distribution par le gouvernement colonial du Congo belge ou des associations comme OPEN (Œuvre de protection de l'Enfance Noire) de produits laitiers et de lait aux populations et particulièrement dans les maternités, sous prétexte de vouloir régler un problème politique et sociétal (mortalité infantile élevée), va poser de sérieux problèmes économiques aux populations locales. [...]
[...] Bibliographie Barthélémy Pascale, « Sages-femmes africaines diplômées en AOF des années 1920 aux années 1960 : Une redéfinition des rapports sociaux de sexe en contexte colonial, » dans Anne Hugon, dir., Histoire de femmes en situation coloniale. Afrique et Asie, XXe siècle (Paris: Éditions Karthala, 2004) : 119-144. Conklin Alice, ‘Chapter Public Works and Public Health: Civilization, Technology, and Science (1902–1914),' in A Mission to Civilize: The Republican Idea of Empire in France and West Africa, 1895–1930 (Stanford, CA: Stanford University Press, 1997):38–72. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture