L’intégrisme va-t-il dominer le monde ?

Résumé du document

Les mannequins trop maigres n'ont pas eu le droit de défiler au grand rendez-vous de la mode madrilène, la Pasarela Cibeles, du 18 au 22 septembre dernier, en raison du mauvais exemple donné aux jeunes espagnoles dont l'obsession des kilos incite à l'anorexie. L'anorexie étant devenue une nouvelle forme d'intégrisme, le gouvernement régional de Madrid a ainsi décidé de mettre fin à un grave problème social et à des pratiques dangereuses.

L'intégrisme, représenté par une attitude et une disposition d'esprit de certains croyants qui, au nom du respect intransigeant de la tradition, se refusent à toute évolution, représente un danger grandissant dans nos sociétés modernes. Les institutions étatiques mettent donc en œuvre des actions pour contrer ce phénomène ; mais ces actions sont-elles suffisantes au regard d'un intégrisme évoluant et touchant divers domaines suivant les époques ?

Extraits

[...] Au terme de la présente réflexion, il apparaît que l'intégrisme revêt diverses formes dans nos sociétés modernes, et qu'il entraîne une réaction sociale ayant pour objectif de relativiser sa domination. La vision de l'intégrisme en tant qu'outil capable de transcender et de fédérer contre les divisions de tous genres (économiques, politiques, culturelles) pourrait conduire au choc des civilisations (pronostiqué par l'américain Samuel Huntington), dont les attentats du 11 septembre 2001 peuvent être interprétés comme un symbole, voire un début. Ainsi faudrait- il s'attendre à un affrontement des cultures. [...]

[...] Dès lors, la plupart des sectes actuelles ont en commun d'offrir à l'individu une méthode pour se recentrer sur lui- même Le danger des sectes provient du risque de rupture qu'elles font peser sur leurs membres, l'amélioration de leur vie quotidienne, de leurs performances et de leur bien-être étant visée. Dans la société contemporaine, l'individualisme et l'économisme font de chacun un acteur en compétition avec ou plutôt contre ses semblables. Ils tendent de ce fait à réduire le sens du collectif pourtant prôné comme un objectif majeur par les acteurs de la mondialisation. La mondialisation remise en question par l'intégrisme Plus nos différences sont visibles, plus elles créent des tensions. [...]

[...] La mondialisation apparaît alors comme un facteur certain de la montée de l'intégrisme, dont l'influence grandissante oriente les idéaux de la société. La mondialisation est un processus évolutif ; il tend au dépassement du cadre national et des frontières pour une part croissante d'activité sociales. Cette évolution réduit l'autonomie et le pouvoir des Etats- Nations au profit de nouveaux acteurs dont l'identité et l'activité ne sont pas (ou plus) essentiellement centrées sur un territoire national. La mondialisation impulse une tendance à l'homogénéisation des systèmes de valeurs et des modes de vie que concrétise en particulier notamment le poids d'un modèle de consommation et de développement y compris pour ceux qu'il exclut. [...]

[...] Les instruments juridiques internationaux tels que la Convention Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) sont également des facteurs de lutte contre la montée des divers intégrismes. Une coopération communautaire et internationale se forme donc, ralliée aux initiatives étatiques afin de contrer les comportements intégristes. Certains souhaiteraient que l'Etat intervienne davantage pour réguler les communautés religieuses qui, parfois, sous l'influence de divers facteurs (sociaux, culturels, économiques), ont tendance à favoriser un communautarisme de repli, dangereux pour la cohésion sociale dans son ensemble. [...]

[...] Le fondamentalisme islamique de Ben Laden, par exemple, répond très exactement à cette analyse, à ce besoin de réinventer la cohésion sociale. Dans les pays occidentaux, le risque individualiste apparaît comme une conséquence de la modernité. La promotion d'un idéal humaniste de progrès des connaissances, des techniques et des rapports sociaux, de la démocratie et de la liberté ont par ailleurs créé les conditions d'un individualisme dangereux. L'homme occidental a ainsi basculé dans la postmodernité, c'est- à-dire dans un désenchantement du monde et l'individualisme peut alors conduire à des recompositions parfois extrêmes du lien social. [...]