Prévention ou répression : vraie ou fausse alternative

Résumé du document

Le thème actuel de l'insécurité a ravivé le thème corollaire de la "politique sécuritaire" en France. Le succès montant de l'extrême droite, objectivé lors du premier tour des élections présidentielles, le 5 mai 2002, démontre l'espérance que mettent près de 20% des français dans un état fort, attaché au maintien de la paix intérieure.

Extraits

[...] La " double peine " consistant à la fois à sévir contre un ressortissant étranger et à le renvoyer aux frontières est une seule et même peine à leurs yeux, sans doute justifiée par le fait d'être doublement fautif, c'est-à-dire à la fois hors-la-loi et étranger. Il semble donc que l'opposition entre ces deux notions conduit à deux directions également opposées, de politique possible. Mais le problème se complique si on tente de penser la possibilité d'exclusion d'un des deux termes au profit de l'autre. Il faut alors se poser deux questions fondamentales : une prévention sans répression est-elle possible en société ? La répression sans prévention est-elle efficace ? II) Ambiguïtés et enjeux d'une telle alternative. La réponse est négative dans les deux cas. [...]

[...] Il ne s'agit pas de choisir entre la prévention " ou " la répression. Il s'agit plutôt politiquement de donner une priorité à l'un des deux types de mesures, tout en sachant qu'elles se complètent nécessairement à un moment ou à un autre. La vraie relation entre les deux pratiques est conjonctive et non disjonctive. Prévenir sans jamais envisager la répression revient à se priver des moyens d'une prévention plus efficace. Réprimer sans visée éducative ne permet pas davantage d'assurer une valeur authentiquement formatrice de la sanction Revendiquer en soi " la " prévention plutôt que " la " répression n'a pas grand sens. [...]

[...] Prévention et répression mieux comprises impliquent communément le développement d'une politique de proximité. Les acteurs de l'éducation doivent être sur le terrain. La RATP (régie autonome des transports parisiens) a par exemple ratifié le programme des " grands frères " qui ont pour mission d'être présents dans les bus et le métro afin de dissuader les resquilleurs mais aussi les incivilités. Dans les centres commerciaux et autres établissements où sont embauchés des vigiles d'origine étrangère aux épaules larges, la gestion des vols ou autres délits est indéniablement facilitée. [...]

[...] Mais c'est omettre que le libéralisme économique n'incite ni n'autorise à se mettre en état d'illégalité. Le fait qu'un esprit insuffisamment structuré " trouve normal " de s'approprier ce que d'autres possèdent ne légitime évidemment pas le vol. Et la prévention en matière de comportement civique n'empêchera pas la transgression de la loi par ceux qui prennent le parti de se jouer d'elle en pleine connaissance de cause. Reste à dégager ce qui permettrait une meilleure éducation de l'homme, qu'elle passe par une prévention ou une répression mieux comprise. III) Vers une meilleure éducation possible. [...]

[...] La perception du bien n'est pas la condition suffisante de sa mise en pratique. Bref, aucun état n'est jamais acquis définitivement. Il faut peut-être alors nous défaire d'une représentation première naïve qui, si on devait la figurer géométriquement, ferait de la répression une fonction décroissante de la prévention. Le mérite d'une telle figuration est, certes, de permettre une lecture axiologique de leur rapport. En effet, du point de vue des valeurs, la prévention prime bien sur la répression puisque la répression n'est qu'un succédané contingent de tout programme préventif, alors qu'à l'inverse, la prévention reste tout à fait nécessaire à la réalisation d'une répression véritablement humaine. [...]