À bien des égards, le statut des femmes dans le monde du travail reste inférieur à celui des hommes. Du salaire à la position hiérarchique, tout est bien souvent plus favorable aux salariés masculins, à croire que l'on n'a pas encore atteint la « civilisation » dont parle Stendhal. On peut se demander si ce cliché s'étend au monde de l'humanitaire et du développement, si la question du genre se pose également au sein des associations œuvrant dans ces domaines.
Il convient d'abord de repréciser la définition du genre. Le « genre », ou « identité sexuelle », désigne le rôle d'ordre social joué par les hommes et les femmes qui leur sont dévolus en fonction de leur sexe. On parle de rôle « sexosociaux ». Ces rôles sont propres à des contextes socio-économiques, politiques et culturels. Or s'il y a bien des personnes qui font face à une diversité de contextes, ce sont les bénévoles travaillant dans l'humanitaire.
En quoi cette diversité de situations oblige-t-elle les associations humanitaires à se poser la question du genre ?
La classification qui suit a été réalisée à partir d'une étude menée auprès des associations françaises. Elle révèle que la répartition hommes/femmes varie selon les postes et les domaines d'activité. En ce qui concerne tout d'abord la place des hommes et des femmes dans la hiérarchie, la situation est sans équivoque : ce sont les hommes qui dirigent, tandis que les femmes, même si elles sont présentes en nombre dans l'association, n'occupent que des postes de terrain ou de moindre importance en matière de décision.
Ainsi en 2003, dans les associations françaises, près de 60% des hommes occupaient les postes décision. Par ailleurs, hommes et femmes ne sont pas aussi nombreux selon la nature de l'association et le domaine dans lequel elle s'engage. Les hommes sont plus nombreux dans les syndicats, les associations d'anciens élèves, tandis que les femmes s'engagent davantage dans l'humanitaire, le culturel ou en tant que parent d'élève.
Toutefois, ces généralités sont à considérer dans une perspective évolutive puisque depuis peu, les femmes tendent à être plus nombreuses que les hommes dans des domaines tels que le culturel et l'humanitaire, et surtout, parce que l'on constate que sur certaines missions bien spécifiques, seules les femmes peuvent intervenir.
Ainsi, un représentant d'une agence de voyages solidaires nous a rapporté que dans certains pays du Moyen Orient (Iran, Afghanistan), les contacts locaux étaient tous des femmes, puisqu'elles étaient les seules à faire preuve de suffisamment d'ouverture pour accueillir des étrangers et faire le lien avec les populations locales.
[...] Le rôle des femmes sur la scène internationale s'est accentué et a réellement gagné en influence dans les conférences internationales depuis les années 90. Le Sommet Social de 1995, par exemple, a établi que “l'égalité entre femmes et hommes est une priorité pour la communauté internationale”. La même année était organisée la quatrième conférence mondiale des femmes à Pékin. L'histoire est ainsi un autre moyen d'expliquer l'origine des rapports entre les hommes et les femmes. Avant de lancer un nouveau projet humanitaire dans un pays, toutes les personnes rencontrées lors de nos entretiens nous ont affirmé qu'il était nécessaire de considérer le poids de l'histoire, les évolutions politiques du pays. [...]
[...] Les leçons à tirer de leur action sont qu'il est nécessaire d'agir sur l'ensemble du réseau et d'envisager les processus dans la durée. Il est surtout important de convaincre sur la pertinence de la parité sans agacer les gens. Un autre exemple est celui du Comité National Olympique et Sportif Français. Il s'est intéressé à la question du genre dès 1996 à travers la Conférence sur les femmes dans le sport, à Lausanne, puis à travers les Assises Nationales Femmes et Sport, en 1999. [...]
[...] Des institutions nationales de promotion des femmes ont vu le jour pour élaborer et mettre en œuvre des stratégies d'intégration des femmes du Sud aux initiatives de développement. Ces institutions sont apparues dès 1981 dans 23 pays africains (sur 53). Ces institutions nationales, si elles manquent de moyens financiers et humains, travaillent aujourd'hui en collaboration avec des agences de coopération au développement. Cela a abouti à la définition de politiques sectorielles nationales, à l'adoption de textes internationaux et à l'élaboration de stratégies sensibles aux conditions particulières de chaque pays. Cela a également favorisé la consolidation du savoir-faire national dans la mise en œuvre de ces stratégies. [...]
[...] Selon les cultures et zones géographiques Femmes surreprésentées et dirigeantes ? Peu de cultures portent la femme à une position largement dominante par rapport à celle des hommes dans la direction de missions ou d'associations. Toutefois, il arrive que lors d'un déplacement, les femmes se voient attribuer un rôle plus important que celui qu'elles avaient en France. Ainsi, une jeune fille ayant effectué une mission au Sénégal en tant qu'infirmière il y a quelques années nous a rapporté que là-bas, les infirmiers avec lesquels elle et les autres infirmières intervenaient leur confiaient énormément de responsabilités, allant même parfois jusqu'à les considérer comme des médecins à part entière. [...]
[...] En effet, le chef de celle-ci était un homme et il était très difficile de communiquer réellement avec les femmes. C'est pourquoi il a souvent fallu faire preuve de beaucoup de diplomatie pour aller vers les femmes en leur faisant comprendre qu'elles pouvaient s'exprimer librement, mais aussi sans faire sentir au chef qu'il était mis à l'écart. Ainsi, la personne que nous avons interrogée et qui ne souhaite pas révéler son identité (voir note nous précise que l'adaptation est capitale si l'on veut que la mission réussisse et qu'il faut donc prendre en compte la question du genre, notamment dans des pays marqués par un islam radical (L'islam au Soudan est réputé radical, mais une femme peut être ausculté par un homme sans problème dans la majorité des cas, contrairement à l'Arabie Saoudite ou l'Afghanistan par exemple). [...]
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