Inégalités, pouvoir d'achat... De la lutte pour le "droit au logement" aux relèvements programmés du SMIC, en passant par les mesures contre les discriminations, la société française actuelle témoigne d'une extrême sensibilité à tout ce qui semble menacer l' »égalisation des conditions » qui, suivant Alexis de Tocqueville, caractérisait les sociétés modernes. Paradoxalement, les inégalités économiques (liées au revenu et à la profession) se renforcent depuis une trentaine d'années (...)
[...] La conséquence en est double. Les revenus d'une grande part des ménages salariés (les victimes directes du sous-emploi mais aussi leur famille) sont amputés. Et, dans l'entreprise, les négociations salariales sont beaucoup moins favorables aux salariés, eux-mêmes précarisés et face à des exigences plus fortes et une meilleure organisation des détenteurs du capital. B Le cumul des inégalités La pauvreté (moins de la moitié du revenu médian) touche de nouveau une parti significative de la population : chômeurs, détenteurs d'emplois instables, voire titulaires d'emplois stables mais confrontés à l'envolée des prix du logement et incapable de se loger décemment. [...]
[...] Nous verrons que les nouvelles formes de la régulation économique favorisent l'élargissement de l'éventail des revenus et que au niveau des plus défavorisés, la pauvreté devient cumulative A Des conditions économiques créatrices d'inégalités La période du capitalisme ouverte dans les années 1980 se caractérise par deux changements majeurs : la valorisation et le remontée en puissance de la propriété du capital, d'une part et la déstabilisation du salariat, d'autre part. La déréglementation financière, l'ouverture des frontières aux mouvements de capitaux ont multiplié les opportunités de placements. Les entreprises ont été incitées à accroître leurs recours au financement direct (émission d'actions, en particulier), et les actionnaires sont désormais concentrés investisseurs institutionnels : fonds de pension, sociétés d'investissement, etc.). Ils sont donc en mesure d'exiger un rendement élevé de leurs actifs. [...]
[...] Plus particulièrement, il s'agit ici de tout ce qui exclut durablement l'individu de la vie sociale normale (emploi, logement, consommation ) et constitue un écart de statut. Dans quelle mesure le regain des inégalités de revenus depuis 30 ans remet- il en cause la tendance de long terme au resserrement des inégalités ? Nous montrerons d'abord que, sur la longue période, la tendance est plutôt à la réduction des inégalités puis nous réfléchirons sur l'augmentation récente des inégalités (II). I Une réduction séculaire des inégalités. [...]
[...] L'enrichissement général de la société et l'irruption de la consommation de masse ont bouleversé cette configuration. Désormais, les inégalités sont beaucoup moins visibles. Une relative égalité s'établit dans les domaines les plus essentiels où naguère s'étalaient les inégalités. Les besoins en alimentation ou en équipement du logement sont dans l'ensemble satisfaits. Electroménager, automobile, équipements audiovisuels, etc., ne distinguent plus les milieux sociaux qu'à la marge, au niveau de la spécification du produit. [Transition] La tendance longue est donc bien à la réduction des inégalités, mais se poursuit-elle ou est-elle arrivée à son terme ? [...]
[...] Après la guerre, la première phase des Trente Glorieuses ravive les inégalités de revenus. La prospérité gonfle d'abord les profits, même si les hausses de salaires deviennent régulières. Le SMIG (salaire minimum garanti, instauré en 1945) n'augmentera quasi pas avant 1968 ! Mais, dès 1965, la tendance s'inverse à nouveau : le plein-emploi permet l'accélération des augmentations de salaires et stabilise les revenus salariaux, la protection sociale monte en régime et assure des revenus de substitution en cas de maladie, de chômage ou pour les personnes âgées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture