Nouveau management public, hôpital, New Public Management, réformes de l'hôpital public, modèle entrepreneurial, CHU, CME, ARS, CSIRMT, ANAP, MEAH
C'est un paradoxe. Dans un monde où la dérégulation des marchés financiers est sans borne, où les individus sont livrés à eux-mêmes et où la société toute entière paraît en quête de repères, le besoin de gouverner n'a jamais été aussi présent. Les agences de notation auscultent les mesures de redressement des comptes publics et la Commission européenne examine à la loupe les budgets des Etats européens. Pendant ce temps, les gouvernements nationaux doivent sans cesse rendre des comptes et font intervenir de nouveaux entrants, comme les agences techniques ou les consultants privés. Chaque année, des centaines de rapports, de notes d'orientation, d'articles scientifiques, d'émissions de radio et de télévision donnent la parole à une foule d'acteurs à la légitimité et aux intérêts hétérogènes.
[...] Un important CHU comporte ainsi encore dix-huit pôles en 2012. Enfin, le modèle polaire semble adapté davantage aux gros établissements et se résume souvent, pour les plus modestes, à une strate administrative supplémentaire sans véritable justification. Sur le plan de la décentralisation fonctionnelle, beaucoup de lacunes sont à déplorer. Comme le soulignent de nombreux rapports, la délégation de signature demeure l'exception. Au surplus, la délégation de gestion reste cantonnée à des secteurs limités, comme les dépenses d'hôtellerie ou de restauration ou encore l'approvisionnement en petit matériel. [...]
[...] L'empilement des textes législatifs et réglementaires semble en effet signaler l'apparition d'un gouvernement par la réforme qui intéresse singulièrement le système hospitalier dans le sillage du New Public Management (NPM). Le NPM est un terme utilisé à partir de 1980 pour décrire un ensemble de changements dans le champ du service public remontant à la fin des années 1970 (Peters, 2010). Il a été importé des pays anglo-saxons et promu par une partie de l'élite française avec l'appui d'acteurs externes (organisations internationales, cabinets de consultants, etc.). [...]
[...] Les réformes de l'administration française [1962-2008], 2009) se constitue, qui a pour finalité de recomposer les fonctions centralistes pour mieux piloter l'administration et faire front à l'européanisation des politiques publiques et la montée en puissance des organisations internationales créées à la Libération. Toutefois, il faudra attendre 1968 et la Rationalisation des choix budgétaires (RCB) pour assister à l'institutionnalisation d'un programme de réforme. La RCB remet en cause la vision planificatrice, selon laquelle seule la négociation des objectifs de politiques publiques représente un enjeu et non la mise en œuvre des mesures qui en découlent. [...]
[...] On retrouve ici la philosophie de Jean Picq, à qui on confie en 1993 la rédaction d'un rapport sur la réforme de l'Etat et de la gestion publique. Comme nous l'avons vu à propos de la RCB dans les années 1960, la réforme des services publics, parce qu'elle contribue à diffuser des représentations de nature à satisfaire une fraction de l'électorat, rencontre un certain succès en politique. S'intéressant au cas de la RGPP, Philippe Bezes (2012) distingue quatre phases de construction d'un leadership de rupture par Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2007 : un nouveau dispositif de réforme organisant la production de diagnostics, de buts et de décisions ; la construction d'un volontarisme politique réformateur destiné à lier les mains des ministères ; un répertoire de réforme administrative orthodoxe ; un discours présidentiel de rupture assis sur la remise en cause des manières de faire et des règles historiques existantes, notamment sur la fonction publique La rationalisation de l'administration est conçue comme un moyen d'enrôler les ministres, qui doivent prendre des engagements de réforme, et de concentrer la prise de décisions concernant les services publics par des mesures d'affichage et des instances centralisées. [...]
[...] D'autre part, c'est un moyen politiquement neutre de le satisfaire. Ses résultats sont présentés comme incontestables. Seuls ses critères sont parfois controversés. Pour Alain Desrosière (2011), les statistiques intégrant des critères de benchmarking, fixés de façon autoritaire et non débattus démocratiquement, constituent des outils de contrôle Nicolas Belorgey (2010) va plus loin, estimant que le benchmarking a pour unique finalité d'instaurer des critères de comparaison plus productivistes À tout le moins, on peut considérer que cette méthode est représentative de la montée du souci de soi de l'État, en ce qu'il publicise un exercice d'introspection qui avait lieu jusqu'ici dans des instances fermées (Bezes, Aux origines des politiques de réforme administrative sous la Vème République : la construction du souci de soi de l'État, 2002). [...]
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