Le 27 octobre 2005, trois jeunes se réfugient et se cachent dans un transformateur haute tension à Clichy-sous-bois, petite ville de la banlieue parisienne. Deux d'entre eux meurent électrocutés et le troisième est grièvement blessé. L'ambiguïté plane sur l'incident, à savoir que les jeunes auraient été poursuivis par des policiers. Le soir même, des violences éclatent. Dans les jours qui suivent, elles s'étendent petit à petit à d'autres banlieues comme Seine-Saint-Denis puis à l'extérieur du département Ile-de-France, à Lille, à Toulouse, à Starsbourg, etc. Du 6 au 7 novembre, 274 communes sont touchées, plus de 1400 véhicules sont incendiés et près de 400 personnes sont arrêtées. Les caméras de télévision du monde entier sont braquées sur ce qu'on appellera les émeutes des banlieues.
Plus d'un an après cet épisode violent de l'histoire contemporaine de la France, il est intéressant de s'interroger sur ce que ces événements ont révélé au reste de la planète. Il ne sera pas question ici de trouver des solutions aux problèmes que continuent de connaître les habitants des banlieues et les descendants d'immigrés, mais plutôt d'avoir comme point de départ la littérature produite en réaction aux émeutes des banlieues pour dresser un « état des lieux » actuel de la situation des Français issus de l'immigration et aussi de la France comme État et comme société accueillant des immigrants.
Ce travail peut également être vu comme un effort de synthèse fait en parallèle avec le contenu du cours La République française et « ses » étrangers. On traitera ici de deux grands thèmes qui se recouperont tout au long de l'analyse, à savoir celui de l'identité et de l'intégration. Crise d'identité, crise d'intégration ?
[...] Des attaques ciblées contre une institution qui n'apporte pas aux jeunes des banlieues des réponses à leur mal identitaire. Dans Banlieues en flammes, Charles Pellegrini explique qu'en 2003, 31% des jeunes issus de l'immigration sortent sans qualifications du système éducatif, contre 14% des Français de souche.[6] L'école est plutôt un autre environnement propice aux clivages entre les jeunes français de souche et ceux issus de l'immigration. Bernard Girard affirme qu'il n'y a pas égalité des chances en matière d'éducation : même lorsqu'ils sont intelligents et travailleurs, les lycéens de banlieue, [ ] sont condamnés à des formations qui ne mènent pas au sommet.[7] Il poursuit que les classes préparatoires sont concentrées dans les centres- villes et qu'il ne suffit plus d'être bon à l'école pour se tailler une place mais qu'il faut être bon et surtout provenir des bons lycées. [...]
[...] Il semblerait bien que la France soit au prise avec ces deux crises incontournables. Sont-elles nées avec les émeutes des banlieues ? Certainement pas ! De nombreux sociologues et chercheurs s'étaient penchés sur la question des banlieues, de l'immigration, de l'identité et de l'intégration dès 1970 et 1980. Ils ont d'ailleurs été les premiers à dire c'était inévitable ou on s'y attendait lorsque les violences urbaines ont éclaté. Ce qu'on révélé les émeutes, c'est bel et bien un mal de vivre de la jeunesse issue de l'immigration. [...]
[...] La cicatrice de la décolonisation et de la guerre d'Algérie a marqué la France dans son amour-propre et on croirait qu'une rancune permanente distance les citoyens français de souche de ceux issus de l'immigration. Mais l'histoire qui est écrite, en opposition à celle qui est enseignée, apporte certainement une réponse à la situation des jeunes issus de l'immigration. Lorsque la France s'est reconstruite et modernisée après la Deuxième Guerre mondiale, l'appel de main-d'œuvre a provoqué l'arrivée massive des premières générations d'immigrés. [...]
[...] On voit ici que la discrimination de faciès n'est plus le seul moyen de discriminer mais qu'il y a bel et bien une discrimination d'adresse ou une ségrégation spatiale qui joue contre les citoyens issus des banlieues. La situation est d'autant plus complexe et ambiguë qu'on confond parfois les problèmes de discrimination à celui d'une mauvaise situation globale de l'emploi. En quête désespérée de travail, les jeunes finissent par accepter des boulots pour lesquels ils sont surqualifiés. Les lois, programmes et initiatives étatiques pour arrêter cette discrimination s'inscrivent dans une vision à long terme et sont longues à élaborer. [...]
[...] cit. François LE FORESTIER DE QUILLIEN, op. cit., p.147. [...]
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