L'histoire de l'humanitaire est aussi ancienne que l'homme et remonte pour certains jusqu'à l'Arche de Noé. Il est difficile de définir la notion d'humanitaire tellement celle-ci est large. D'une façon très générale, l'humanitaire désigne ce qui vise à l'amélioration de la condition des hommes. Avant de prendre la forme essentiellement laïque qu'on lui connaît aujourd'hui, l'humanitaire a été pendant très longtemps mêlé à la religion. Charité et humanitaire étaient alors intimement liés. La création de la Croix Rouge, par Henri Dunant en 1863, inaugure un nouvel humanitaire. Trois principes donnent au mouvement Croix Rouge sa singularité par rapport à tout ce qui l'a précédé : la neutralité de la victime, l'organisation permanente des secours et l'instauration d'un droit humanitaire. Ainsi, la Croix Rouge Internationale se mobilise pour faire signer par les États une convention pour la protection des blessés de guerre. Elle y parvient en 1864, avec la Convention de Genève. C'est la première fois qu'un espace juridique propre à l'humanitaire est créé. Au 20ème siècle, les deux guerres mondiales constituent un défi important pour l'humanitaire. La Croix Rouge n'agit plus seule : la SDN et l'ONU sont notamment créées pour tenter de mettre la guerre hors la loi. Mais les guerres ne s'arrêtent pas après 1945 et l'humanitaire connaît de nouvelles évolutions, surtout à partir de la fin des années 1960.
Comment a donc évolué l'humanitaire depuis la fin des années 1960 ? Cette évolution a-t-elle élargi le domaine humanitaire ? Quelles sont ses limites ? Quels sont les problèmes posés par le nouvel humanitaire ?
Pour répondre à ces questions, nous verrons dans un premier temps comment le sans-frontiérisme a succédé à l'action humanitaire traditionnelle. Puis nous étudierons la transition du mouvement sans frontière à l'ingérence. Enfin, nous montrerons que ce nouvel humanitaire n'est pas sans poser certains problèmes et qu'il soulève de nouvelles questions.
[...] Ces manipulations sont à l'origine des premières fractures du sans- frontiérisme. Efficacité de terrain ou devoir de dénonciation, la question est une source de débats et de divisions. Dès 1978, certains fondateurs de Médecins sans frontières regroupés autour de Bernard Kouchner quittent l'association pour lancer l'opération Un bateau pour le Viêt-Nam Ils se retrouveront à l'origine de Médecins du Monde. C'est la première fracture du sans-frontiérisme. Ces années 1980, avec leurs nombreux conflits, apparaissent avec le recul comme des années de stabilité où les conflits sont ordonnés et l'humanitaire possible. [...]
[...] La population civile est touchée de plein fouet et le monde découvre les images horribles de la famine. Face à cette guerre, les instruments de l'action humanitaire traditionnelle ne répondent plus. Devant ce conflit intérieur, l'ONU est paralysée, le gouvernement nigérian empêche la Croix Rouge d'agir et les ONG préfèrent s'orienter vers le développement. Les Ibos meurent donc en direct devant une opinion publique épouvantée du fait de la médiatisation du conflit. La fondation de Médecin sans frontière et d'une génération d'associations inaugure le sans-frontiérisme Cette impuissance conduit quelques médecins français, partis avec la Croix Rouge et revenu conscients de ses limites, à fonder Médecins sans frontière. [...]
[...] La guerre froide avait paralysé les Nations Unies et rendu inconcevable toute action humanitaire trop directe des grandes puissances. Au contraire, depuis 1990, l'évolution chaotique des conflits impose à la communauté internationale une intervention directe. Durant la guerre froide, les rares interventions directes des Etats étaient justifiées par la nécessité de s'opposer à l'autre bloc. Par exemple, les Américains débarquent à Saint Domingue en 1965 pour faire barrage au communisme. Aujourd'hui, la communauté internationale doit trouver des motifs propres pour agir. [...]
[...] Les opérations militaires, qui étaient souvent cantonnées aux frontières, gagnent désormais l'intérieur des pays, voire des capitales comme Mogadiscio ou Kaboul. Les conflits deviennent de plus en plus dangereux et anarchiques. Les mouvements de guérilla, privés de leurs soutiens internationaux cherchent directement leur subsistance auprès des populations civiles, dont la situation devient particulièrement précaire. Avec le Biafra en 1968, on pensait avoir atteint le fond de la détresse humaine, la situation en Somalie, au Libéria ou au Rwanda montre qu'il n'en était rien. L'action humanitaire est plus que jamais indispensable. [...]
[...] Comment a donc évolué l'humanitaire depuis la fin des années 1960 ? Cette évolution a-t-elle élargi le domaine humanitaire ? Quelles sont ses limites ? Quels sont les problèmes posés par le nouvel humanitaire ? Pour répondre à ces questions, nous verrons dans un premier temps comment le sans-frontiérisme a succédé à l'action humanitaire traditionnelle. Puis nous étudierons la transition du mouvement sans frontière à l'ingérence. Enfin, nous montrerons que ce nouvel humanitaire n'est pas sans poser certains problèmes et qu'il soulève de nouvelles questions. [...]
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