La considération portée sur les sourds varie selon cultures. Chez quelques peuples dans l'Antiquité, la surdité est une honte, une affliction qu'il faut cacher. Chez les Egyptiens et surtout les Perses, « leur destinée est l'objet de la sollicitude religieuse du peuple. On regarde leur infirmité comme un siège visible de la faveur céleste. ». Dans les villages africains du Sud Sahara et dans les tribus indiennes, la surdité n'est pas un handicap majeur pour l'intégration (le sourd peut être chef du village).
En Europe, depuis PLATON, on pense que quelqu'un qui ne parle pas ne peut pas raisonner. Il y a selon lui une corrélation étroite entre parole et raison. ARISTOTE, son disciple, en déduit que les sourds sont donc « irrémédiablement ignorants », inéducables.
Les « sourds-muets » sont isolés. Il existe sans doute des conventions gestuelles dans les familles de sourds. Le sourd appartient à la vie communautaire, mais au même titre que les fous, les débiles, les « idiots du village ». Il ne reçoit que peu d'information, et ce lorsqu'elle lui est spécialement adressée.
La pensée majoritaire est qu'ils ne sont pas capables d'élaborer une langue par eux-mêmes. Pourtant au XVIème siècle, MONTAIGNE observe qu'ils « ont besoin des alphabets des doigts et grammaire en gestes » lorsqu'ils communiquent. On peut en déduire que les sourds sont déjà regroupés en communauté, bien avant le XVIème siècle.
Les personnes qui s'intéressent aux sourds n'ont que peu d'écho. Parmi eux, on peut citer St JERÔME et St AUGUSTIN à la fin du IVème siècle. D'après St AUGUSTIN, « ce vice même (la surdité) empêche la foi ».
[...] Le droit à la différence est invoqué. Des évènements convergents vont aboutir à la prise de conscience collective de la langue des signes comme source et instrument de la culture sourde. La prise de conscience Certains font remonter le renouveau du mouvement sourd au Sixième Congrès de la Fédération Mondiale des Sourds qui s'est déroulé à Paris en 1971. Les sourds et les entendants français y prennent conscience de la richesse et de l'efficacité des traductions simultanées en langue des signes. [...]
[...] De nombreux écrivains et artistes sourds voient le jour. Parmi eux, le poète PELISSIER et le peintre PEYSON. La mobilisation de la communauté Evénement social important pour les sourds : BERTHIER crée en 1834 la Société Centrale des Sourds-Muets de Paris qui rassemble, anime la communauté des sourds. On y organise chaque année un banquet pour célébrer l'anniversaire de l'Abbé de l'Epée. Ces banquets prennent une grande dimension et deviennent un événement international. Il s'y échange une quantité d'informations. Les sourds y élaborent une prise de conscience de leur héritage, la fierté de leur langue et de leur différence. [...]
[...] Il s'applique à démonter ces faits dans son ouvrage. Il rend également hommage aux . ) deux seuls hommes qui, dans l'histoire de l'éducation des sourds, aient eu le génie de créer et la volonté d'agir : l'un est l'abbé de l'Epée et l'autre ( . ) est Pedro Ponce de Léon, moine bénédictin espagnol ( . (p.79). II) Histoire de la langue des signes Pourtant cette "contre-histoire" fait partie de l'histoire des sourds car elle l'a modelée. Mais si l'on parle de l'éducation oraliste, il s'agit aussi d'évoquer la langue des signes. [...]
[...] Mais l'atmosphère combative de ces débats renforce la crainte des oralistes de voir remplacée la parole par la langue des signes. On est encore loin d'un accord possible . Le mouvement se diversifie Les militants du mouvement se regroupent, en marge des institutions officielles, dans des associations nouvelles, partout en France, pour défendre la LSF. IVT est constitué en association sous le nom de Centre Socio-Culturel des Sourds (CSCS) au château de Vincennes, et l'Académie de la Langue des Signes Française (ALSF) siège à l'Institut National des Jeunes Sourds à Paris, nous l'avons vu. [...]
[...] Les instituts de Paris et de Lyon reste les derniers bastions de l'enseignement gestuel, jusqu'au congrès de Milan en 1880. La langue des signes va être alors bannie de l'éducation des sourds. Le congrès de Milan est l'aboutissement fatal après de nombreuses années de conflit. Le congrès de Milan C'est en 1878, à l'occasion de l'Exposition Universelle, qu'un mini- congrès se réunit en toute hâte à Paris. Il est organisé de telle sorte que presque seuls des enseignants oralistes peuvent s'y rendre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture