La canicule entendue comme un évènement météorologique exceptionnel, pouvant entraîner de graves risques sanitaires, sociaux et environnementaux, s'est intégrée dans notre représentation mentale de la crise seulement depuis l'été 2003. L'élaboration de divers plans « Canicule » par les pouvoirs publics chaque année et les régulières recommandations de tous les représentants de la santé publique, lorsqu'une hausse sensible des températures est annoncée, témoignent de l'impact que cette crise climatique a eu sur l'opinion publique. Cet épisode, hors du commun de par son ampleur, possède également la caractéristique de s'inscrire dans une temporalité longue (...)
[...] Aucune directive gouvernementale ou nationale n'a influé sur l'évolution de la crise avant l'intervention télévisuelle du docteur Pelloux le 10 août. Devant l'inaction des autorités publiques, les divers services et organismes, sans vision stratégique précise, se sont simplement efforcés d'assurer au mieux l'accès aux soins pour les populations touchées, en prenant à leur échelle des mesures exceptionnelles (rappel des infirmières, appel aux volontaires de la croix-rouge, Le déclenchement du plan blanc le 13 août par le premier ministre a permis simplement l'élargissement de mesures déjà prises par le monde médical et hospitalier, avec des moyens plus conséquents. [...]
[...] De nombreuses DDASS informent la DGS de l'anormalité de la situation. Celle-ci demande à l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) de mettre en place un dispositif de surveillance des décès liés à la canicule. Des chefs de services, des responsables de pôles santé (gériatrie par exemple), des urgentistes contactent la DGS qui après retour d'informations décide de publier un communiqué de presse mettant en garde contre les risques sanitaires liées à la canicule Août). A son tour, le responsable du SAMU de Paris alerte la direction générale de l'AP-HP (hôpitaux de Paris) qui décide de monter une cellule de crise et demande à tous les directeurs des établissements hospitaliers concernés de libérer un maximum de lits. [...]
[...] Le 1er août Météo-France annonce l'arrivée d'une nouvelle vague de chaleur pour la première décade. En effet, des records de température maximale vont être battus durant ces quelques jours. Des températures supérieures à 35°C sont observées sur les 2/3 du territoire. Le 4 août, les hôpitaux parisiens connaissent une première augmentation des consultations en urgence et les premières interventions des sapeurs-pompiers dues à la sécheresse sont signalées. L'impact sanitaire de la canicule n'est pas encore évoqué à ce moment là alors que la chaleur se maintient en France. [...]
[...] La canicule de 2003 s'inscrit dans cette thématique puisque la crise se déroule sur une temporalité longue. Enfin, à l'inverse d'autres crises météorologiques (coulée de boue, raz-de-marée, cette crise n'a pas pour déclencheur un fait spectaculaire permettant la prise de conscience immédiate du phénomène singulier. Si la canicule peut historiquement se dater du 1er au 13 août, elle est néanmoins la résultante de facteurs météorologiques observés les semaines précédentes. La non prise en compte de l'aspect durable de cette vague de chaleur par les pouvoirs publics reflète les dysfonctionnements des outils d'alerte et de prévention. [...]
[...] Cet épisode, hors du commun de par son ampleur, possède également la caractéristique de s'inscrire dans une temporalité longue. En effet la canicule est par définition le résultat d'une hausse sensible et durable des températures sur un point donné. Dès lors, la notion même de menace n'est pas de suite perçue par les citoyens, du fait de l'imprévisibilité relative de cet évènement. Il paraît donc opportun de s'intéresser à la transition entre la diffusion d'informations météorologiques, certes exceptionnelles mais difficilement perceptibles par la population et la prise de conscience des autorités sanitaires puis politiques sur le risque encouru. [...]
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