La France hostile. Socio-histoire de la xénophobie (1870-1914) - Laurent Dornel

Résumé du document

Dans cet ouvrage tiré de sa thèse soutenue en 2001, Laurent Dornel développe une approche de la xénophobie à travers un essai de socio-histoire qui met en exergue les discours et les pratiques sociales à cet égard. La xénophobie se constitue entre les années 1870 et 1914 en tant que système de pensée et d'action, et il apparaît pertinent d'étudier les origines de ces thèmes, en résurgence aujourd'hui, d'autant plus qu'il s'agit d'un point aveugle de l'historiographie française. L'enjeu du livre est ainsi de montrer l'envergure de la question de l'étranger en tant qu'enjeu politique lié à l'installation et l'enracinement de la IIIe République, mais aussi de comprendre comment et pourquoi la xénophobie se structure comme système à la fin du XIXe siècle. L'analyse de Laurent Dornel consiste ainsi, par le truchement de l'étude des pratiques sociales, à établir que la xénophobie en tant que mouvement social est porteuse d'évolution, en gardant à l'esprit tout au long de son travail l'importance du « lien social » que peuvent arborer ces pratiques sociales.

Extraits

[...] La France hostile. Socio-histoire de la xénophobie (1870-1914, Laurent Dornel Dans cet ouvrage tiré de sa thèse soutenue en 2001, Laurent Dornel développe une approche de la xénophobie à travers un essai de socio- histoire qui met en exergue les discours et les pratiques sociales à cet égard. La xénophobie se constitue entre les années 1870 et 1914 en tant que système de pensée et d'action, et il apparaît pertinent d'étudier les origines de ces thèmes, en résurgence aujourd'hui, d'autant plus qu'il s'agit d'un point aveugle de l'historiographie française. [...]

[...] On peut également noter que grâce à son étude des pratiques sociales, un apport considérable a été fourni aux études des discours xénophobes qui ont pu prospérer durant la même période. Cet apport n'est autre que le lien logique et réel 1entre ces différents discours, articulés autour d'une même idée centrale xénophobe, mais pourtant divergente du fait d'intérêts variables et d'influences diverses. Au terme de son ouvrage, Laurent Dormel parvient à étudier le mouvement de xénophobie dans la France de la Belle-Epoque avec une analyse des pratiques sociales, des discours et des représentations collectives. [...]

[...] L'idée de diffusion de la xénophobie au-delà du monde ouvrier est avancée dans la deuxième partie du livre : c'est aussi une question politique et même scientifique. En effet, après avoir distingué les causes directes des plus profondes, Laurent Dornel voit en ces expressions une forme de mobilisation sociale qui acquiert peu à peu un caractère plus politique et tend à s'autonomiser. La problématique du travail national est ensuite développée dans le champ politique, où l'on oppose un protectionnisme, non partisan avant d'être récupéré par une droite radicale, à un libéralisme qui craint la submersion du pays à cause d'une crise démographique. [...]

[...] Dans la dernière partie du livre, l'unification progressive de la figure de l'étranger est abordée, en soulignant la discordance des acceptions jusqu'alors. Le rejet de cet Autre permet alors de lier la conscience de classe ouvrière à la conscience nationale, comme le met en évidence l'auteur avec l'idée de double intégration d'autant plus forte dans les zones frontalières. La xénophobie induit une certaine nationalisation de la société de sorte qu'elle sert à renforcer la solidarité entre Français et à fortifier le lien social. [...]

[...] De la même manière, la présentation des sources semble peu développée de sorte que le cheminement réalisé par l'historien n'est pas des plus précis, et par voie de conséquence il n'est pas évident de pouvoir affirmer son objectivité. Ainsi, on peut objecter que la participation ouvrière à la xénophobie et notamment du groupe dit des terrassiers est sans doute surestimée dans cet ouvrage. De même, le contexte historique est peu mis en relief, il aurait été intéressant de saisir la xénophobie au gré des évolutions historiques dans la société française de la Belle-Epoque. [...]