Se demander si la France est condamnée à vieillir est donc moins pertinent que de savoir comment accompagner ce vieillissement, comment en neutraliser les effets négatifs. Vieillir est-il vraiment une « condamnation » ? Une société vieillissante est-elle forcément moins dynamique ? La France est-elle condamnée à voir sa population, et par là son économie, sa culture, décliner ?
Si la France a une histoire démographique originale marquée par la hantise du déclin depuis deux siècles (I), on peut toutefois se demander si l'amplification du vieillissement qu'elle connaît depuis le début des années soixante-dix est inéluctable et quelles en seront les conséquences et les alternatives (II)...
[...] Cette quasi-stabilité est d'autant plus remarquable que les femmes de 20 à 40 ans, c'est-à-dire qui donnent naissances à 96% des nourrissons, sont de moins en moins nombreuses depuis 1994, les générations du baby-boom étant remplacées par des générations moins nombreuses. Si les naissances se maintiennent à ce niveau, c'est que les femmes continuent à avoir en moyenne plus d'enfants qu'au cours des années quatre- vingt-dix explique l'INSEE. La fécondité est ainsi passée de 1,68 enfants par femme en 1994 à 1,91 enfants par femme en 2003. [...]
[...] Au 1er janvier des français avaient 65 ans ou plus contre 14,6% en 1994. Sur ces dix ans, la part des moins de 20 ans est passée de 26,7% à 25,3%. Tout en demeurant moins alarmants que ceux des autres pays européens, ces chiffres sont néanmoins préoccupants car ils représentent une tendance lourde difficilement fléchissable. Compte tenu de ces facteurs et en l'absence d'une immigration capable de compenser les déficits, la population de la France pourrait diminuer dans un quart de siècle environ, et bien avant mettre en péril les équilibres fragiles de nos société, dans les domaines des retraites, de l'assurance maladie mais aussi plus largement dans les champs économiques, sociaux et culturels. [...]
[...] Or, la présence d'enfants dans le couple constitue un coût en temps et en argent. Dans le même temps, la place de l'enfant dans le couple change ; au fur et à mesure que se développe l'idée de mobilité sociale individuelle, il devient l'objet d'un investissement, notamment éducatif, ce qui alourdit son coût. Ce phénomène va dans le sens d'une réduction du nombre d'enfants dans le couple. Le changement de statut social des femmes participe aussi à cette transformation puisqu'elles peuvent désormais maîtriser leur fécondité, l'évolution des techniques et de la législation le leur y autorisant, avec en 1967 la loi Neuwirth libéralisant la contraception et la loi Veil de 1975 sur l'interruption volontaire de grossesse. [...]
[...] La vigueur de la reprise de la fécondité au lendemain de la guerre a été impressionnante. Alors que, depuis 1890, cette fécondité était régulièrement inférieure au niveau de remplacement des générations, dès 1946, elle bondit à 30% au-dessus de ce niveau et, surtout, elle se tient à cette hauteur pendant une vingtaine d'années, avec un accroissement naturel de Il n'est pas interdit de penser qu'un tel sursaut est dû, au moins en grande partie, à la politique qui a été mise en œuvre à la veille et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : Code de la famille en 39, institution de la sécurité sociale en 1945. [...]
[...] La France est-elle condamnée à voir sa population, et par là son économie, sa culture, décliner ? Si la France a une histoire démographique originale marquée par la hantise du déclin depuis deux siècles on peut toutefois se demander si l'amplification du vieillissement qu'elle connaît depuis le début des années soixante-dix est inéluctable et quelles en seront les conséquences et les alternatives (II). LA FRANCE, UNE HISTOIRE DÉMOGRAPHIQUE ORIGINALE MARQUÉE PAR LA HANTISE DU DÉCLIN La France, ouvrant la voie ou participant à des phénomènes de vieillissement concernant tous les pays développés, n'en garde pas moins une certaine originalité. [...]
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