« Qu'il reprenne goût à la vie », voilà ce que répondit Monsieur le Président Chirac lorsque Vincent Humbert, un jeune tétraplégique, lui demanda le droit de mourir en Décembre 2002. En dépit de ce refus du président, Marie Humbert, la mère du jeune homme, le délivra finalement de ses souffrances et de son malaise avec l'aide de son médecin, le Docteur Chaussoy, le 26 Septembre 2003. Ils furent instantanément arrêtés pour tentative de meurtre et meurtre, cependant, le 2 Janvier 2006, un non-lieu fut requis par le parquet à l'encontre de Marie Humbert et du docteur Chaussoy, laissant planer un certain mystère sur la question de l'euthanasie en France. Dans le même temps, en Décembre 2003, 88% des Français se disaient favorables à l'euthanasie. Outre de la compassion pour la famille Humbert, il se cache certainement derrière ces chiffres un manque d'information.
Qu'est-ce que l'euthanasie ? Le mot est formé du grec eu qui signifie bien et thanos, la mort. Euthanasie signifie donc littéralement belle mort ou mort douce. Mais au-delà de ce sens étymologique, il faut distinguer plusieurs types d'euthanasie dont la différence première tient à la volonté du malade : dans certains cas, il n'est plus conscient et la décision de sa mort revient au corps médical et à sa famille, dans d'autres, il est conscient et demande lui même la mort, sachant que sa maladie est incurable ou n'ayant plus le goût de vivre à cause d'un lourd handicape.
Cette gradation de l'euthanasie ne résout pas entièrement les problèmes de définition qu'elle pose, en effet, où commence l'euthanasie et où s'arrête l'acharnement thérapeutique ? Un médecin doit-il tout faire pour prolonger la vie d'un patient incurable dans la mesure où son code de déontologie lui donne le devoir de faire tout son possible tant que ce malade n'est pas décédé, ou bien au contraire, doit-on considérer qu'un mourrant, puisqu'il est condamné quoi qu'il arrive, a au moins le droit de ne pas souffrir ? En ce qui concerne le suicide assisté, peut-on refuser le droit de mourir à une personne libre de disposer de son corps et intellectuellement consciente au nom d'un principe d'éthique qui voudrait que la mort ne soit jamais désirée par celui qui la rencontre, ou bien faut-il admettre que chaque personne responsable a le droit à l'euthanasie, elle seule étant à même d'exprimer sa perception de la vie ? Faut-il légaliser l'euthanasie ?
Si la légalisation de l'euthanasie pose des problèmes d'ordre juridique et moral qui la rendent difficile (I), elle n'en reste pas moins nécessaire dans une société qui la pratique couramment (II).
[...] À travers l'explication de ce que sont tous les niveaux d'euthanasie, on se rend compte que sa légalisation pose un réel problème juridique : comment légaliser l'euthanasie alors que ce terme désigne des pratiques opposées ? Pourquoi accepte-t-on l'euthanasie passive en tant que solution contre l'acharnement thérapeutique alors que dans tous ces cas, le malade n'a pas demandé cela (du fait qu'il est inconscient) ? Au contraire, sera-t-il envisageable de rendre l'aide au suicide légale tout en interdisant les euthanasies sur des malades qui ne l'ont pas décidé ? Pour légiférer sur l'euthanasie, il faudrait donc d'abord se sortir d'un casse-tête sémantique et juridique. [...]
[...] Comment peut-on à la fois constater au quotidien des actes d'euthanasie sur des malades inconscients et refuser d'accorder le droit de mourir à quelqu'un comme Vincent Humbert qui le demande ? Pourquoi ne pas rendre légal quelque chose que l'on constate tous les jours ? Puisque nous venons de voir que l'euthanasie est un fait dans le monde hospitalier français même si elle est sévèrement punie, il convient maintenant d'insister sur le fait qu'il faille la légaliser. B. Il faut légaliser l'euthanasie Puisqu'elle est courante, légalisons l'euthanasie. [...]
[...] Au-delà des problèmes de volonté du patient, il faut lutter contre l'acharnement thérapeutique et permettre au malade voulant mourir, et au médecin estimant que ses chances de réanimations sont inexistantes, de pratiquer l'euthanasie. Le non-lieu requis à l'encontre de Madame Marie Humbert et du Docteur Chaussoy est peut-être le signe d'une évolution progressive de la justice française par rapport à l'euthanasie Bibliographie indicative Peut-on légaliser l'euthanasie ? Par Marie de Hennezel, André Comte- Sponville, et Alex Kahn L'euthanasie : Réflexions éthiques. Actes des 3es Journées pédagogiques d'Ethique médicale d'Amiens par Jean-Charles Boulanger, Collectif, Maurice Laude, et Alain-Abbas Safavian, 2002. [...]
[...] Pour apporter une réponse à cela, il suffit de regarder le code de déontologie médical qui, en son article 37 nous apporte une réponse, en effet, sitôt après avoir demandé au médecin d'informer clairement son patient, le code apporte une restriction laissée à la seule appréciation du médecin : en toutes circonstances, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade, l'assister moralement et éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique Par ailleurs, le code stipule bien que si le malade est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin ne peut agir sans que ses proches aient été prévenus ou informés puis, il ajoute aussitôt sauf urgence ou impossibilité (article 36). On remarque bien que cela laisse au médecin toute latitude d'apprécier l'une ou l'autre de ces deux dernières clauses. Le médecin doit donc prendre ses responsabilités en cas d'arrêt des traitements. Il était dit en introduction que des Français se jugeaient favorables à la légalisation de l'euthanasie en décembre 2003, cependant, il est couramment reconnu que ce chiffre baisse largement lorsqu'une personne rencontre le problème pour elle-même ou l'un de ses proches. [...]
[...] Mais, le plus fréquemment, on choisit la désescalade thérapeutique : on arrête tout traitement curatif, sauf bien sûr, l'hydratation et la douleur. Et la fin de la vie se déroule Je crois que l'euthanasie active est marginale en France, mais il est vrai que la différence est parfois ténue. Lorsque l'on décide d'arrêter le respirateur artificiel, on va augmenter les doses de calmants pour que la personne ne souffre pas Cela nous montre à quel point l'euthanasie est devenue courante dans le monde hospitalier. [...]
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