Droit à la différence, Etat nation, égalité, particularisme, communautarisme
« Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage » nous dit Montaigne. A l'origine, du mot barbare, utilisé par les guerriers athéniens, se trouvent des individus dont la langue apparaissait inintelligible, c'est-à-dire dont on ne parvenait pas à dire la différence. La différence, c'est bien le caractère par lequel deux individus ne sont pas semblables ; elle caractérise ce qui les distingue, et plus encore, ce qui les oppose. Le droit à la différence, comme droit d'être reconnu dans toute sa spécificité se perçoit donc dans la relation à l'autre, dans la capacité à Vivre ensemble, entre êtres particularisés. Très vite l'on perçoit tout le paradoxe entre une construction nationale qui présupposait la juxtaposition d'un état en tant qu'organisation politique à une nation, c'est-à-dire des individus se considérant comme liés et appartenant à un même groupe, et le constat actuel d'une tension entre cette homogénéisation nationale et l'hétérogénéité de fait de la population. L'admission du droit à la différence semble dès lors être plus qu'une interrogation, un véritable enjeu de société.
[...] », chacun serait « pareillement unique ». Dans cette ère postmoderne, Lipovetsky nous montre « qu'obsédé par lui seul, à l'affût de son accomplissement personnel et de son équilibre, Narcisse fait obstacle aux discours de mobilisation de masse. Aujourd'hui les appels à l'aventure, au risque politique restent sans écho. » Cela conduit à une dévitalisation de la politique et de la vie publique. Au sens politique, Aristote nous dit « on ne fait pas une société à partir d'Hommes semblables. [...]
[...] Cependant comment alors ne pas craindre de retomber dans cet écueil du communautarisme. En 2004, le rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme aux Nations Unies souligne que « la problématique centrale de la plupart des sociétés modernes réside dans la contradiction profonde entre le cadre de l'Etat nation, expérience d'une identité exclusive et le processus dynamique de multiculturalisme de ces sociétés par la diversité croissante des communautés et des groupes ethniques, culturels et religieux. » A cette interrogation, Habermas dans L'Idée Républicaine développe l'idée selon laquelle l'Etat nation ne pourrait plus aujourd'hui remplir son rôle intégrateur car il ne serait plus constitué d'une population homogène. [...]
[...] La crainte du communautarisme où de ce que G. Becker appelle le « grand mouvement de recomposition des identités collectives par appariements sélectifs » exige donc pour les révolutionnaires de maîtriser les fondements des différences des individus. Ces derniers, débarrassés de toute entrave historique et sociale se révèlent pour l'essentiel semblables entre eux. Le but de l'association politique va donc viser à la réduction des hétérogénéités par l'association des futurs citoyens dans une culture commune par le moyen de l'école de la République. [...]
[...] L'homogénéisation peut ainsi conduire à un refus du droit à la différence qui engendre une contradiction avec l'objet même de la nation : vivre ensemble, dans la mesure où elle empêche la reconnaissance des particularismes de chacun et donc son développement, mais également la constitution du corps politique. Partie 2. Le droit à la différence un obstacle au développement personnel des individus à l'origine d'une singularisation excessive qui s'avère dangereuse pour la vie politique Spinosa nous dit « Omnis derterminatio negatio », dès lors, on se définit toujours par la négative, par ce que l'on n'est pas, par la différence. Par suite, la reconnaissance de la différence de l'autre permet son développement. Lui nier ce droit c'est lui nier son existence propre. [...]
[...] La négation du droit à la différence, comme fondation nécessaire du concept d'Etat nation et de l'égalité théorique interindividuelle Dès 1789, la consécration des libertés va se rattacher aux théories de l'état de nature, elle cherche à substituer à la réalité objective des différences et donc l'inégalité entre les hommes le concept d'égalité originaire des Hommes. En réaction à l'Ancien régime fondé sur les distinctions où, Tocqueville nous dit à propos de l'aristocratie que « c'est à peine s'ils croient faire partie de la même humanité. », le propre de la Révolution française va constituer à promouvoir un individualisme universalisant. Chaque Homme est alors perçu comme l'égal de l'autre, dans sa relation avec l'autre. S. [...]
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