Dans l'adaptation cinématographie "Soylent Green" en 1973 de l'ouvrage de Harry Harrison "Make Room !" Make Room ! (1966) on décrit un futur dystopique où la croissance démographique explose, entraînant des tensions, et des guerres. Cette sur-population s'accompagne également d'un creusement d'inégalités entre d'un côté, la majorité écrasante qui subsiste de substitut alimentaires dont le fameux Soylent Green, et est stérilisée par les autorités pour limiter la croissance démographique.
[...] Cela veut que la lutte contre les rentiers ne peut plus être violente. Pour autant que ces deniers continuent d'être dénigrés comme membres oisifs et improductifs de la société, ils restent des individus dont l'intégrité physique et personnelle reste inviolable, ce qui implique que le pouvoir dans une démocratie libérale doit recourir à d'autres moyens pour réduire les rentiers. C'est pour cela que les premiers gouvernements issus de l'Après-Guerre ont embrassé l'Etat-providence, et ont imposé au passage une réforme du système fiscal qui pénalise lourdement les rentiers. [...]
[...] La guerre civil exacerbe l'attitude du pouvoir soviétique vis-à-vis d'individus qu'elle regroupe dans une classe sociale en entier. Les rentiers, qu'ils soient propriétaires des usines Putilov à Petrograd, ou un agriculteur prospère (Kulak) dans le Donbass en Ukraine sont systématiquement spoliés de leurs biens, et très fréquemment exécutés ou envoyés au Gulag. L'exil dans ces camps de travail découlent d'une vision qui n'est pas fondamentalement différente de celle avancée par Aristote : le rentier est un danger pour la société car d'une part il ne contribue pas à sa son gouvernement, et d'autre part son pouvoir financier lui procure un poids politique disproportionné. [...]
[...] La confiscation d'une rente ne signifie pas que cette dernière continuera à exister, ni qu'elle sera réellement redistribuée au bénéfice de tous. De plus, si le pouvoir se proclame démocrate, juste et équitable, la liquidation physique de rentier est à contre-temps des valeurs des droits humains et du respect de la vie humaine inhérentes. L'attitude à prendre serait donc d'empêcher la constitution d'une classe de rentiers. Les instruments fiscaux, qui sont des outils de redistribution non violents, sont un outil idéal pour les raisons suivantes : d'abord, les impôts s'adossent à un corpus juridique et législatif qui s'affranchit de l'arbitraire. [...]
[...] Le développement de cette démocratie aristocratique avait pour but de créer une classe moyenne large, prospère et suffisamment guerrière pour protéger la cité des agressions extérieures. Aristote anticipait correctement que sans cette implication des citoyens dans la vie de leur cité, le gouvernement de celle-ci allait basculer graduellement vers une oligarchie qui cherchera à limiter le pouvoir de gouvernement de ces citoyens. Dans ce contexte, l'homme libre, propriétaire mais non rentier a l'obligation de renverser la tyrannie oligarchique, surtout lorsque celle-ci est dirigée par une classe oisive, tirant ses revenus d'activités qu'elle ne pratique pas elle-même. [...]
[...] Le dénouement de cet environnement où la tension est palpable est la découverte que Soylent Green, le dernier substitut alimentaire présenté comme nutritif et peu cher, et est en réalité une extraction à partir des cadavres des personnes âgées décédées dont les corps sont récupérés par les autorités dans le plus grand secret. La place des personnes les plus âgées dans le circuit économique et dans la société est notamment pertinente dans la manière dont la société se comportement vis-à-vis des rentiers. D'après l'Autorité des Marchés Financiers l'âge moyen des investisseurs actifs en 2015 était de 56 ans, avec plus de la moitié d'entre eux qui ont plus de 60 ans, et près de 93% d'entre eux sont des hommes. [...]
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