Fiche de lecture relative à l'ouvrage controversé "Fausse Route" d'Elisabeth Badinter. Cet essai dénonce les dérives d'un féminisme qui ferait "fausse route". La fiche de lecture met en avant les grands thèmes de l'ouvrage (la victimisation croissante des femmes, la juridicisation des rapports hommes/femmes, le séparatisme sexuel) et présente une synthèse des différentes critiques qui ont pu être adressées à cet essai.
[...] Fausse Route. Elisabeth Badinter Elisabeth Badinter, philosophe contemporaine, dans cet essai, met en accusation le féminisme tel qu'il s'est incarné depuis une vingtaine d'années. Fille de l'ancien dirigeant de Publicis, Marcel Bleustein-Blanchet, elle est à 62 ans, l'une des intellectuelles qui a pourtant le plus ardemment construit l'édifice théorique dont s'est nourri le féminisme français. Ses convictions féministes se révèlent réellement à seize ans lorsque qu'elle lit le deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Pendant trente ans, la philosophe a accompagné le combat militant du Mouvement de libération des femmes (MLF). [...]
[...] Elles ont travaillé sur trois grands thèmes : le viol, le harcèlement sexuel et la pornographie estimant qu'ils formaient un ensemble de faits (coups et blessures) qui relèvent de la même violence à l'encontre des femmes A ces thèmes, on peut ajouter la prostitution, le strip-tease et tout ce qui concerne de près ou de loin la sexualité. Ces travaux ont ainsi abouti à une même conclusion : la nécessité de contraindre les hommes à changer leur sexualité qui serait selon ces féministes trop violente à l'égard des femmes. Ces travaux après s'être heurtés aux violentes oppositions de féministes libérales ont néanmoins profondément inspirées le féminisme actuel l'orientant de plus en plus vers un discours victimisant des femmes. C'est ainsi que le harcèlement sexuel a été reconnu comme une forme de discrimination sexuelle aux Etats-Unis en 1986. [...]
[...] Ce discours séparatiste est alimenté par des propos attribuant aux femmes des qualités particulières : elles seraient ainsi moins ambitieuses, plus proches du terrain en faisant de l'homme un portrait si caricatural, l'idéal maternel et ce qu'il implique en terme de vision de la femme a refait son apparition : en introduisant le différencialisme, on remet en avant les caractéristiques traditionnelles de la femme et donc on revient à un discours pré-féministe. une violence universelle Badinter souligne que la violence n'est pas un trait purement masculin. [...]
[...] Pourtant, ce ne sont pas tant, selon Badinter, les carences des idées des premières féministes qui ont empêché la disparition des différences entre hommes et femmes, mais davantage les difficultés économiques auxquelles la France a été confrontée. De plus, les hommes semblent ne pas avoir joué le jeu de l'égalité et l'Etat semble s'être désintéressé de la question. Avec la montée du chômage, de nombreuses femmes ont préféré retourner chez elles recevant en retour une aide parentale. L'époque n'était guère propice aux revendications féministes. [...]
[...] Cela s'apparenterait à un retour à l'ordre moral et à l'idée de pêché. De plus, la philosophe dénonce la volonté de contractualiser les rapports sexuels entre hommes et femmes : en indiquant tout ce qui est admis et tout ce qui ne l'est pas cela ôterait l'érotisme des relations sexuelles. Les femmes peuvent dire non sans avoir besoin contrat écrit. D'autre part, toute pression psychologique ne peut contrairement à ceux que prétendent certaines féministes frapper la sexualité d'une immédiate illégitimité Ce nouveau féminisme vise à contraindre la sexualité masculine et à légaliser les pratiques sexuelles. [...]
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