Quand il vient au monde, l'individu se trouve à l'état de nature. C'est ce que montrent les multiples exemples d'enfants sauvages qui grandirent sans recevoir d'éducation, conservant et développant leurs « instincts naturels ». Hormis ces cas exceptionnels, l'individu sera pourtant appelé au cours de sa vie à évoluer dans la société humaine. Il devra pour cela atteindre l'état de culture, c'est-à-dire être capable de socialisation. Cet état de culture nécessite ainsi que l'individu reçoive une éducation. En ce sens, la société possède une responsabilité envers celui-ci : elle est donc investie d'une mission éducative.
Si diverses institutions se sont vues garantes de cette mission au cours des siècles (on pense ici à la communauté entière dans la société spartiate ou à l'Église durant le Moyen-Age), elle est aujourd'hui, dans la majorité des cas, l'apanage de l'Éducation nationale et de la famille. Derrière l'Éducation nationale se cache ainsi l'État-providence qui la finance et la dirige. Ce sont donc ces deux institutions qui se partagent la mission éducative. Cependant, loin d'être strictement complémentaires, ces deux acteurs s'opposent parfois, l'un visant à réduire l'influence de l'autre.
[...] La mise en œuvre de cette intervention durant la seconde moitié du XX°s : l'Etat-providence semble se substituer à la famille dans la mission éducative. - C'est dans l'État-providence que s'est exprimé le plus complètement ce dessein démocratique à travers une politique de redistribution et d'aides sociales. D'ailleurs, la transformation du mode de reproduction de la structure sociale passe alors de plus en plus par des systèmes publics de redistribution des ressources et cela modifie également le droit de la famille : les structures familiales deviennent des catégories de redistribution et de transferts sociaux, notamment avec l'apparition des prestations familiales et du quotient familial. [...]
[...] Il incombe donc à l'État providence s'assurer cette égalité des chances, via la mission éducative. - G. Esping Andersen prône notamment un État-providence centré sur l'enfance. En effet, toutes les recherches montrent que le destin des enfants reste déterminé par les origines parentales''. Son analyse de l'enquête PISA montre que le capital culturel des familles pèse deux fois plus dans l'acquisition de la lecture que les revenus. Seule une politique publique volontariste peut pallier ces inégalités. Par exemple, le développement des crèches et autres formes collectives de garde d'enfants permet de fournir des solutions efficaces d'égalisation du développement intellectuel. [...]
[...] Si l'action de l'État-Providence a en partie externalisé la mission éducative de la sphère familiale la crise de l'éducation appelle cependant à la recherche d'un équilibre entre deux acteurs plus efficace (II). L'action de l'État providence tend à faire sortir la mission éducative de la sphère familiale dans un dessein démocratique. L'intervention de l'État dans la mission éducative est une nécessité démocratique. - La République française, fondée par volonté démocratique, s'appuie sur un principe majeur qui est celui de l'égalité entre les citoyens. Une égalité absolue entre tous les individus étant strictement impossible, il s'agit en réalité d'assurer l'égalité des chances pour chaque individu. [...]
[...] - On peut également envisager de modifier à la source le fonctionnement de l'institution scolaire. La grande protection salariale dont bénéficie le métier d'enseignant (qui est une manifestation d'un contrôle de l'État) peut être un des facteurs explicatifs des mauvais résultats de l'école publique aujourd'hui. On pourrait également repenser la formation des maîtres d'école, formés en IUFM selon des méthodes spécifiques empruntées à la science de l'éducation et plus largement à la psychologie éducative qui est souvent remise en cause par certains sociologues et psychologues. [...]
[...] Réviser la politique éducative de l'État. - La politique mise en œuvre jusqu'à maintenant ayant montré ses limites, il faut envisager de nouvelles manières d'intervenir pour l'État. En effet, selon F. X Merrien (1996), l'État providence est conçu pour une société relativement homogène au sein de laquelle l'immense majorité de la population dispose d'un emploi stable, et non pour une société dans laquelle une part importante de la population se trouve de manière quasi permanente à l'écart du travail et ne participe que de manière marginale à la vie sociale. [...]
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