Qu'est-ce qu'enfermer ? Qu'est-ce que l'enfermement carcéral ? Questions essentielles, mais également complexes. Pourtant, les gestes sont simples : on se saisit d'individus qui se sont mal conduits et on les enferme. Les moyens matériels sont simples également : des murs, des cellules, des barreaux, des portes, des clés, des alarmes.
Cette opération a deux sortes de conséquences principales. Tout d'abord enfermer consiste à établir une relation de force : une force des moyens forts sont déployés face aux individus que l'on enferme. L'institution de la ‘force carcérale' crée immédiatement une autre réalité : celle du danger ou la dangerosité.
Il apparaît essentiel de s'interroger sur le sens même de cette pratique, car enfermer prend des significations diverses selon le lieu et l'époque. S'il s'agit bien de punir celui qui a commis un acte de faute, l'enfermement peut être conçu dans la perspective unique d'infliger une souffrance (comme le condamné a pu faire souffrir sa victime), de réparer ou encore d'amender et donc de transformer la privation de liberté en une démarche visant à protéger la société civile des individus considérés comme dangereux ou en dehors des normes socialement établies… La prison peut aussi produire des effets inverses à ses objectifs initiaux.
[...] Ce sont les peines de réclusion criminelle ou d'emprisonnement criminel de dix à vingt ans qui connaissent l'augmentation la plus substantielle. Le nombre des condamnations à cette durée triple pendant cette période de vingt ans alors que le nombre total de condamnés n'augmente que de moitié. Pour les peines encore plus longues, les nombres de condamnés sont beaucoup plus faibles. La hausse devient nette en 1979 et en 1989. Pendant cette décennie, la réclusion criminelle à perpétuité augmente fortement et les peines de vingt ans et plus augmentent entre 1984 et 1989. [...]
[...] Évolution de la prison française I. Sait-on réellement ce qu'est enfermer ? Qu'est-ce qu'enfermer ? Qu'est-ce que l'enfermement carcéral ? Questions essentielles mais également complexes. Pourtant les gestes sont simples : on se saisit d'individus qui se sont mal conduits et on les enferme. Les moyens matériels sont simples également : des murs, des cellules, des barreaux, des portes, des clés, des alarmes. Cette opération a deux sortes de conséquences principales. Tout d'abord enfermer consiste à établir une relation de force : une force des moyens forts sont déployés face aux individus que l'on enferme. [...]
[...] Elle permet d'y faire l'expérimentation de la surveillance intégrale. Il faut rendre visible pour pouvoir surveiller et la condition de surveillance peut se rendre possible à partir de l'analyse des espaces et du visible. L'idée d'une présence diffuse des mécanismes de pouvoir à travers la totalité de l'espace social permet de comprendre qu'à partir de la fin du XVIIIe siècle, le pouvoir n'est plus fondamentalement quelque chose qui commande, décrète, interdise au nom d'une instance de souveraineté, mais quelque chose qui gère tacitement les corps et les vies de tous, et qui pour cela devra surveiller ces corps et ces vies. [...]
[...] On punit dans l'acte la passion qui l'a dit-on causé. Cependant, tente-t-on de comprendre cette même passion afin de redresser celui qui a commis la faute? Ainsi, la punition se voudrait réellement bienveillante de l'âme du délinquant ou de celle du criminel. Surveillance au pouvoir et forme fondamentale du panoptisme Au XVIIIe et au début du XIXe siècle, un changement dans le mode de l'exercice du pouvoir, corrélatif de la disparition de la monarchie, et de l'idée que le souverain avait tout droit de punir apparaît. [...]
[...] Ensuite, à la relation de force s'ajoute une relation de viol. Cet individu enfermé dans sa cellule est forcé de se déployer dans cet espace clos, artificiel, dénaturé et non seulement surveillé mais aussi regardé. Sa parole, ses gestes, ses besoins, son imaginaire, la totalité de son être ne peuvent se soustraire au regard du personnel au regard carcéral. La prison dépossède et exclut : l'incarcération a une double fonction : fonction de l'exclusion sociale (solitude) et fonction de la dépossession de soi-même. [...]
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