Le terme « eugénisme » est alors assez récent puisqu'il est inventé à partir du grec par Francis Galton en 1883, un éleveur anglais qui est le cousin de Charles Darwin, le célèbre père de la théorie de l'évolution et auteur du non moins célèbre ouvrage L'origine des espèces, publié en 1859. Étymologiquement, « eugénisme » est composé de « eu », qui signifie « bon », et de « genos », qui désigne la « race », la « naissance ». L'eugénisme est donc la science de la bonne naissance, autrement dit de l'amélioration de la lignée.
Il s'agit de la transposition du modèle de l'élevage et de l'agriculture, où l'on pratique une sélection artificielle, à l'homme. En plus du succès du « darwinisme social », c'est-à-dire la théorie de la sélection naturelle de Charles Darwin appliquée à l'homme, l'eugénisme est crédibilisé par l'apparition de la génétique mendélienne, qui affirme que tous les caractères d'un individu correspondent à un gène et que le milieu n'a pas d'incidence sur l'hérédité. En Europe, pendant la première partie du XXe siècle, les thèses eugénistes sont perfectionnées et popularisées par des scientifiques influencés par le succès que celles-ci connaissent aux États-Unis.
C'est d'ailleurs dans ce pays que les premières lois eugénistes sont instaurées, avant d'être appliquées dans une partie de l'Europe, notamment en Allemagne, où les nazis les systématisent et les étendent. Sont visés ceux qui ont des troubles psychiques et comportementaux, qui ne sont pas forcément héréditaires : les malades mentaux, les « faibles d'esprit », les alcooliques, les vagabonds ou encore les délinquants.
Selon quelles modalités l'eugénisme, discipline nouvelle et fondée sur des bases progressistes, voire philanthropiques, est-elle devenue la justification du racisme et de crimes de masse du XXe siècle ?
[...] Il est de nos jours déconsidéré tant par la science que proscrit par le Droit. [...]
[...] L'eugénisme en Europe L'eugénisme en Europe. Il est extraordinaire que les gens refusent d'appliquer aux autres êtres humains des connaissances aussi élémentaires que celles que les éleveurs pratiquent sur leur bétail. Ce qui est bon pour les animaux doit l'être aussi pour l'homme Cette phrase, écrite par Theodore Roosevelt, ancien président des États-Unis, en 1913, illustre bien le succès que connaît l'eugénisme dans le monde occidental au début du XXème siècle. Il est perçu comme étant quelque chose de positif, de conforme avec le progrès humain. [...]
[...] I La synthèse du darwinisme social anglais, du taylorisme américain et de l'hygiène raciale allemande comme fondements de l'eugénisme. A. La peur de la dégénérescence sociale. Les théories eugénistes apparaissent durant la deuxième moitié du XIXème siècle, sous l'impulsion des milieux laïques et progressistes (dans le sens de partisans du progrès et de la révolution industrielle) et de l'idéologie scientiste. Les progrès de la science et de la médecine permettent de limiter le taux de mortalité globale, et notamment infantile. [...]
[...] L'eugénisme ne fait cependant pas l'unanimité en Europe. L'Église catholique et l'URSS constituent les deux pôles majeurs d'opposition aux politiques eugénistes. Le pape Pie IX condamne ces pratiques dans l'encyclique Casti connubi. En Allemagne, l'Église catholique s'oppose à l'élimination des handicapés mentaux. L'intervention de l'évêque de Munster, Clemens August von Galen, en août 1941, conduit à la fermeture des centres de gazage. La condamnation par l'Église catholique de l'eugénisme explique en grande partie que celui-ci n'a pas été appliqué en Espagne franquiste, dans l'Italie fasciste et en France. [...]
[...] C'est parfois même par philanthropie que l'eugénisme est défendu : sa pratique permettrait d'éviter à certaines personnes une vie misérable. Cependant, des considérations plus économiques sous-tendent l'émergence de l'idée eugénique. B. La volonté de normalisation sociale inscrite dans des perspectives économiques. Une autre motivation de l'eugénisme est nettement plus économique : certains individus coûteraient chers à la société, ils seraient parfaitement inutiles. Le but est qu'à terme ils soient éliminés de la société. Au début du XXème siècle, pour limiter les dégâts causés par le capitalisme sauvage l'Europe est dotée de lois de protection sociale. [...]
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