L'introduction de l'histoire de l'art à l'école et le désir de culture commune - publié le 15/01/2009

Résumé du document

Notre époque est marquée par de nombreuses réflexions sur l'enseignement et par des modifications régulières de l'organisation et des missions de ce dernier. La plus récente de ces modifications introduit un nouveau champ disciplinaire obligatoire dès le cycle III : l'histoire de l'art. D'après les textes officiels, il s'agit d' « un enseignement de culture artistique partagée ». Il est donc question d'acquérir une culture commune par le biais de la rencontre et de l'étude des oeuvres. Mais la question de la culture commune elle-même est floue, c'est une question récente, idéologique et toujours d'actualité.

L'histoire de l'art semble un domaine approprié à l'acquisition de cette culture : elle permet un rappel à l'histoire par le recourt au sensible. Elle est donc un moyen privilégié de transmission, mais dans son support même, elle est nécessairement l'expression d'un parti pris. Progressivement, l'école comme moyen de diffusion de la culture s'est imposée. Elle est un lieu idéal, qui cependant traverse une forte crise. On peut ainsi se demander si l'introduction de l'histoire de l'art à l'école n'est pas là justement pour résorber en parti les conséquences de cette crise (...)

Extraits

[...] La culture scolaire médiatrice d'une culture commune ? Nous le verrons un peu plus loin, l'école est le lieu privilégié de transmission d'une culture commune. Les différentes politiques éducatives mises en œuvre depuis l'IIIème République montrent comment la culture scolaire peut être conçue comme moyen de diffusion de la culture commune. Les contours de cette culture scolaire sont dessinés par l'Etat dans le cadre des programmes officiels de l'enseignement. Pour Guy Coq[10], l'institution scolaire joue un rôle fondamental dans la transmission de certains aspects essentiels de l'héritage culturel. [...]

[...] Une possibilité matérielle dans un premier temps, car elle suppose que l'œuvre soit rencontrée. Mais également une possibilité émotionnelle, car il n'est absolument pas certain que la rencontre provoque une émotion et encore moins probable que cette émotion soit identique pour tous. En effet, l'émotion est imprévisible. Le sujet s'y livre pleinement, elle est mise en mouvement de l'âme, mais mise en mouvement qu'on apprend à contrôler au travers des interdits sociaux. Livrer ses émotions n'est donc pas une chose simple, et nous le faisons toujours en fonction de notre culture. [...]

[...] L'artiste se livre, de manière volontaire ou non, il se donne à voir au travers de son œuvre ; il se revendique au travers d'elle. Elle parle en son nom et elle parle un langage accessible à tous mais dont l'unité est impossible, elle parle le langage des émotions. L'histoire de l'art : un moyen privilégié de transmission Le recours au sensible, un moyen facilitant L'œuvre d'art est objet, nous l'avons vu. Elle possède une existence tangible, palpable. On peut en faire une expérience directe. [...]

[...] L'influence, c'est celle de ceux qui font les choix pour qu'une culture commune se pérennise. Pour l'élaboration d'une culture commune, l'école apparaît comme un lieu privilégié, mais la crise qu'elle traverse pose la question de son pouvoir réel. L'école L'école, nous l'avons vu est un lieu de médiation culturelle, la culture scolaire se pose en effet comme médiatrice de la culture commune. Elle constitue en effet un lieu privilégié de diffusion de cette dernière. Un lieu idéal L'instruction : une obligation faite au peuple Les lois Ferry ont rendu l'école gratuite (1881), ce qui a permis du même coup de la rendre obligatoire (1882). [...]

[...] Choisir une démarche d'orientation En conséquence, le choix se fait en fonction de la volonté de cet individu ou de ce groupe, il est donc obligatoirement orienté. Guy Coq va encore plus loin en nous montrant que cette orientation est nécessaire car : L'enjeu est de construire une humanité. . Choisir les œuvres qui seront présentées aux enfants est donc un parti pris, mais un parti pris nécessaire qui doit assurer, selon Guy Coq, la continuité culturelle de la société. [...]