L'être humain est par essence un être social, un « être groupal », plus exactement, « par sa nature psychologique», selon Fourier, le créateur du Phalanstère. L'homme ne peut se passer des autres, de leur présence, de communiquer avec eux. Toute sa vie, il va intégrer, rechercher, quitter, rejoindre, constituer, abandonner des groupes humains, et par là-même il sera l'objet de phénomènes de groupes, effets particuliers de la « coprésence » d'individus.
A l'origine de la formation d'un groupe humain se trouve toujours, consciente ou non, la recherche de la satisfaction de besoins tels que ceux définis par J.P. GRUERE : sécurité, affection, coopération, appartenance, identité, adaptation, domination, cathartique, estime, comparaison sociale.
Ainsi, aucune société, aussi ancienne ou méconnue soit-elle, n'échappe aux phénomènes de groupes, qu'ils concernent le groupe primaire (effectif réduit) ou la foule (effectif gigantesque), mais paradoxalement, on ne s'est attaché que tardivement à en faire l'étude (...)
[...] La dynamique de groupe de Kurt Lewin est révélée par l'étude de groupes artificiels en incorporant des variables de climats sociaux : autocratique, démocratique et laisser-faire. Quelque soit le type de commandement, on observe une résistance épistémologique au groupe liée à l'anthropocentrisme inhérent à la nature humaine. Le groupe répond à un besoin presque vital de l'homme tout en représentant une menace possible d'anéantissement pour la personnalité individuelle de ses membres. Cette ambivalence génère une frustration qui génère à son tour une agressivité qui influence le fonctionnement du groupe et son efficience. [...]
[...] Cooley) Avec le postulat de la conscience collective, E.Durkheim démontre que le groupe remplit des fonctions d'ordre psychologique (intégration, régulations des relations interindividuelles, idolâtrie). Le passage du clan à la société est celui de la solidarité mécanique à la solidarité organique fondée sur la division du travail. Plus tard, J.P. Sartre1 offre une perspective dialectique du social, affirmant que le groupe n'est pas statique mais un tout dynamique, en mouvement, à faire, avec des rapports dialectiques d'intériorité avec les parties.» E.Mayo, quant à lui, étudie les relations humaines dans l'industrie et la dynamique des groupes au travail, aux Etats-Unis. [...]
[...] Signalons que la démarche initiale, timide et peu convaincante, aurait pu aussi donner lieu à une deuxième charge. Devant l'insistance du personnel, l‘association aurait été obligée de se positionner tôt ou tard, au lieu de se retrancher derrière un flou juridique. Elle aurait pu avoir recours à un médiateur. On peut même imaginer que l'équipe se mette en grève pour protester. Ou que le psychiatre démissionne (il faisait très peu d'heures dans l'institution et son activité libérale extérieure lui assurait des revenus substantiels). [...]
[...] Mais à ce niveau de tension, le risque d'échapper aux mécanismes de rationalisation existe. De fait, les membres du groupe, aussi 13 E.P Learned, in La dynamique des groupes restreints, D.ANZIEU et J.Y.MARTIN, PUF page Anzieu, Martin, La dynamique des groupes restreints bien les responsables impliqués dans le conflit que les autres ont fait des tentatives de rationalisation : faire appel à la hiérarchie (l'association gestionnaire employeur des deux hommes, stratégie du directeur et des représentants du personnel), de laquelle on est en droit d'attendre un positionnement clair et des décisions, faire appel à une autorité forte (la Loi, stratégie du psychiatre quand un possible licenciement pour faute grave a été invoqué contre lui), élaborer une personnification de l'inconscient groupal (s'en remettre à des représentations subjectives liées à l'ancienneté il a plus d'ancienneté donc il a forcément raison ou il est psychiatre donc il est pervers et il a un fonctionnement tordu, c'est un problème d'ego Les stratégies de défense : Concrètement, chacun a pu mettre en œuvre des stratégies au sein du groupe soit pour tenter de triompher (le directeur et le psychiatre), soit pour tenter de mettre un terme au conflit (les autres). [...]
[...] Le psychiatre, qui n'était pas en position de force, a d'abord réagi en s'abstenant d'assister aux réunions de synthèse, qui n'avaient plus lieu d'être, pour le coup, sa présence y étant indispensable. Le directeur l'a sommé de les réintégrer, sous peine de sanctions pour faute professionnelle caractérisée, rappelant le caractère obligatoire de ces réunions. Qu'à cela ne tienne, le psychiatre y était présent, ensuite, mais gardait le silence. Il ne disait pas un mot, boudant dans son coin comme un petit enfant ! Boycott, sabotage, mise en échec du groupe. [...]
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