Domaine médical, hyperconsommation, dérive consumériste, mutation des moeurs, enjeux sanitaires, santé publique, protection de la santé, New Public Management, financement de l'hôpital, article L 712 3 2 du Code de la santé publique, plan Juppé, qualité des soins hospitaliers, loi du 4 mars 2002, médication, types de patients
L'hypermodernité des sociétés libérales est, pour Lipovetsky , une "modernité superlative", dérèglementée et globalisée. Au coeur de ce concept, il analyse la "société d'hyperconsommation" qui coïncide avec la "civilisation du désir" construite au cours du 20e siècle, conséquence des métamorphoses du capitalisme de consommation. Ce nouveau capitalisme stimule alors sans relâche la demande et la marchandisation, multiplie indéfiniment les besoins et modifie profondément le rapport au temps. Ainsi, l'hyperconsommation pénètre toutes les sphères d'activité, notamment la médecine et plus particulièrement l'hôpital.
Par là même, elle instaure un régime d'urgence généralisé, notamment visible dans le service du même nom. Dans cette configuration de marché en accéléré, les protagonistes principaux sont toujours les médecins, patients et administrations, dont les rapports apparaissent profondément modernes. En effet, il est possible de constater une évolution du modèle de la relation médecin-patient-administration, même si différents niveaux peuvent être présents simultanément lors des consultations médicales.
[...] Malgré cette résistance idéologique, le TU contribue à l'informatisation de l'activité avec des objectifs chiffrés qui poussent le médecin à raccourcir la durée de consultation, à écarter les cas peu graves vers un autre service afin d'accélérer la prise en charge. Ainsi, le temps de passage aux urgences a tendance à diminuer, constat qui témoignerait d'une meilleure productivité des soignants. Cependant, Belorgey laisse une série de questions en suspens, notamment concernant les effets de la réduction de la quantité des soins sur la qualité des soins et la pertinence du diagnostic. Il s'agit plutôt donc d'une adaptation forcée des médecins à la nouvelle gouvernance hospitalière, plus qu'une réelle avancée dans la performance des soins accordés. [...]
[...] Médecin-administration refondé A. Des enjeux sanitaires aux objectifs de rationalisation Les médecins et l'administration sont les deux points de la base du triangle de santé publique, avec comme objectif, au sommet, la santé du patient. Dans ce système de santé publique, passé dans le champ du politique depuis le début du XVIIIe siècle, deux ambitions principales se sont dessinées. – Il s'agit d'abord de maîtriser les risques sanitaires à travers des politiques de prévention et de sécurisation croissante des sociétés développées. [...]
[...] L'apogée de cette régulation s'illustre à travers l'instauration de la tarification à l'activité, la T2A. En effet, la dotation globale, mode financement figé qui ne contraint pas hôpitaux à rechercher une efficience économique, a laissé place en 2007 à la tarification à l'activité, système de financement plus complet en fonction de l'activité réelle. La logique de résultats se substitue à la logique de moyens, dans la mesure où ce sont désormais les recettes issues des activités hospitalières qui vont déterminer les dépenses et non l'inverse. [...]
[...] Christine Aliotti dans notre entretien, employé deux expressions notables. Depuis 1996 et plus encore depuis 2007 avec les réformes réduisant les moyens accordés aux médecins pour accomplir leur travail, elle a noté un « surmenage » et « une grande souffrance des cadres ». Cette pression professionnelle est plus présente, selon elle, pour les cadres de santé - chefs de pôles, à cheval entre l'administration et les soins - que pour les médecins, ces premiers étant « coincés entre l'administration et l'équipe de soignants, qui ont chacune des revendications ». [...]
[...] De plus la médicalisation s'élargit à divers domaines initialement hors du champ médical, notamment à la sphère sexuelle. À partir du XIX° siècle, les différents traitements octroyés à l'impuissance masculine témoignent effectivement de ce processus de médicalisation de la société, qu'analyse Alain Giami dans Le gouvernement des corps. « L'impuissance » est devenue « dysfonction érectile », pathologie soignée avec un nouveau médicament, le Viagra, sur un arrière-plan de dynamique économique. Cette surconsommation de médicaments, mais aussi de consultations, est symptomatique du comportement économique du patient moderne qui repousse d'autant plus les frontières du médical dans le domaine mental ou sexuel. [...]
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