La réalité nous le montre bien, la possibilité d'accéder aux places considérées comme les plus méritantes est bien plus grande pour les plus riches, et Hayek en est bien conscient. Cependant, s'il n'y avait pas l'incertitude du marché, ce phénomène de reproduction sociale serait infaillible ou presque : dans une société de concurrence, comme dans n'importe laquelle, les plus riches sont aussi les plus puissants, or le hasard qui la caractérise fait qu'ils ne peuvent pas à coup sûr imposer leur volonté aux autres, volonté qui se traduirait bien sûr par le maintien de leur supériorité, en biens et positions. C'est donc au sein de la catalaxie que le pauvre a la plus grande opportunité de sortir de sa condition, car il peut le faire grâce à ses propres qualités et actes, alors que dans une autre société il serait entièrement dépendant de la faveur des puissants. Ceci constitue de plus, du point de vue libéral, une insupportable entrave à la liberté, que de ne point jouir de la liberté de l'initiative individuelle.
[...] Ceux qui sont contre avancent l'argument de l'égalité républicaine qui ne doit en aucun cas être bafoué, tout en supposant la stigmatisation qu'elle engendre auprès des bénéficiaires de telles mesures. En revanche, ceux qui sont pour la discrimination positive affirment que sans elle, ce serait pire et que ces politiques ont au moins le mérite d'exister et de témoigner d'une véritable volonté de changement et de rétablissement de l'équité sociale. Cependant, au-delà de ces initiatives réalisées à petite échelle, le problème de la stigmatisation dont les bénéficiaires déplorent être les victimes est posé. [...]
[...] L'entretien avec Fusia est de ce point de vue très révélateur de notre démarche. Elle nous a posé un certain nombre de questions sur les lycées préparatoires, sur HEC, sur nos méthodes de travail, sur nos appréhensions de préparationnaires. Elle nous a alors raconté d'où elle venait, ce qu'elle ressentait. Puis nous avons pu apprécier sa franchise et surtout sa clairvoyance et son recul vis-à-vis de la classe CPES dont elle faisait partie. Avec elle, nous avons pu avoir l'entretien dont nous rêvions : un véritable échange fructueux, franc et clairvoyant. [...]
[...] S'il énonce lui aussi les deux critères du mérite talent, son activité et du hasard la chance il n'en exprime pas moins un doute : les inégalités de positions et de biens, perpétuées par l'héritage, sont susceptibles de bloquer l'ascension sociale. Ainsi, Kant exprime l'exigence d'une vigilance vis-à-vis de l'égalité des chances : en effet, il voit que le fonctionnement libre du marché est susceptible de laisser les plus forts entraver la possibilité des plus faibles de jouir de ce système, ce qui constitue un empiètement sur la liberté de ces derniers, problématique pour un philosophe libéral. [...]
[...] Nous avons décidé de nous intéresser à la discrimination positive dans des sphères bien particulières, des lieux qui revendiquent la pratiquer : Henri IV et Sciences Po Paris. Qu'appelle-t-on discrimination positive ? La discrimination positive est un principe : il s'agit d'instituer des inégalités pour promouvoir l'égalité, en accordant à certains un traitement préférentiel. La discrimination positive a longtemps été présentée, en France, comme une forme équitable de l'égalité Elle rompt avec le principe d'universalité pour donner plus à ceux qui ont moins. [...]
[...] La CPES d'Henri IV La création de cette classe exprime la volonté de remédier au décalage en termes de formation avec les élèves issus des grands lycées parisiens. Elle consiste ainsi en une sorte de prépa à la prépa classe au rythme soutenu et aux exigences fortes en matière de travail personnel. L'emploi du temps des ces élève se répartit entre : - 11 heures de tronc commun pour les 30 élèves - 16 à 18 h de cours répondant aux exigences des spécialisations choisies selon l'orientation désirée littéraire, scientifique ou commerciale) Mais la caractéristique principale de la création de cette classe est de donner aux élèves l'opportunité de se forger une culture générale. [...]
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