Tout d'abord, il faut savoir que les jeunes de nos banlieues n'accueillent pas toujours les imams prédicateurs à bras ouverts, car ceux-ci prêchent des attitudes contraires à leur mode de vie (femmes, voitures, argent, voire alcool et trafics). Les « barbus sectaires » touchent surtout les plus fragiles psychologiquement, ceux qui recherchent un idéal ou une structure de pensée les rassurant. Or, « la conversion à l'islam d'individus fragiles comporte indubitablement un risque de dérive terroriste ».
La population « travaillée » par les « prêcheurs de haine » n'est pas homogène ; elle se compose d'individus de différentes origines : des Français d'origine nord-africaine, des jeunes issus de couples mixtes, des Français de souche, convertis à l'islam, des Antillais et des ressortissants nord-africains vivant ou séjournant dans nos banlieues. L'effet de la prédication sur ces jeunes entraîne des transformations fondamentales qui les conduisent à une adhésion intégrale à la religion du prophète et à ses valeurs les plus intégristes, puis vers une fuite en avant vers le prosélytisme, la lutte et enfin le terrorisme.
Le plus souvent, le jeune qui s'engage dans le djihad ne connaît pas en fait grand-chose à l'islam, si ce n'est les trois ou quatre versets que les pourfendeurs de la religion du prophète agitent continuellement pour dénoncer le pseudo-caractère belliciste de cette religion.
Il importe également de comprendre que la double rhétorique « islam+combat » a un réel pouvoir d'attraction chez une certaine frange des jeunes de banlieue, en mal d'intégration ou en manque de repères. Cela apparaît comme une perspective exaltante qui leur permet de sortir de leurs « zones », de s'ouvrir l'horizon et de partir à « l'aventure ». Dans un prêche qui circulait en 2002 dans certaines mosquées, le prédicateur comparait la lutte armée à un loisir : « Partir au djihad, c'est bien mieux que des vacances à Los Angeles (sic). C'est l'aventure. Vous êtes nourris, blanchis, vous découvrez de somptueux paysages et en plus vous aidez vos frères ».
[...] Les différences religieuses se sont transformées en lignes de fracture observables dans nos agglomérations. Ces fractures ne sont pourtant pas irrémédiables, il importe cependant de les traiter de manière adaptée pour maintenir la cohésion de la nation et la sécurité collective. Les autorités doivent donc se pencher sérieusement sur l'évolution du malaise de nos banlieues et la pratique de l'islam en France, afin de distinguer et d'éloigner les idéologues sectaires qui contaminent du virus de la haine de l'Occident certains jeunes des banlieues en mal de repères. [...]
[...] Combien sont-ils ces jeunes à avoir goûté à l'aventure afghane ? Quelles sont leurs motivations ? Que sont-ils devenus ? Les questions ne manquent pas. Aujourd'hui, la priorité des services de renseignement vise à apporter des réponses à ces interrogations. Pour Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité (SRS) de la DGSE, nos banlieues demeurent des viviers de recrutement actif et selon un rapport des RG du 5 août 2003, les convertis à l'islam dans le seul département de l'Essonne représentent un phénomène préoccupant et en pleine expansion Les policiers recensent même 30.000 à 50.000 convertis sur le territoire national et la propension des nouveaux convertis à intégrer des groupuscules salafistes comporte, à terme, des risques de dérives extrémistes[5] Pour exemple, c'est un français, Pierre Robert, qui était condamné en septembre 2003 pour sa participation aux attentats du 16 mai à Casablanca qui firent 45 morts dont 12 kamikazes. [...]
[...] Ce n'est qu'après de telles expériences opérationnelles que les plus valeureux et les plus loyaux étaient autorisés à intégrer les rangs de l'organisation Al-Qaida. Ceux qui sont parvenus au stade ultime du processus de sélection et d'instruction étaient par la suite beaucoup plus sérieusement formés. Souvent ils sont devenus à leur tour aptes à essaimer et à créer de nouvelles cellules de renseignement, d'action ou de logistique opérationnelle au profit de la cause islamiste (ce fut notamment le cas de l'Antillais Willie Brigitte). [...]
[...] Comment devient-on terroriste en France aujourd'hui ? Tout d'abord, il faut savoir que les jeunes de nos banlieues n'accueillent pas toujours les imams prédicateurs à bras ouverts, car ceux-ci prêchent des attitudes contraires à leur mode de vie (femmes, voitures, argent, voire alcool et trafics). Les barbus sectaires touchent surtout les plus fragiles psychologiquement, ceux qui recherchent un idéal ou une structure de pensée les rassurant. Or, la conversion à l'islam d'individus fragiles comporte indubitablement un risque de dérive terroriste[1] La population travaillée par les prêcheurs de haine n'est pas homogène ; elle se compose d'individus de différentes origines : des Français d'origine nord-africaine, des jeunes issus de couples mixtes, des Français de souche, convertis à l'islam, des Antillais et des ressortissants nord-africains vivant ou séjournant dans nos banlieues. [...]
[...] Mais, le départ en darwâ ne signifie pas pour autant l'intégration dans un groupuscule terroriste : il y a des étapes et des filtres (organisé en France par le mouvement Tabligh[3]). Avant le démantèlement de ces filières par les services antiterroristes, les jeunes passaient par des camps organisant des stages de présélection puis ils se rendaient à Londres, à la rencontre d'autres islamistes. De là, il s étaient envoyés approfondir leur connaissance du Coran dans des madrasas en Arabie saoudite, au Pakistan, au Soudan ou au Yémen. [...]
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