Déclin ou apogée des grèves en France ?

Résumé du document

La grève, instrument d'action collective, est définie comme une interruption du travail collective et préméditée ayant pour but de faire aboutir les revendications des employés concernant les conditions et les modalités de leur travail. En France, malgré une répression initiale des mouvements grévistes, la loi Ollivier instaure le droit de grève en 1864 et en 1946, celui-ci est reconnu par le préambule de la Constitution affirmant que « Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent ».

De nos jours, la France est considérée comme le bastion du syndicalisme révolutionnaire, et d'après Pierre de Gasquet elle est souvent perçue comme une nation spécialement « grévicultrice ». Cependant les études de la sociologie de l'action collective semblent aller contre la pertinence de ces idées reçues dans l'actualité. En effet certains facteurs indiquent que la grève en tant que conflit du travail est un outil inadapté et inefficace maintenant que l'ère de l'apogée du monde ouvrier et des luttes de classes s'est achevée. Les études empiriques et les statistiques ont l'air, elles aussi, de confirmer ces théories puisqu'elles semblent indiquer une tendance à la baisse des journées de grève annuelles.
Nous allons donc nous demander si la grève est-elle réellement en déclin comme semblent l'affirmer aujourd'hui un certain nombre d'études en sociologie de l'action collective ?

Extraits

[...] Ils peuvent avoir lieu à plusieurs reprises au long de la journée. Ainsi, l'avantage de cette méthode est le faible coût financier qu'elle entraîne pour les salariés par rapport au coût de la grève, en même temps qu'elle perturbe le fonctionnement de l'établissement concerné. Ainsi en 1998, les travailleurs de 40% des établissements ayant connu un conflit social avaient eu recours au débrayage. De même, parmi le répertoire de l'action collective les conflits sans arrêt de travail connaissent une place plus importante. [...]

[...] C'est ces aspects qui priment dans un certain nombre de secteurs de la société. Ils vont ainsi dépasser le côté positif de la grève, à savoir le vecteur de cohésion sociale qu'elle peut supposer ou aspect encore plus essentiel, la mise en évidence de défis économiques, politiques, ou sociaux qui doivent être résolus. Cette stigmatisation est ensuite propagée à des secteurs plus amples de la société puisqu'elle est fréquemment transposée à la rhétorique politique, qui perçoit la grève (sauf à des rares exceptions) comme un risque. [...]

[...] Ensuite, ces pics ont été provoqués par une hausse de la grève dans le secteur public depuis les années 90. Par conséquent, malgré un déclin apparent, on peut percevoir la possibilité d'une tendance à la hausse grâce à l'engagement du secteur public. Comme l'affirment le chercheur Guy Groux, et Jean-Marie Pernot La vraie spécificité française, c'est plutôt la concentration des grèves dans le secteur public et dans les transports Le préjugé de la tendance gréviste de la France ne peut pas être complètement remis en question. [...]

[...] Certes, d'autres moyens d'action collective entraînant moins de risques pour les salariés sont de plus en plus fréquents, comme dans le cas du débrayage ou des manifestations. Cependant même si on constate un renouveau de la conflictualité la tendance future pour la grève reste imprévisible. Les forts mouvements grévistes ayant marqué la France ces deux dernières années nous permettent d'affirmer pour l'instant que l'heure du déclin de la grève n'est pas encore arrivée. Bibliographie CAMARD Sophie, Comment interpréter les statistiques des grèves ? in Genèses 47, juin 2002, p. [...]

[...] Enfin, après les événements de mai 68 on parle de l'émergence des nouveaux mouvements sociaux (NMS) à échelle mondiale. Parmi les NMS, nous retrouvons les revendications pour les droits de la femme, pour les droits des homosexuels, les luttes écologistes, les manifestations altermondialistes, le mouvement des sans Ces conflits mettent en question l'ordre social et politique par des instruments de l'action collective qui sont souvent différents de celui de la grève. Cependant nous ne pouvons pas affirmer, du moins pour l'instant, qu'ils aient remplacé le recours à celle-ci. [...]