Daniel Guérin (1904-1988) est un historien à la personnalité riche et entière. Né dans un milieu bourgeois, héritier des éditions Hachette, il s'en détourne vite pour s'engager dans un combat anarchiste et libertaire. Il explique sa venue au socialisme par son homosexualité : « j'étais venu au socialisme par le phallisme » (Eux et lui). Dès les années 1950, il théorise ses idées sur la sexologie dans un essai intitulé Kingsley et l'histoire de la sexualité. Puis à partir, de 1968, il devient un actif partisan de la libération sexuelle et de la dépénalisation de l'homosexualité, et ce jusqu'à sa mort. Il défend donc un droit à une sexualité libre pour tous les individus, affranchie du carcan de la morale capitaliste. On peut travailler cette question du rapport de Daniel Guérin à l'histoire de la sexualité à partir du fonds d'archives offert par Guérin lui-même à la BDIC de Nanterre, en particulier les cartons 12, 13, 14, 15a et 15f.
Se pose alors la question suivante : comment Daniel Guérin défend-il la liberté sexuelle et comment articule-t-il ce combat à son engagement militant et anarchiste ?
Nous verrons dans un premier temps les modalités selon lesquelles Guérin revendique la liberté sexuelle et conjugue cette lutte à celle plus globale contre le capitalisme. Puis dans un second temps, nous analyserons les combats concrets, les procès et affaires des années 1970 qui ont intéressé Guérin afin de montrer que Guérin met en avant les droits sexuels de tous les individus. Enfin, nous critiquerons les sources à partir desquelles ce travail a été fait : le fonds Daniel Guérin de la BDIC de Nanterre.
[...] Ceux-ci montrent les sujets d'actualité et les combats politiques qui ont intéressé Guérin. De plus, certains articles sont l'analyse de ses livres par les journalistes de l'époque. On peut ainsi appréhender la réception publique des livres et des idées de Guérin. Là-dessus, nous trouvons aussi des renseignements grâce aux relevés de compte à propos de ses publications. Intérêts Le fonds Daniel Guérin rassemble un ensemble, particulièrement riche, d'archives diverses et bien conservées. Il a ainsi l'avantage de suppléer à l'absence d'autres archives comme celles de maison d'édition, qui n'existent pas ou qui ont été détruites. [...]
[...] Conclusion Pour comprendre la personnalité complexe de Daniel Guérin et le sens réel de son engagement anarchiste et libertaire, il faut intégrer la dimension sexuelle de son combat. Les racines profondes de son militantisme socialiste sont à chercher du côté de ses premiers émois homosexuels dans le métro des années 1910, et s'il met quelques décennies à réconcilier son être politique et son être sexuel. C'est donc après 1968 qu'il prend une part active à la Révolution sexuelle qui participe du combat plus global contre le capitalisme. [...]
[...] Un article du Provençal d'octobre 1968 sur l'assassinat de cet homosexuel nord-africain qualifie cette affaire d'une bien triste et bien sordide affaire de mœurs Cet article met en cause la sexualité de l'homme assassiné. Il amalgame ainsi perversité et homosexualité : c'est parce qu'il est homosexuel que cet homme est pervers. Le journaliste n'accepte pas la possibilité que le groupe homosexuel ait ses criminels comme tout autre groupe sans que le caractère de quelques individus criminels permette d'inférer le caractère de tout le groupe. Guérin lutte contre ce préjugé tenace selon lequel tout homosexuel est un pervers en puissance. [...]
[...] Dans un article paru dans le Monde en 1978, Alice Bairtberg explique que la femme et sa sexualité ont été conditionnées par la société : la menace perpétuelle du viol, accepté par la société, a contraint la femme dans un rôle sexuel passif et soumis. Guérin soutient cette position, c'est pourquoi il dénonce la religion et le patriarcat qu'il juge responsables de la situation sexuelle de la femme. Enfin, après les adolescents et les femmes, c'est des personnes âgées que Guérin défend les droits sexuels. [...]
[...] Son essai date de 1969 et inaugure la période de la Révolution sexuelle. Guérin se positionne donc comme théoricien de cette révolution et comme idéologue de la transformation de cette rébellion en énergie révolutionnaire. Claudine Chonez conclue donc sur l'idée que pour Guérin l'homme qui veut s'épanouir sexuellement doit achever de vaincre une hydre à deux têtes le puritanisme et me capitalisme Cette lutte doit permettre l'avènement du règne de l'androgynat. La lutte pour la libération sexuelle comme une composante du combat anticapitaliste Guérin, en postulant une bisexualité universelle, défend donc un droit à la liberté sexuelle. [...]
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