L'Afrique subsaharienne est un sous-ensemble de l'Afrique occidentale. Par opposition à l'Afrique Guinéenne (Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Sierre-Léone, Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigeria), elle est composée des pays n'ayant pas d'ouverture maritime : la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad qui, outre la sécheresse et leur relatif enclavement, ont en commun d'avoir été d'anciennes colonies françaises. Le climat subsaharien est un climat tropical : tropical sec au nord contre tropical humide (voire équatorial) au sud où la saison des pluies couvre environ la moitié de l'année. C'est d'ailleurs à la fin de la saison humide que le coton est semé. Ainsi, profitant des dernières pluies, la culture du coton en Afrique subsaharienne est essentiellement pluviale. Bien qu'ancienne dans cette partie de l'Afrique, la culture du coton s'est développée sous la colonisation qui l'a imposée aux populations locales. A partir des indépendances jusqu'à la fin des années 1990, elle reposait sur un système original, le système de filières, qui, en associant une société française et les Etats dans des sociétés de développement, permit à la région de devenir le troisième exportateur mondial de fibres. Malgré les contraintes qu'il présentait, ce système avait le mérite de protéger les producteurs contres les aléas du marché mondial. Il fut néanmoins démantelé en 1998 sous-prétexte qu'il ne respectait pas les règles du marché et la privatisation qui s'en suivi fit entrer l'économie cotonnière dans une crise dont elle peine aujourd'hui encore à sortir malgré les atouts certains du coton africain. Dès lors, quels sont les atouts et des contraintes qui pèsent sur la production de coton en Afrique subsaharienne ?
[...] Bibliographie -Chaléard J.L., Charvet J.P., Géographie agricole et rurale, Paris, Belin Le succès de la filière du coton en Afrique de l'Ouest Le Monde octobre 1998. -Touré M., Babin D., Sud Mali : diversifier ou recentrer sur le coton revue Grain de sel -Devèze J.C., Le coton moteur du développement et facteur de stabilité du Cameroun Nord ? revue Afrique contemporaine, -Giraudy F., Le coton africain franchira-t-il le cap de la crise ? revue Grain de sel -Linart A., L'économie cotonnière en danger Manière de voir, février-mars 2005. Du blocage de Cancún à l'échec de Hong Kong L'Atlas du monde diplomatique, 2006. [...]
[...] Or, ce comportement paradoxal des producteurs peut avoir de lourdes conséquences en cas de sécheresse. Aussi, le succès du système de filière provoque l'extension des zones de production de coton et de maïs au détriment des espaces pastoraux engendrant des tensions entre éleveurs et agriculteurs, tensions d'autant plus vives lorsque ces derniers se recentrent sur le coton en cas de crise. Enfin, la protection des producteurs face aux aléas du marché est somme toute relative, le prix mondial du coton ayant tellement chuté que même les sociétés publiques ont du mal à ne pas baisser leur prix d'achat. [...]
[...] En dépit de la crise que traverse l'économie cotonnière, le coton africain dispose de quelques atouts pour s'imposer sur la scène internationale. A l'heure où les OGM suscitent d'importants débats, le coton africain, qui utilise peu d'intrants et de manière raisonnée, peut se targuer d'être l'un des plus écologiques au monde. Ainsi, dans un marché où les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux questions de durabilité, il a là une carte à jouer. De même, dans un contexte où l'eau devient une denrée rare et chère au point de parler de l'or bleu le coton africain qui est essentiellement pluvial (étant semé à la fin de la saison des pluies) peut voir sa rentabilité relative augmenter. [...]
[...] Dès lors, la garantie d'achat induite par le monopole des sociétés de développement sur l'achat du coton se transforme en contrainte. A ce titre, il convient de préciser que si les sociétés de développement disposent d'un monopole d'achat sur le coton, elles ne commercialisent que 40% de la production, déléguant les 60% restants à des courtiers De plus, en cas de crise, la garantie d'achat pousse les producteurs à se recentrer sur le coton pour maintenir leur revenu, et ce, au détriment des céréales qui ont pourtant comme objectif premier la sécurité alimentaire. [...]
[...] En outre, l'annonce du prix d'achat du coton avant même l'ensemencement permet une production sur mesure qui réduit les risques de surproduction et de stock. Aussi, les sociétés avancent les intrants (semences, engrais et produits phytosanitaires) aux producteurs et se remboursent directement au moment de la récolte ce qui résout de fait le problème de trésorerie des exploitations. A la commercialisation ensuite, car les sociétés de développement disposent du monopole d'achat sur la récolte du coton ce qui constitue pour les paysans une garantie d'achat non négligeable et les protège contre les aléas du marché. [...]
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