Au XIXème siècle, la criminologie naissante est le théâtre d'une controverse entre spécialistes au sujet du "type criminel" proposé par l'anthropologue italien Cesare Lombroso. Cette typologie à l'origine du fameux "criminel-né" a fait l'objet de beaucoup de débat à l'époque. Ce travail propose une étude de cette controverse, avec un questionnement sur les effets de sa résolution et du temps sur l'image de cette dernière et celle de ses acteurs.
[...] Il y a aussi d'autres opposants comme l'anthropologue Léonce Manouvrier [1850-1927], le médecin légiste Paul Brouardel [1837-1906], l'académicien et comte Gabriel d'Haussonville [1843-1924] etc. Tous ces opposants critiquent la théorie de Lombroso, en fonction de leur discipline d'origine, sur des aspects précis. Seul Gabriel Tarde effectue une critique globale et virulente de la théorie de Lombroso en reprenant plusieurs arguments dans son ouvrage la criminalité comparée. C'est cette spécificité qui a fait de Tarde l'opposant principal de Lombroso dans l'histoire de la controverse. [...]
[...] Nous avons ici un premier indice d'une faiblesse du côté de Lombroso. Renneville[1994] A cette époque on considérait les "sauvages" comme des êtres retardés d'un point de vue évolutionniste "Cette enquête scientifique, minutieusement faite et longtemps continuée, a mis en lumière un fait de la plus haute importance: l'existence d'un type humain voué au crime par son organisation même, d'un criminel-né [ ] C'est à la description, à l'étude de ce criminel-né, au triple point de vue physique, moral et intellectuel, qu'est consacré le présent ouvrage." (Préface de Lombroso[1887] par le Dr Ch. [...]
[...] Nous proposons de classer les types d'échanges en deux groupes principaux. Le premier groupe d'arguments entre dans un cadrage scientifique au sens large, avec l'apport de Lacassagne qui oppose au déterminisme biologique de Lombroso une forme de déterminisme social, un "microbe social"9 dont les couches les plus défavorisées sont les premières victimes. Lacassagne reste pourtant très proche de la théorie de Lombroso en proposant également une typologie criminelle, mais se différencie de lui avec le rejet de l'atavisme. Manouvrier critique aussi la corrélation entre les caractéristiques anatomiques et les faits sociaux. [...]
[...] Le déroulement de la controverse et sa narration historique marqueront tous les éléments du débat. Par éléments nous pensons notamment aux acteurs comme Cesare Lombroso, Gabriel Tarde ou Alexandre Lacassagne, mais aussi à la criminologie et à la controverse elle-même. Cesare Lombroso, dans ce siècle positiviste, incarne d'abord le savant de renommée internationale, à l'origine d'une théorie très utile socialement, prometteuse pour révolutionner la justice en place et la criminologie naissante. Pourtant, c'est bien la controverse, les multiples critiques et les réappropriations parfois différentes de sa théorie, qui feront de lui un personnage historique.18 L'œuvre lombrosienne est donc plus large que les livres de l'auteur, car elle suscite des influences scientifiques, politiques et littéraires. [...]
[...] Instructions signalétiques, Melun, Imprimerie administrative (L'exploitation de l'empreinte digitale viendra plus tard) Il est intéressant de signaler que Bertillon est considéré comme l'inventeur de l'anthropométrie criminel. (Au sens de la criminalistique moderne) 22 Retour sur cette historicité dans Autin[2005] p "2. un type ambigu" 23 Expression employée par Renneville[1994] dans son article Une controverse atypique? Cette controverse a donc une forme assez atypique par son caractère hybride entre controverse scientifique et controverse publique. On peut parler d'une controverse scientifique, car il s'agit d'un débat entre spécialistes d'un domaine (médecins, anthropologue . ) sur des questions théoriques. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture