L'environnement social japonais peut être symbolisé par deux cercles concentriques. Le cercle intérieur peut être nommé uchi (le foyer), et le cercle extérieur « soto » (extériorité), pour reprendre la dichotomie utilisée par Eric Seizelet (2008). Le premier est l'univers de la communauté, du groupe, le second l'univers extérieur à la communauté, au groupe.
Au sein de l'« uchi », le code de conduite qui indique le comportement approprié pour une situation donnée (on rappelle que les normes japonaises ne sont pas universelles, mais contextuelles) est le « giri ». Ce mot japonais est sans traduction littérale en français. Il désigne la notion de devoir et d'obligation morale et sociale, c'est le code d'obligations de la société japonaise, une sorte de fardeau psychologique. Il va par exemple s'agir de cadeaux offerts deux fois par an (été et hiver, il s'agit d'une très forte tradition) par les Japonais à leurs supérieurs, professeurs, avocats, docteurs, et autres personnes vues comme des « bienfaiteurs ». La quantité et la qualité de « giri » ne sont pas fixes. Cela varie selon le degré de dépendance et d'intimité de la relation. Les circonstances peuvent également changer la donne. Pour résumer, le « giri » est très personnel et subjectif, il dépend du degré d'intensité de la relation et surtout de reconnaissance, de dette, ainsi que du contexte.
[...] Les membres du groupe n'hésitent pas à se mêler du comportement des uns et des autres. Ils observent les autres membres, et d'eux-mêmes ou sur consigne de leurs supérieurs, indiquent aux non- conformistes comment se comporter. De plus, les japonais se soumettent régulièrement et fréquemment à des pratiques rituelles de groupe, ce qui contribue fortement à la conformité de tous. Typiquement, il s'agit d'assemblées du matin à l'école ou en entreprise, durant lesquels les aînés rappellent aux membres les règles particulières de leur groupe. [...]
[...] En conséquence, les règles du groupe doivent jouer un rôle essentiel dans le maintien de l'ordre vertical. Autrement dit, au sein de l'« uchi les règles ont pour fonction de renforcer la conscience de hiérarchie, et sont donc orientées pour réprimer n'importe quelle déviation à l'ordre vertical. Le giri est la forme la plus forte de ces règles L'effet contraignant de cette multiplicité de règles Il en résulte que ces règles ont en quelque sorte un effet contraignant sur les activités de routine au sein de l'« uchi (Moriyama 1989). [...]
[...] La relation de subordination s'entend dans les conversations. Autre illustration : les fonctionnaires du gouvernement doivent porter un costume noir, une cravate noire, une chemise blanche et des chaussures noires. Lorsqu'ils croisent un supérieur, il est requis de leur part qu'ils effectuent une courbette sans prononcer un mot Maintenir un ordre vertical rigoureusement hiérarchisé Au sein de l'« uchi les japonais sont donc encadrés par de nombreuses règles dictant le comportement propre à chaque situation. L'éventail de ces règles s'étend aux choses les plus sérieuses comme les plus triviales. [...]
[...] En théorie, ce type de groupe ne peut s'appuyer sur des valeurs et un code moral, puisque les caractéristiques personnelles de ses membres sont hétérogènes. Il est donc essentiel pour le groupe de développer des instruments pour surmonter l'instabilité inhérente du groupe et lier fortement les membres les uns aux autres. C'est pourquoi un groupe-type japonais tend à avoir un grand nombre de règles détaillées de conduite. Pour la même raison, l'investissement affectif au sein du groupe de la part des membres est très encouragé. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle les différences de rang à l'intérieur du groupe sont basées sur l'année d'entrée dans le groupe. De plus, la faible mobilité entre les groupes au Japon renforce cette conscience de classement. Par exemple, les employés doivent rester dans la même entreprise, d'une part car ils n'obtiennent ni information ni assistance des gens en dehors du groupe, même s'ils partagent des caractéristiques personnelles communes, et d'autre part, car un changement d'entreprise entraînerait une perte de capital social privé. [...]
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