Au printemps 2003, les fonctionnaires se sont mobilisés pour défendre leur régime de
retraite. Au printemps 2006, les étudiants, les lycéens et les syndicats de salariés rejettent le contrat première embauche (CPE) susceptible à leur yeux d'aggraver la fracture générationnelle.
Tous les ans, les cheminots ou les paysans occupent le devant de la scène des luttes sociales. Aujourd'hui, les enseignants-chercheurs sont en colère et les lycéens ont fait reculer le gouvernement sur la réforme du lycée (...)
[...] Les délégués seraient de plus en plus absents du terrain de par leurs fonctions. Or la présence sur le lieu de travail demeure une condition indispensable pour l'adhésion. Enfin, on peut évoquer le rôle joué par la division des syndicats et leur politisation. La CGT a été la plus touchée par son alignement sur le parti communiste et la caution apportée jusqu'à la fin de l'Union Soviétique. La CFDT a payé sa proximité avec la gauche de gouvernement à partir de 1981. [...]
[...] Cette similitude des conditions de travail et de vie favorise l'éclosion d'une conscience de classe qui débouche sur les luttes de classes. Pas de classe sans conscience de classe ! Pas de classe sans lutte de classes ! Pour Alain Touraine, la conscience de classe ne s'apparente pas à la prise de conscience de la mission historique du prolétariat. Elle se forge en France dans les années 1920 dans le drame qui provoque le choc de l'organisation scientifique du travail (OST) avec l'expérience professionnelle des ouvriers de métier. [...]
[...] Les conflits sociaux semblent inhérents à la vie en société. Marx ne remarquait-il pas en son temps que l'histoire des sociétés se confond avec celle des luttes de classes qui ont toujours opposé oppresseurs (hommes libres, patriciens, barons, maîtres de corporation) et opprimés (esclaves, plébéiens, serfs, compagnons) ? Dans la société industrielle, les conflits du travail apparaissent au coeur des mobilisations et la classe ouvrière en est l'acteur central. Cependant, n'a-t-elle pas réussi à canaliser le conflit de classe qui la structurait ? [...]
[...] Au total, les conflits du travail ont vu leur nombre diminuer. On a pu y voir l'un des indices de la crise du syndicalisme. Cependant, certains conflits ont échappé à l'influence syndicale. Par exemple, en octobre 1988, les infirmières ont cherché à améliorer leur situation en s'organisant en coordinations pour une meilleure reconnaissance de leur profession Ni nonnes, ni bonnes, ni connes En 1991, le mouvement repartira pour plusieurs semaines. Certains analystes voient dans les coordinations un progrès de la démocratie dans la mesure où elles mettent la base en mouvement indépendamment des appareils syndicaux (démocratie plus directe). [...]
[...] Ce conflit apparaissait central. En effet, alors que les ouvriers représentaient une majorité relative de la population active, il était dominant, il était celui qui structurait l'ensemble des luttes. On parle de mouvement ouvrier pour exprimer cette centralité. Le mouvement ouvrier était donc le mouvement social de la société industrielle. Cependant, n'a-t-il pas perdu de sa virulence, la société industrielle n'a-t-elle pas réussi à le canaliser ? De plus, dans une société postindustrielle dans laquelle la population active ouvrière décline, de nouveaux conflits n'apparaissentils pas ? [...]
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