école, mobilité sociale, idéal démocratique, institution centrale, promotion sociale, mobilité structurelle, reproduction sociale, milieu social, réussite scolaire
L'idéal démocratique repose sur un certain niveau de mobilité sociale. À l'inverse d'une société aristocratique où les places sont attribuées à la naissance, dans une société démocratique, les individus et les groupes peuvent évoluer d'une catégorie sociale à une autre. Accroître cette mobilité a même été l'objectif affiché d'un certain nombre de politiques publiques de démocratisation de l'éducation : faciliter l'accès à une scolarité à tous devrait accroître « l'égalité des chances » en permettant à chacun, quelle que soit son origine sociale, de s'élever dans la hiérarchie sociale. Mais l'école favorise-t-elle réellement la mobilité ascendante intergénérationnelle ? Alors qu'une population de plus en plus nombreuse a accès aux études supérieures, cette élévation du niveau de diplôme a-t-elle permis de réduire les inégalités sociales ?
[...] Comment l'école contribue-t-elle à favoriser la mobilité sociale ? L'idéal démocratique repose sur un certain niveau de mobilité sociale. À l'inverse d'une société aristocratique où les places sont attribuées à la naissance, dans une société démocratique, les individus et les groupes peuvent évoluer d'une catégorie sociale à une autre. Accroître cette mobilité a même été l'objectif affiché d'un certain nombre de politiques publiques de démocratisation de l'éducation : faciliter l'accès à une scolarité à tous devrait accroître « l'égalité des chances » en permettant à chacun, quelle que soit son origine sociale, de s'élever dans la hiérarchie sociale. [...]
[...] C'est probablement parce que les individus n'ont pas le même type de réseau social selon leur milieu. Ainsi des enfants de milieu aisé arrivent à obtenir un emploi requérant un diplôme alors qu'ils ne sont pas diplômés fois plus que les enfants de catégorie populaire, probablement parce qu'ils connaissent plus de personnes bien placées susceptibles de les recruter. En conclusion, l'élévation générale de la durée des études n'a pas permis d'accroître la mobilité sociale. En effet, l'accès aux filières d'élite est toujours très sélectif, l'augmentation du niveau de diplôme a fait baisser le rendement des diplômes, ne permettant pas d'accéder à des positions sociales plus élevées que celles de nos parents même quand nous sommes plus diplômés. [...]
[...] Avoir un diplôme du supérieur long multiplie par 2,8 les chances d'avoir un emploi de cadre ou de profession intermédiaire pour les enfants de cadres et par 3,4 pour les enfants d'ouvriers par rapport à avoir seulement le bac (doc 4). Ainsi, le meilleur moyen de connaître une mobilité sociale ascendante semble bien de réussir scolairement. Malgré cela, l'école ne réduit pas vraiment les inégalités sociales, et contribue même à en reproduire une partie. L'école contribue à la reproduction sociale La démocratisation et le paradoxe d'Anderson Si avoir un diplôme est de plus en plus nécessaire à l'obtention d'une position sociale élevée, le diplôme est de moins en moins suffisant. [...]
[...] Ceci est en partie dû au fait qu'à l'école s'opère un tri des élèves selon leur milieu social. En effet, si de plus en plus d'enfants ont accès aux études, quelque soit leur milieu social d'origine, cela ne signifie pas pour autant qu'ils aient tous accès aux mêmes études. Camille Peugny, dans Le destin au berceau, écrit que les « inégalités quantitatives d'accès aux différents niveaux du système éducatif tendent à être supplantées par des inégalités qualitatives liées à une filiarisation croissante de ces différents niveaux » (doc 3). [...]
[...] Avoir le bac est devenu la situation majoritaire. Alors que seulement 35% des personnes nées entre 1964 et 1968 ont obtenu leur bac, c'est le cas de 65% de ceux nés entre 1989 et 1993 (doc 1). Les politiques de démocratisation ont réduit les écarts entre milieux populaires (enfants d'ouvriers et d'employés) et les milieux moyens et supérieurs (enfants de cadres et professions intermédiaires). En effet, si on compare les générations nées en 1964-1968 et celles nées en 1989-1993, la proportion d'enfants de milieu populaire titulaires du bac a plus que doublé, passant de 22% à alors que cette augmentation était d'environ un tiers pour les enfants de cadres et de professions intermédiaires (de 62% à 82%). [...]
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