Cinéma prison
La prison est un outil idéal, très efficace et très puissant pour le cinéma, tant dans ses aspirations (dénoncer, dépeindre, symboliser au-delà de la prison) que dans sa forme. Elle lui offre de réelles possibilités d'exploration picturale et métaphorique, notamment en termes de rapports de force et de relations humaines.
[...] En cela, ils se construisent sur une hiérarchisation des personnages. Ce n'est pas un hasard si Audiard a appelé son film « Un prophète » : pour prendre le pouvoir, on a besoin d'une figure symbolique, messianique, capable de détruire l'ennemi. Chez Monzón, la hiérarchie dans la prison est aussi construite sur « une figure mythique, Malamadre, à qui il confère une dimension surhumaine, mais il fait succomber son pouvoir face à celui du plus faible, face au nouveau prophète qui a effectué une immersion sociale. [...]
[...] Mais quelle relation les détenus ont-ils au cinéma extérieur ? Globalement, elle est limitée même si des projets de diffusion de films dans les établissements pénitentiaires existent. On peut citer un exemple parmi d'autres : Henri Langlois a organisé des projections de court-métrages sur la prison, notamment à la maison d'Arrêt de Poitiers en janvier 2009. Les projections ont un effet réflexif sur les détenus. Langlois explique : « assis en rang, les spectateurs réagissent diversement : certains ne quittent pas l'écran des yeux, d'autres se balancent sur leur chaise, beaucoup chuchotent ou échangent des commentaires. [...]
[...] La prison : un lieu, un thème ciné-génique. La prison est un outil idéal, très efficace et très puissant pour le cinéma, tant dans ses aspirations (dénoncer, dépeindre, symboliser au-delà de la prison) que dans sa forme. Elle lui offre de réelles possibilités d'exploration picturale et métaphorique, notamment en termes de rapports de force et de relations humaines. Une sphère de pouvoirs: « le symbole et le révélateur du monde extérieur ». Analyse comparée de « Cellule 211 » et « Un prophète ». [...]
[...] Quelques documentaires sur la prison sont notables. « 9m² pour deux » est le résultat d'une expérience tout à fait particulière : dix hommes détenus y deviennent tour à tour interprètes et filmeurs de leur propre vie. Chacun d'entre eux s'exprime ainsi à travers des situations quotidiennes en une série de moments forts : amitié, indifférence, confrontation, solitude. Le documentaire en prison (« filmer en prison ») a été le thème des « états généraux du film documentaire » de Lussas en 2004, notamment avec « 9 m² pour deux » comme base de réflexion. [...]
[...] Les mondes clandestins jouent un rôle déterminant dans la politique ou l'économie, et opèrent dans l'ombre pour nous prouver que les différentes couches du réel sont nettement plus complexes que nous ne le supposions a priori. Dans toute réflexion sur les mondes clandestins, cet espace d'invisibilité par excellence qu'est la prison constitue une métaphore essentielle », poursuit Quitana. La prison est donc un moyen pour le cinéma de mettre en scène l'invisible, les évolutions souterraines de nos sociétés. Un certain cinéma sur la prison prend la prison à la fois comme une réalité sociale et comme la parabole d'un monde en basculement. [...]
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