« J'écris dans un pays et pour un pays où la cause de l'égalité est désormais gagnée sans retour possible vers l'aristocratie. »
Lorsque Tocqueville écrit en 1840 que la cause de l'égalité est gagnée, il faut comprendre par là que l'on n'en conteste plus la légitimité comme objectif à atteindre. Si Tocqueville peut considérer que la lutte est finie c'est cependant qu'il ne parle pas de l'égalité réelle mais de l'égalité comme visée et surtout qu'il évoque alors l'égalité en droits et non l'égalité en fait.
Pourquoi chercher à réduire les inégalités ?
En fait la question est double. Elle porte d'abord sur le fondement d'une justice sociale, c'est-à-dire sur la possibilité de concilier cette valeur avec d'autres qui ne sont pas moins importantes comme la défense des libertés individuelles ou celle de l'efficacité économique. Et ensuite sur la possibilité de donner un contenu précis et indiscutable à cet idéal de justice sociale.
Les inégalités sociales existent dans toutes les sociétés connues. Même dans les sociétés les plus égalitaires, l'âge et le sexe - critères qui en soi échappent aux possibilités d'influence individuelle - donnent lieu à des interprétations culturelles et à des attributions de rôles et de positions spécifiques.
Par inégalités sociales on entend l'accès différencié à des biens sociaux importants.
Il convient alors de s'interroger sur un système idéal ou souhaitable de distribution. Or si l'on veut définir la répartition idéale (ou simplement souhaitable), il faut préciser : ce qu'il s'agit de répartir, selon quelle règle de partage on veut le répartir et qui sont les bénéficiaires de la répartition. Faut-il favoriser l'égalité des chances ou l'égalité des réalisations ?
Dans quelle mesure peut-on penser la justice distributive ?
Nous confronterons dans un premier temps la question de la justice distributive aux valeurs de libertés individuelles et à l'efficacité économique puis nous nous intéressons au débat sur les objectifs que devrait poursuivre la redistribution sociale.
[...] Les apports récents de la théorie de l'équité ainsi que la théorie de l'égalité des chances offrent de nouvelles perspectives à l'élaboration de décisions politiques. (même si la notion de solidarité s'est substituée à celle de justice sociale). Un lien s'opère aujourd'hui entre les tenants de l'efficacité économique et les défenseurs d'une répartition égalitaire. (cf. dernier rapport de la Banque mondiale, instrumentalisation économique du concept d'équité). Bibliographie John Rawls, Théorie de la justice, Paris, Seuil [1971]. Amartya Sen, Repenser l'inégalité, Paris, Seuil, 2000[1992]. Robert Nozick, Anarchie, Etat, Utopie, Collection Quadrige, PUF [1974]. [...]
[...] Ainsi, Rawls soutient l'idée que la justice devrait plutôt chercher à fournir aux individus des biens particuliers qu'il appelle biens premiers Rawls propose donc comme alternative au critère d'agrégation utilitariste la solution qui consiste à maximiser la situation de l'individu le plus dépourvu en ces biens (le principe de différence) Repenser les inégalités La théorie de Rawls a alors donné naissance au débat, alimenté notamment par Sen, concernant la nature de l'attribut adéquat qu'une société juste devrait chercher à égaliser entre les individus Sen et l'égalité des capabilités de base Sen fut en effet à l'origine de la première tentative de dépassement des bases jetées par Rawls en matière d'égalitarisme. Amartya Sen pense la justice sociale avec et contre Rawls. Il reconnaît certes l'importance de la théorie de Rawls, notamment la dimension éthique qu'il a donnée à la justice sociale mais il insiste sur la diversité et l'hétérogénéité fondamentale. [...]
[...] L'objectif final est que toutes les personnes disposent des mêmes opportunités de bien-être au cours de leur vie. A partir des concepts de capabilities il critique la démarche rawlsienne en affirmant que la justice redistributive ne peut être définie en se référant uniquement à la répartition des biens premiers sociaux. La relation entre ceux-ci et le bien-être varie en effet selon les personnes, en raison des différences dans les possibilités que les individus ont de convertir leurs biens premiers sociaux en liberté de poursuivre leurs objectifs. [...]
[...] Pourquoi chercher à réduire les inégalités ? Introduction J'écris dans un pays et pour un pays où la cause de l'égalité est désormais gagnée sans retour possible vers l'aristocratie. Lorsque Tocqueville écrit en 1840 que la cause de l'égalité est gagnée, il faut comprendre par là que l'on n'en conteste plus la légitimité comme objectif à atteindre. Si Tocqueville peut considérer que la lutte est finie c'est cependant qu'il ne parle pas de l'égalité réelle mais de l'égalité comme visée et surtout qu'il évoque alors l'égalité en droits et non l'égalité en fait. [...]
[...] Ronald Dworkin, Sovereign Virtue : The Theory and practice of equality, Harvard University Press, Cambridge, 2000. [...]
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