La prévention, au-delà de ses préoccupations « humanistes », entre dans le champ d'action du pouvoir, pouvoir qui, au regard de données statistiques et épidémiologiques, se veut de plus en plus normalisateur. De quelles normes parle-t-on ? Des normes perçues comme vérités universelles, à la fois désirées (sous couvert d'une prétendue sécurité face à l'imprévu) et rejetées (nul ne souhaite être semblable en tout point à son prochain). C'est de ce paradoxe que naissant les lacunes de la prévention actuelle. C'est en cherchant à imposer de manière détournée des normes, en utilisant la science, le savoir, le pouvoir des experts, que la prévention croit légitimer les messages qu'elle fait passer. Mais n'est-ce pas au détriment de la liberté de ceux qui sont concernés ? Leur donner l'impression de faire des choix, est-ce ça la liberté ? Proposer une négociation avec le pouvoir (qui est supposé évoluer en parallèle avec la liberté) à l'opinion publique (et donc aux individus) semble bien loin des pratiques actuelles de prévention. De nouveaux comportements apparaissent alors : on prend désormais des risques en connaissance de cause. C'est une nouvelle forme de prévention qu'il faudrait développer, existant déjà dans les pratiques, mais parfaitement ignorée dans les discours, basée davantage sur l'individu et les raisons qui le poussent à adopter des comportements que tout bon préventeur cherche à modifier. Pour cela il serait nécessaire de développer de nouveaux outils pédagogiques permettant de développer une « éducation préventive », basée sur le sujet, sur les déterminants sociaux de la santé, sur les représentations de la population… et non pas sur des courbes statistiques, des économies de santé ou des données épidémiologiques.
[...] = NON / Pour quelles raisons n'a-t-elle pas été efficace ? Comment pourrait-on l'améliorer Recueillir les besoins effectifs des populations et des professionnels en matière de prévention : pour mettre ne place des pratiques qui articulent les logiques de chacun et dont l'efficacité serait améliorée Mesurer les écarts entre ce qui est désiré et ce qui est fait / ce qui est dit et ce qui est fait : pour modifier les comportements de manière éthique, à la lumière des discours, des pratiques et de la théorie Proposer des axes d'amélioration des pratiques : en se basant sur le recueil des besoins effectifs / en introduisant le sujet dans les pratiques Mettre en place une nouvelle campagne de prévention à destination de la population qui soit adaptée en termes de besoins, de moyens, de représentations, de valeurs et basée sur la notion d'EMPOWERMENT: éducation pour la santé, promotion de la santé / prévention / formation / accompagnement / guidance . [...]
[...] La prévention doit être considérée comme une amélioration de la qualité de vie des populations, comme une diminution des souffrances induites par un état dit anormal La notion de norme Dans de nombreux ouvrages de Michel Foucault, celui-ci fait référence à la norme ainsi qu'au champ sémantique q'y rattachant (normalité / normalisation / normation / normativité Il semble pourtant de donner une définition précise de la norme. La norme permet de mesurer un écart entre le normal et le pathologique (thèse reprise à Canguilhem). La société disciplinaire dans laquelle l'homme évolue impose aux individus une norme unique et exclut ceux qui ne s'y conforment pas (que ce soit par volonté ou non). [...]
[...] Il semblerait que la santé, et par conséquent la prise de risques, relèvent du domaine intime. Les pratiques de prévention seraient donc à l'origine d'inégalités sociales de santé puisqu'elles ne se concentrent pas assez sur les déterminants de la santé, mais plutôt sur une information : Comment rentrer dans la norme ? Pour les améliorer, ne vaudrait-il pas mieux se concentrer sur les raisons qui font que les individus ne sont pas réactifs à la prévention plutôt que sur ses effets, qui d'ailleurs sont difficiles à évaluer, faute de moyens adaptés ? [...]
[...] De plus, on cherchera à savoir de quelle manière les outils foucaldiens pourraient améliorer l'efficacité des pratiques de prévention ? Dans un premier lieu seront présentés le terrain ayant fait l'objet de cette étude, les missions qui m'ont été confiées dans cette structure ainsi que la méthodologie utilisée pour mener la recherche. Puis, à la lumière de concepts théoriques préalablement définis, il s'agira d'utiliser la boite à outils foucaldienne pour comprendre les vertus et les lacunes des pratiques préventives actuelles et de proposer des axes d'amélioration. [...]
[...] Une limite toutefois, cette nécessité ne se base désormais plus sur une réalité observable, mais sur un fantasme décrit par Michel Foucault comme une hypothèse répressive un sujet en perpétuel rapport avec la norme, qu'il ne cesse à la fois de tuer, pour mieux reconstruire (cf. .Freud, Complexe d'Œdipe, la place du père). En prévention, tout fonctionne un peu comme ça. Il y a le pouvoir (la société, le gouvernement, les institutions) tout en haut, qui contrôle, normalise, assujettit et le sujet qui reste illusoirement maître de ses choix dans une société normalisante. Pourtant, pouvoir et liberté vont de pair. Pouvoir et sujet, collectif et individuel deviennent alors liés par une intime connivence, alors qu'auparavant tout les séparait. [...]
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