Politiques sociales, Union Européenne, pauvreté, Bronislaw Geremek, histoire sociale
En cette année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, s'il est un penseur européen qui s'impose comme l'un des grands noms de la pensée sociale c'est bien Bronislaw Geremek (1932-2008), à la fois chantre infatigable de l'Europe et historien de la pauvreté. Né en 1932 en Pologne et de confession juive, Geremek fit la double expérience du nazisme et du communisme totalitaire. Parqué dans un ghetto à Varsovie, il échappe à la furie nazie grâce au secours de son beau-père chrétien. D'abord communiste engagé dans le Parti ouvrier unifié polonais (POUP) dès 1950, il devient rapidement une figure de l'opposition au régime communiste.
[...] Dans sa recommandation du 3 octobre 2008, la Commission préconise de prolonger et de renforcer la politique sociale dans le but d'éradiquer la pauvreté conformément aux objectifs définis par la stratégie de Lisbonne en 2000, renouvelés en 2005. Ainsi, la Commission développe tout un concept « d'inclusion active » pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Cela consiste en des aides financières conséquentes (revenus minimums, prestations sociales . etc.), à faciliter la (ré)intégration au marché du travail (développement de l'économie sociale, création de nouveaux emplois, accompagnement dans la recherche du travail . [...]
[...] On constate que la politique sociale de l'UE est totalement tributaire de cet héritage. Premièrement, les aides aux revenus sont en quelque sorte une transposition moderne de la charité chrétienne et deuxièmement la répression ne vit que dans l'ombre de l'assistance, l'année européenne 2010 est de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, pas du contrôle de l'immigration et du sanctionnement des chômeurs. La publicité va aux mesures d'assistance, pas parce qu'elles sont plus populaires mais bien parce qu'elles sont pensées comme prioritaires par rapport aux mesures répressives. [...]
[...] Peut-être que c'est impossible. Il faut considérer ce couple « potence-pitié » comme une interrogation qui devrait nous faire réfléchir, nous, les hommes du XXIe siècle. ». On peut espérer que l'année européenne 2010 de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale sera le moment d'une refondation de la perception de la pauvreté et des politiques visant à l'éradiquer. [...]
[...] Par exemple la montée du chômage s'accompagne d'une vision compassionnelle de la pauvreté que Geremek qualifie même de « condescendance » alors que sa diminution entraîne plutôt une stigmatisation et un rejet « des paresseux, des profiteurs » . etc. De la même façon, des différences structurelles existent d'un pays à l'autre: dans les pays du sud la pauvreté peut se concevoir comme héritée alors que dans les pays du nord elle n'est que le résultat d'un accident de la vie. Les politiques de lutte contre la pauvreté sont directement tributaires de cette perception mouvante. [...]
[...] Cette histoire invisible, lente, sans ruptures véritables, se prolonge encore dans la société actuelle. Or Geremek s'attache à démontrer que cette histoire souterraine a une influence véritable sur l'histoire factuelle positive au travers des politiques sociales menées depuis des siècles. L'analyse de cet ouvrage au vu des politiques sociales de l'Europe consistera finalement à mettre en évidence les liens entre cette perception historicisée de la pauvreté et les politiques sociales européennes. En analysant la perception de la pauvreté par les sociétés médiévale, moderne et contemporaine, Bronislaw Geremek met en lumière sa dualité. [...]
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